Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Michel Bedin
  • Musique

Festival d’accordéon de Tulle - Les Nuits de Nacre - du 16 au 19 septembre 2010

affiche-nuits-de-nacreLe festival de Tulle (Corrèze), les Nuits de Nacre, y allait, cette année de sa 23ème édition. Quatre jours d’accordéon, sous toutes ses formes. Bien sûr, ceux qui savent tout avant les autres pinceront la bouche en cul de poule pour dire « Bof, l’accordéon, c’est ringard ». Il y a toujours des pisse-vinaigre. Ce qu’ils ignorent avant les autres, c’est que ces quatre jours-là valent largement d’autres festivals prout-prout dont je connais les noms et où l’on s’ennuie à cent sous de l’heure. Cette année, il était placé sous le signe de Musette métisse et allait du bal populaire à Johnny Clegg et Richard Galliano pour une fiesta incroyable. Il y en avait pour tous les goûts.

Le problème avec le festival de Tulle, c’est qu’il est impossible de voir et d’entendre tout, alors qu’on le souhaiterait tellement. Pensez donc : plus de cinquante concerts gratuits, huit payants, en quatre jours, à moins de disposer du don d’ubiquité, c’est la bouteille à l’encre. Comment choisir ? Alors, on marche, on s’arrête, on continue, on passe parce que ce n’est pas votre tasse de thé, puis on va voir par curiosité et là, on reste, et ainsi de suite.

LA SUITE APRÈS LA PUB

On retiendra de la première journée (j’ai loupé Didier Ithursarry mais il ne perd rien pour attendre) l’accordéoniste Domi Emorine, fil rouge 2010, avec La Milca après l’apéro géant traditionnel. Une artiste qui entre en synthèse avec un groupe de rock guinguette auvergnat comme La Milca aussi bien qu’elle le fera, le lendemain, face à un accordéoniste russe comme Roman Jbanov dans Paris-Moscou où elle passera aussi bien du classique au musette français ou à la tradition russe.

Les-Denicheurs_3301

Les-Denicheurs_3305

Nous retiendrons aussi le trio des Dénicheurs (g, acc, voc) qui reprend à son compte et avec beaucoup de talent la tradition un peu perdue aujourd’hui de la chanson poilante, déconnante,  vaguement misogyne, franchouillarde, mais au troisième degré pour le moins. Un chanteur très talentueux maniant la gouaille parigote avec un accent canaille excessif pour en faire ressortir tout le côté "historique" pour touristes. Prenez mes mandarines, M. Bébert, Le chien de chasse de Sacha, Tel qu’il est, Attends-moi sous l’obélisque ou le Dénicheur, bien sûr, reprennent des couleurs et le public se marre.

Autre découverte, ce soir-là, en mangeant au restaurant Le Jardin, Les Filles du bord de scène, deux Isabelle chanteuses, Berteloot l’accordéoniste et Paquot la percu, qui, des chants de la Commune (L’attendrai-je encore longtemps, plus que jamais d’actualité, le Temps des Cerises) à Boris Vian (Les Joyeux bouchers, Fais-moi mal, Johnny) en passant par les Ratés de la bagatelle de la chère Patachou, nous brossent un tableau féministe et engagé très chouette.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Pierre-Mussi_4554

Découverte encore, le quartet de swing musette de Pierre Mussi. Du swing manouche d’Auvergne, avec notamment, un guitariste d’exception, Cyrille Daras, qui, à lui seul, vaut le déplacement. Un toucher rare de guitare. On n’a pas fini d’entendre parler de lui. Et puis, tard dans la soirée, le quartet nortchiau Manaswing, du swing manouche encore et toujours, mais on ne s’en lasse pas, surtout quand l’accordéon est tenu par Sonia Rekis. Nous les avions vus et entendus  l’an dernier et déjà, ils nous avaient plu. Bis repetita placent, sometimes.

Richard-Galliano_3324

Richard-Galliano_3360

Et puis, surtout, il y eut Richard Galliano, avec Jean-Marie Ecay (g) et Jean-Philippe Viret à la basse. Autrement dit, trois pointures. Je ne sais combien de personnes contient l’immense chapiteau, mais il était archi-bondé. Ça commence avec Tango pour Claude, puis Fou rire, et c’est parti pour plus de deux heures de musique merveilleuse et touchante qui est déjà dans nos mémoires et que l’oreille vient réanimer. Musique qui est entrée dans nos têtes, parce que c’était celle d’une émission de cuisine de Petitrenaud ou de la série policière PJ, parce que c’est de la belle musique au romantisme patent ou parce que ça sonne exotique et très français comme de l’Hermeto Pascual. Du Bach à la main gauche, une valse à Margaux, et les deux heures se sont passées comme une seconde magique. La foule est en délire, Galliano sourit. C’est le triomphe habituel.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Richard-Galliano_3335

Le lendemain, la journée commence en petit comité avec une visite privée au futur Musée de l’Accordéon. Nous ne sommes qu’une poignée d’élus, France Bleu, M. Piermaria fabricant des accordéons Piermaria qui ont tant fait concurrence à la maison locale Maugein, et à qui la directrice, Laurence Lamy, dévoile les dernières acquisitions, des accordéons de dame romantiques des années 1830, de pures merveilles. M. Piermaria est venu faire cadeau d’un de ses accordéons et de différents souvenirs au Musée de l’Accordéon. Probable que, lorsque ce Musée ouvrira, ce sera sans doute le plus beau musée de l’accordéon qui existera dans le monde. Impressionnant. Incroyable. Et la science de Laurence Lamy fait le reste.

