Les Sonates pour violon et basse continue de Corelli, écrites en 1700, ont fait l'objet de moult transcriptions pour d'autres instruments. Celle destinée à la viole de gambe, dont le manuscrit est conservé à Paris, figure parmi les plus intéressantes. Le jeune talentueux violiste Teodoro Baù, vainqueur du Concours MA Competition 2021 de Bruges, en offre une sélection, accompagné par l'excellent claveciniste Andrea Buccarella. Une belle expérience sonore.
On doit à Sir Simon Rattle d'avoir concocté ce programme aux allures jazzy qui associe l'Ebony concerto de Stravinsky, Prelude, Fugue & Riffs de Bernstein et Nazareno de Golijov. Trois partitions aux rythmes endiablés, aux relents jazzy plus que prononcés, aux tunes souvent envoûtants. Le LSO répond avec brio comme son clarinettiste principal Chris Richards, et bien sûr le duo des Sœurs Labèque, à l'origine de l'arrangement de l’œuvre de Golijov. Un disque attractif.
Matthew Halls, à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris, interprète trois chefs-d’œuvre ultimes de Mozart, avec comme solistes Raphaël Sévère à la clarinette et Marie-Ange Nguci au piano.
À partir d'une lettre où Schubert s'exprime sur un rêve, Raphaël Pichon et Stéphane Degout ont imaginé une fresque où sont convoqués airs, chœurs et musiques symphoniques du maître comme de Weber et de Schumann. Un album à thème donc, comme déjà expérimenté par ces artistes dans leur CD ''Enfers''. Et une immersion dans un univers onirique, de l'ombre vers la lumière, entre chefs-d’œuvre reconnus et trésors négligés.
C'est une redécouverte de taille que cette Psyche de l'anglais Matthew Locke, dramatick opera créé en 1775 au Dorset Garden de Londres. Qui trouve son origine dans Les Métamorphoses d'Apulée. Mais aussi sur les rives de la Seine, dans une tragédie-ballet, Psyché, commandée par Louis XIV à l'équipe Molière-Corneille-Quinault, et qui voit le jour en 1771. Le retentissant succès traversera vite le Channel pour donner l'idée au roi d'Angleterre Charles II de demander à ses musiciens de cour de lui écrire ''le premier opéra anglais''. Le librettiste Thomas Shadwell s'inspire directement de la trame de ses trois collègues français. La musique écrite à deux mains par Locke et Draghi, sera ensuite perdue, dont celle de l'italien. On doit à Sébastien Daucé de l’avoir reconstruite, de main de maître. L'exécution qu'il en donne avec son Ensemble Correspondances et un panel de chanteurs rompus au style baroque est pur bonheur.
Dans l’œuvre de piano du catalan Federico Mompou, les quatre recueils de Música Callada tiennent un rang essentiel. « Une musique non figurative, intérieure », souligne Thérèse Malengreau, conçue par un compositeur occupant lui-même une place particulière au sein du piano du XXème siècle. La pianiste belge en livre une interprétation de haute tenue, rendant justice à ce pan de la musique espagnole contemporaine, qui mérite à être connue.
Cet album, comme le précédent ''Horizon'', publié en 2018, poursuit l'exploration de l'intégralité de la musique de chambre que Fauré a conçue pour piano et cordes. Il s'attache, cette fois, aux deux Quatuors pour piano, aux Quintettes pour piano et au Quatuor à cordes. L'approche des présents interprètes, réunissant la fine fleur des musiciens français, se veut intimiste et retenue. Pour illustrer celui que le jazzman Brad Mehldau, dans son essai introductif, qualifie de « géant paisible », dont « la palette harmonique ne ressemble à aucune autre : enchanteresse et parfois inexplicable, voire déconcertante ».
Antonio Pappano, son orchestre dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia et cinq solistes de talent proposent une œuvre de Rossini bien peu jouée, la Messa di Gloria. À ne pas confondre avec la Petite Messe solennelle, bien plus tardive. Voilà de la musique sacrée gorgée de lyrisme et d'harmonies surprenantes. Et une heure de pur plaisir, comme l'auteur de Il Barbiere di Siviglia sait en distiller, pourvue d'une interprétation qui touche la perfection.