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Par-delà les marronniers, Revu(e) de Jean-Michel Ribes au Théâtre du Rond-Point

theatre rond point par dela marronniers 2

Par-delà les marronniers, Revu(e)
Texte et mise en scène de Jean-Michel Ribes
avec : Maxime d’Aboville, Michel Fau, Hervé Lassïnce, Sophie Lenoir, Alexie Ribes, Stéphane Roger, Aurore Ugolin
Du 15 mars au 24 avril 2016 au Théâtre du Rond-Point
www.theatredurondpoint.fr

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Jean-Michel Ribes rend dans ce spectacle surprenant un hommage à trois étoiles filantes de la poésie et de l’art. Bizarrement sortis indemnes du premier conflit meurtrier (1914-1918), leur démarche hautement suicidaire les poussera rapidement à mettre un terme à leur existence par différents moyens.

L’un d’eux, Jacques Vaché, né à Nantes en 1895, trouve une porte de sortie le 6 janvier 1919 en faisant appel à une overdose d’opium. Arthur Cravan imagine un scénario plus compliqué pour s’évincer hors de ce monde : à l’issue d’une conférence donnée sur son exécration de l’art, on le retrouve ivre mort et nu comme un ver sur scène en 1918. Quant au troisième homme de cette équipe étrange et désespérée, Jacques Rigaut, Drieu La Rochelle se sert de lui comme modèle dans son plus célèbre roman « Le feu follet ». Jacques Rigaut choisit lui, de se tirer tout simplement une balle en plein cœur le 6 novembre 1929 (il n’avait que trente et un ans).
Le spectacle de Jean-Michel Ribes raconte l’errance à la foi morbide et lucide de trois personnalités profondément originales, qui se sentent confusément rejetées dans ce début de siècle meurtrier. Qui dit errance dit aussi dérive dans un univers morne quelquefois parcouru d’étranges soubresauts. André Breton, pape du surréalisme, a tôt fait de reconnaître en Jacques Rigaut un de ses comparses, peut-être effrayé par l’attitude désinvolte et moqueuse de celui-ci à l’égard de la mort. Nos trois héros dérisoires et révoltés, promènent sur scène durant une heure et demie des attitudes faussement futiles, qui sont le camouflage idéal de ceux pour qui le monde n’est qu’un objet de dégoût permanent. Au terme de cette promenade funèbre accomplie dans un monde glauque et désenchanté, il ne restera plus à nos trois héros qu’à disparaître, laissant loin derrière eux un univers livré à l’absurde et au désastre.

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Pour donner à ces trois météores traçant dans le néant un parcours sans but, Jean-Michel Ribes a fait appel à trois comédiens remarquables, qui visiblement savent ne faire qu’un avec leur personnage. C’est le cas de Maxime d’Aboville, campant avec exactitude Jacques Vaché. Hervé Lassïnce réussit le même exploit avec Jacques Rigaut qu’il incarne avec la même prestance. Une mention spéciale pour le personnage d’Arthur Cravan campé ici par un comédien hors norme : Michel Fau. Ce dernier, qui vient d’aborder le domaine lyrique en mettant en scène Dardanus, opéra de Jean-Philippe Rameau dirigé par une étoile montante de la musique baroque Raphaël Pychon, donne au personnage d’Arthur Cravan son aspect excessif, délirant et provocateur.
En définitive, Jean-Michel Ribes réussit son pari : rendre à ces trois personnalités, maudites, méprisées, sortes de saltimbanques du désespoir, l’hommage qu’ils méritaient. L’aspect de dandys entièrement vêtus de blanc, donné à ces silhouettes presque blafardes, moqueuses, ironiques et glacées, achève d’offrir à cette revu(e) un surcroît d’irréel. Signalons aussi l’apport décisif du décor qui fait lui aussi partie de la réussite de ce spectacle ambitieux, mené avec beaucoup de rigueur et d’inventivité par Jean-Michel Ribes.
Michel Jakubowicz

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