A 15 h c’est reparti, avec l’orchestre Mathieu Martinie, un bal populaire reconstitué sur parquet-salon comme dans les années soixante, puis à 17h30, avec un homme-orchestre, BATpointG, qui nous le joue hip hop avec une boîte à batterie. Un coup d’œil au théâtre (entre parenthèses, une merveille architecturale art nouveau) et nous admirons l’humour pince-sans-rire et le talent des deux artistes émérites, Domi Emorine et Roman Jbanov, accordéonistes brillants qui nous emmènent de Paris à Moscou. Puis l’orchestre Rémi Sallard, encore un voisin auvergnat, et tout le monde danse sous la boule de cristal qui "balance aux quatre coins du bal tout un manège d’étoiles filantes". Direction le grand chapiteau où se produit Johnny Clegg. Un grand artiste incontestablement, avec un spectacle haut en couleurs et en rythmes. La salle est archipleine, comme la veille, mais la sono, réglée sans doute par des malentendants, est difficilement supportable. Entre les watts et la ouate, il n’y a pas photo.

Caroline-Loeb_4306

Nous émigrons donc vers le théâtre où nous assistons au spectacle donné par Caroline Loeb, Mistinguett, Madonna et moi. Un spectacle de grande classe ! Caroline Loeb, un sacré numéro. D’Yvette Guilbert à Mae West en passant par Arletty, par Joséphine Baker, par Marlene Dietrich et par Marilyn Monroe, elle mime, singe, évoque, peint, mais sans en cacher leurs ombres, les grandes bêtes de scène d’hier et d’aujourd’hui en réglant son compte en passant à son tube qui a dû lui coller à la peau plus qu’elle ne le voulait. Un spectacle pas dans la ouate. Et nous terminons la soirée avec le trio Gufo, des chansons à textes bien vues et qui tapent là où il faut. Puis, re-Manaswing, re-Dénicheurs, re-Pierre Mussi.

Samedi, promenade sur le marché où Maurice la Gouaille, à l’orgue de barbarie, accompagne la chanteuse Lila Sol et son public à qui ont été distribués les textes. Mon amant de St Jean a toujours du succès.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Le-Bal-de-Christian-Peschel_4722

Nous nous attardons un peu au parquet-salon l’après-midi, où les danseurs s’en donnent à cœur joie au bal musette de Christian Peschel. C’est bon enfant, très guinguette, et voir une grand-mère danser avec sa petite fille de huit ans et lui enseigner la java est un spectacle très réconfortant. Il y a des amoureux, des dragueurs, des rires complices, les gars ont des mains au bout des manches et les filles y trouvent leur compte. Comme disait Léo Ferré, « on va au bal pour tu sais quoi ». Puis, direction le Magic Mirrors où, par chance, nous trouvons encore une table de libre. Le quartet Azzango nous offre une très belle musique où Piazzolla voisine avec le jazz. Un crochet pour les Filles du bord de scène, de nouveau, et un autre pour les Dénicheurs. Puis le concert, au chapiteau, donnée par Juliette Gréco, avec, à l’accordéon, Jean-Louis Matinier. C’est plein, encore une fois. Juliette apparaît et la magie des mots fait son office. La voix, certes, n’est plus ce qu’elle était. «Juju» est devenue davantage une diseuse qu’une chanteuse mais ses chansons sont toujours aussi bien choisies. Un magnifique Anti-Ecclésiaste pour rappeler sa rage de vivre, «Rien n’est vanité». Nous quittons avant la fin pourtant. «La nostalgie, ça intoxique . BATpointG est à l’Abbaye, Pierre Mussi aux 6 Nations et le trio Gufo au Molière. Trois occasions pour la chasser, cette nostalgie, et comme les Clébards, un quartet sympathique et pas vraiment aristocratique, sont au Globe, ils nous finiront la soirée. Dans les rues, ça déambule comme rue de la Huchette à dix heures du soir.

Le-Bal-Mimile-et-les-Ramulots_5269

Nous quitterons Tulle le dimanche, après avoir visité le marché des producteurs de pays et lestés de jambon, de champignons, de charcutaille, et de miel des Monédières, après avoir salué Mimile et ses Ramulots, dont le fil rouge de l’an dernier, Jean-Claude Laudat (acc) et Jean-Yves Dubanton (g), en nous promettant de revenir dès que possible. Le festival de Tulle des Nuits de Nacre est vraiment quelque chose à ne pas louper. Retenez les dates pour l’an prochain.

photos de Bill Akwa Betoté (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

Plus d'infis sur le festival : www.accordeon.org/les-nuits-de-nacre

Les-Garcons-Trottoirs_3542

Yoanna_4906

Yoanna_4924



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