CD : Beethoven - Intégrale des sonates pour violon et piano par Renaud Capuçon et Frank Braley
Virgin Classics (EMI)- CD 1 : 1h 11’ 44’’ CD 2 : 1h 17’ 45’’ CDd 3 : 1h 13’ 47’’
- Notre avis :
(5/5)
Si Haydn et surtout Mozart portent la sonate pour violon et piano au plus haut au XVIIIe siècle, il revenait logiquement à Beethoven de pousser cette forme dans ses dernières limites, ce qu’il accomplira dans sa Neuvième Sonate « à Kreutzer» grâce à ses dimensions inusitées et à la hardiesse de son écriture.
Si dans ses premières sonates, Beethoven est encore sous l’influence de Joseph Haydn, il s’affranchit assez rapidement de cette tutelle à partir notamment de la Sonate n° 5 dite « Le Printemps» qui fait déjà appel à un Scherzo. La Sixième Sonate reprend à son tour un procédé déjà mis en pratique dans sa premières sonate op. 12 n° 1 : la Variation !
La Sonate n° 7 affiche elle aussi un Scherzo dynamique alors que la Sonate n° 8 beaucoup plus brève se limite à trois mouvements ! Composée pour le violoniste anglais George Polgreen Bridgetower en 1803, la Sonate n° 9 «à Kreutzer» sera jouée devant un public incapable d’apprécier la grandeur d’une œuvre résolument tournée vers l’avenir, affirmant avec une certaine violence, toute sa complexité et toute son originalité novatrice.
Quant à l’ultime Dixième Sonate qui date de 1812 et donc contemporaine de la Septième Symphonie, elle affiche une belle sérénité et sera exécutée pour le première fois en 1813. Renaud Capuçon et Frank Braley qui interprètent cet ensemble impressionnant étonnent par leur liberté de ton, par leur fraîcheur, leur simplicité, le tout allié à une extrême précision qui n’empêche nullement la poésie des œuvres de s’épanouir librement sans aucun artifice et sans jamais forcer le trait.
Ajoutons que l’acoustique exceptionnelle de la salle de concert L’Heure bleue à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, où ont été enregistrées ces Dix Sonates, apporte un supplément d’âme indéniable à cette magnifique intégrale !
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texte de Michel Jakubowicz