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  • Michel Bedin
  • Musique

Festival d’Ambronay [part. 2] - Il Diluvio Universale de Michelangelo Falvatti

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  • par la Cappella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur
  • dirigés par Leonardo Garcia Alarcon
  • le 11 septembre 2010
  • www.ambronay.org

La journée du 11 septembre avait commencé très fort à la tour Dauphine d’Ambronay (Ain) avec une carte blanche donnée au jeune ensemble Chiome d’Oro, huit instrumentistes (violons, cornets à bouquins, flûtes, traverso, théorbe, guitare et violoncelle baroque) dirigés par l’organiste et claveciniste Pierre-Louis Rétat et à une chanteuse, Capucine Keller, fort expressive. Le concert, l’après-midi, sous le titre Théâtre du monde : Le Clair-Obscur, donnait à entendre des compositeurs italiens de la lignée de Claudio Monteverdi qui ouvrait et fermait le programme (d’India, Uccellini, Turini, Cavalli, Kapsberger). Des airs à la dramaturgie intense qui ont permis de découvrir de petits trésors comme, par exemple, les lamentations de Procris, de Francesco Cavalli, tirées des Amours d’Apollon et de Daphné. Les gourmets de la musique baroque se sont régalés.

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Le soir, dans l’Abbatiale, place à une grande nouveauté : Il Diluvio Universale (Le Déluge Universel), de Michelangelo Falvetti, un compositeur calabrais qui avait été maître de chapelle en Sicile, à Palerme, puis à Messine et avait écrit, en 1682, cet oratorio très original. L’après-midi, Leonardo Garcia Alarcon avait expliqué, lors d’une discussion avec les festivaliers, comment cette partition avait été retrouvée (le découvreur de cette rareté était présent), comment elle lui avait été confiée, tout le travail de recherche qui avait été effectué, et toutes les nouveautés musicales qu’elle comportait. Comme la veille avec le Cantar Lontano (cf article sur Monteverdi), les musiciens et les chanteurs de la Cappella Mediterranea et du Chœur de chambre de Namur évoluent, selon les airs, et se disposent à des endroits différents de l’Abbatiale, pour créer une sorte de stéréo avant la lettre. L’argument du Déluge Universel est tiré de la Bible, mais est traité de façon curieuse. Les Quatre Eléments, partie civile, préconisent auprès de Dieu la disparition de L’Homme. Paradoxalement, c’est la Mort qui va, se retrouvant en quelque sorte au chômage, plaider en sa faveur. Noé et sa femme, très pieux et obéissants, très épris l’un de l’autre, images-modèles de l’humanité, seront sauvés avec leur famille en construisant une arche pour échapper au Déluge. On connaît la suite. Cela donne une musique extrêmement expressive, aux influences très diverses, avec quantité de sentiments traités, comme la colère, la terreur, l’amour ou la foi. Des influences venant notamment des musiques populaires d’Italie du sud et de Sicile, pays très perméable où la musique sent aussi bien l’Orient que l’Occident, d’où la présence, parmi les musiciens, du grand percussionniste iranien Keyvan Chemirani. La Mort, masque blanc joué en costume noir, armé d’une faux, par le contre-ténor Fabian Schofrin, était saisissante de réalisme, notamment dans sa tarentelle finale et jubilatoire, la soprano Mariana Flores, fabuleuse Rad, convaincante aussi bien en épouse amoureuse de Noé qu’en mère éplorée, la basse Matteo Bellotto impressionnant en Dieu vindicatif, tout comme la mezzo-soprano Evelyn Ramirez Munoz en Justice Divine. Quant à Noé, interprété par le ténor Fernando Guimaraes, sobre, digne et brillant, il habillait à merveille son héros. Tous les chanteurs, tous les musiciens étaient parfaits sous la direction énergique et très dynamique de Leonardo Garcia Alarcon et quand la dernière note s’arrêta de sonner, il y avait des larmes au bord des yeux de certains, musiciens et spectateurs. Ce fut un triomphe comme on en a vu rarement et il n’était pas volé. Une question reste posée : combien de trésors similaires existe-t-il encore au fond des bibliothèques ?

texte d'Yvette Canal



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