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Tidal soupçonné de truquer, d'être au bord du gouffre alors que Spotify entre en Bourse et YouTube Music se prépare

Tidal gate

Tout pourrait paraître rose au pays des plateformes de streaming depuis qu'elles font à nouveau briller le soleil de la croissance sur le marché de la musique, qui était en dégringolade depuis plus dix ans. Pour certains, tout semble aller pour le mieux, tel Spotify, qui réussit son entrée en Bourse. En revanche, pour d'autres, c'est beaucoup plus dur. Tidal notamment, est accusé depuis plusieurs semaines de truquer ses chiffres en faveur de ses copains (Kayne West ou Beyoncé) et d'accumuler d'inquiétants retards de paiements. Dans le même temps, les petits artistes crient misère et Google prépare une nouvelle attaque, avec YouTube Music, histoire de croquer enfin un peu mieux de ce marché juteux.

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Les services de streaming en ligne : les nouveaux moteurs, désormais incontestés, de la croissance du marché de la musique

Depuis son apparition, le streaming musical a largement contribué à redresser le marché de la musique. En France, selon les chiffres du SNEF (Syndicat National de l’Édition Phonographique), le marché global de la musique a cessé de reculer depuis 2015. Il a rapporté 583 millions d’euros en 2017 (en hausse de 3,9% par rapport à l’année précédente), englobant musique physique et numérique, avec 243 millions d’euros générés par le streaming, soit une hausse de 23% (vs 2016) sur segment.

Mais toutes les plateformes ne sont pas logées à la même enseigne : si certaines recrutent des abonnés par dizaines de millions, comme Spotify, d’autres, ayant fait le choix d'une approche plus qualitative avec des orientations éditoriales plus sélectives, sont restées plus confidentielles, comme Qobuz qui dispose d'un nombre d'abonnés plus restreint (entre 50 000 et 100 000 selon nos estimations). Enfin, d’autres n’ont pas connu le succès escompté, comme Tidal. Ce dernier traverse une phase très houleuse, remettant sur le devant de la scène certaines questions, comme la rémunération des artistes.

Spotify réussit son entrée en Bourse et Qobuz se félicite

Le grand leader Spotify, lancé en 2006, est arrivé en France depuis 2010. Il a fait le choix de mêler offre gratuite avec publicité et abonnement payant. Bien qu’il soit toujours déficitaire, il a fait une entrée en Bourse remarquée début avril, terminant sa première journée à la Bourse de New York avec une valorisation de 26,5 milliards de dollars.

Quant au français Qobuz, il a été lancé en 2008. Il mise sur une qualité CD (16 bits/44,1 kHz) et du streaming Hi-Res 24 bits, avec des choix éditoriaux plutôt destinés aux audiophiles et amateurs de musique classique. Son président, Denis Thébaud, s'est réjoui de l’entrée en Bourse du géant Spotify, y voyant un signe de bonne santé des plateformes de streaming. Si Qobuz n’en est pas encore au stade d’entrer en Bourse, cette possibilité n’est pas exclue. Qobuz a entamé sa troisième levée de fonds, actuellement en cours, "avant d’envisager par la suite une entrée en Bourse dans les 18 à 24 mois" selon son président.

Tidal accusé de falsifier ses chiffres et soupçonné d'être au bord de la rupture de paiement

Pour Tidal, le site de streaming du producteur et rappeur Jay-Z (qu'il a repris à Aspiro en 2015), la situation est moins glorieuse. Le site traverse une nouvelle phase de tourmente depuis le début du mois, accusé d’avoir gonflé les chiffres d’écoute des albums Lemonade de Beyoncé et Life of pablo de Kanye West. Conséquences : ces derniers auraient touché des droits d’auteur bien plus importants que prévu. Si l’on en croit les calculs publiés par CBS News, en effet, les chiffres annoncés par Tidal sont tout bonnement impossibles : Tidal annonçait par exemple 306 millions d’actes de streaming sur l’album de Beyoncé en 15 jours. Avec ses 3 millions d’abonnés (et ils seraient peut-être beaucoup moins nombreux en réalité), cela signifierait selon CBS News que les abonnés de Tidal auraient écouté l’album en question plus de sept fois par jour chacun…

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L'affaire est d'autant plus troublante que Beyoncé est la femme de Jay Z et Kayne West un de ses amis proches, comme le soulignent nos confrères des Echos.

D'autres sources comme Numerama indiquent que Tidal aurait beaucoup de retard de paiement auprès de certaines maisons de disques et que le service aurait brûlé toutes ses réserves.

Tidal aurait démenti ; qualifiant tous ces éléments de "campagne de diffamation".

Ça n’est pas la première fois que Tidal traverse une tempête concernant les droits d’auteur ; le site avait déjà été attaqué en justice par des artistes qui l’accusaient de ne pas leur avoir versé leurs royalties. Cela fait un peu tache pour une plateforme qui se vantait justement de mieux payer les ayants droit. D’ailleurs, Jay-Z a lui-même attaqué en justice les anciens propriétaires de Tidal en 2016, s’estimant en quelque sorte trompé sur la marchandise. En bref, Tidal a plus souvent fait la Une des journaux pour ses scandales que cité comme un exemple de réussite…

Pendant ce temps, les petits artistes crient misère...

La tempête médiatique traversée par Tidal remet sur le tapis la question de la rémunération des artistes par les plateformes de streaming musical. Il s’avère que même en étant présents sur diverses plateformes, il est très compliqué pour la plupart d'entre eux de gagner des revenus décents grâce au streaming. Comme le montrait notre collègue Alban Amouroux sur Multiroom.fr en 2017, le nombre d’écoutes nécessaire pour qu’un artiste espère toucher l’équivalent du salaire minimum américain est tel (à titre d’exemple, plus de 336 000 écoutes sur Spotify, 117 000 sur Tidal) que seuls les grands noms de la musique peuvent espérer tirer du streaming une rémunération décente. Pour les petits artistes indépendants, la pirouette est d’autant plus complexe que les algorithmes des plateformes mettent en avant les artistes les plus écoutés, donc les plus "gros".

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Notre collègue Alban Amouroux sur Multiroom notait cependant que si la rémunération des artistes est faible, les plateformes ne s’en mettent pas plein les poches au passage – pour preuve leurs chiffres d’affaires déficitaires (par exemple, Spotify annonçait 378 millions d'euros de pertes d'exploitation en 2017), malgré la tendance croissante des utilisateurs à se tourner vers l’abonnement payant. Spotify compte actuellement 75 millions d’abonnés payants dans le monde (+45% en un an), sans pour autant parvenir à être bénéficiaire.

...Et Google s'apprête à lancer YouTube Music

Apple a réussi à se raccrocher au train en marche des plateformes de streaming musical et même à s'y placer en tête juste derrière Spotify avec son service Apple Music lancé en 2015. Ce n'est pas le cas de Google, dont le service Google Play Music peine à décoller et qui est très peu utilisé en France. Pour se rattraper, il change son fusil d'épaule et s'appuiera maintenant sur sa marque YouTube, très populaire, notamment auprès des plus jeunes, pour écouter gratuitement de la musique à partir des clips vidéo. Le service YouTube Music sera lancé dans quelques jours, le 22 mai, aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Mexique et en Corée du Sud. Il devrait arriver quelques semaines plus tard en Europe. Il bénéficiera de la force de plus d'un milliard d'utilisateurs mensuels de YouTube et proposera une version payante à 10 $US, ainsi qu'une version gratuite financée par la publicité.



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