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Festival de "Django" à Liberchies (Belgique)

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Les 21 et 22 mai 2011

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Un temps aussi chaud au mois de mai, dans le Hainaut, on en voit peut-être deux fois par siècle, et encore ! Le souvenir cuisant de celui de l’édition du centenaire de Django, l’an dernier, avec drache continue et même averse de grêle, était encore dans les esprits et les rayons bienfaisants du soleil pour cette neuvième édition de Django à Liberchies n’en étaient que plus réjouissants. Outre le soleil, l’accueil chaleureux de tous, organisateurs et amis (François, Thérèse, Jean et Josette) était incomparable, généreux et sincère.

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On trouva vite ses marques : un tour par le musée Django Reinhardt, où la donation Marc Danval donne à voir des trésors, revues, photos et disques d’époque pour retracer la vie du plus illustre des habitants de Liberchies, le maître de la guitare, Django. Un musée qui ferait presque oublier son voisin, le musée gallo-romain, superbe, lui aussi, mais dans un autre domaine. Avec une tarte al djote à midi (délicieuse tarte au fromage et aux bettes) et une bière de St Feuillien, nous sommes calés pour écouter le groupe qui débute ce festival : les Voleurs de poules, un quintet de Charleroi, qui vaut le déplacement. De l’excellent swing manouche, comme on l’aime, car ce qui compte, c’est le talent, et ceux-là en ont. On reparlera d’eux, c’est sûr. Retenez les noms : Cogitan, Joe Laroulotte, Paluche Reinhardt (encore un) pour les guitares, Luc L’Archet au violon et Romano Coq au sax. Le quartet qui suit, La Roulotte, deux guitares, une contrebasse et un accordéon procède de la même esthétique, mais est beaucoup plus décalée. Le groupe vient de Nancy, avec un guitariste-compositeur, Benoît Masson, dont l’inspiration n’est pas que manouche : un avantage, certes, le public aime les répertoires variés, mais aussi un inconvénient, on se disperse un peu. Même remarque pour le troisième groupe de la soirée qui est le Mystère Trio, deux guitares, une batterie (ou des percussions). C’est du swing manouche, mais à la sauce africaine, andalouse ou d’ailleurs encore. Cela dit, c’est très plaisant et le public est ravi. Et le retour au classicisme le plus parfait n’en est que plus apprécié. Et en fait de classique, nous avons droit au guitariste classique de swing manouche qu’est Angelo Debarre : classique, mais éminemment personnel en même temps. Le toucher de guitare d’Angelo est un modèle de précision, d’inventivité, de culture jazz, de virtuosité et d’élégance. Entouré d’une rythmique comme chaque guitariste rêve d’en avoir une semblable, Tchavolo Hassan à la guitare rythmique et Antonio Licusati à la contrebasse, deux piliers parfaits de swing d’une puissance et d’une légèreté sans égale, Angelo Debarre, sur cette assise de rocher, bâtit sur sa guitare acoustique ses constructions pyrotechniques, éclatantes de lumière, d’ingéniosité, époustouflantes. C’est un feu d’artifice intelligent et ébouriffant. Rappel et re-rappel, sur des Yeux Noirs de rêve. On repart avec des étoiles plein la cervelle.

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Chez les luthiers venus présenter leurs instruments, les clients futurs font le bœuf sous prétexte d’essayer guitares et violons, engloutissant force bières et riant aux éclats.

Le lendemain, toujours la même ambiance, bien que le temps se soit un peu refroidi et couvert. L’après-midi débute avec Swing à Jo, deux guitaristes et un contrebassiste. Répertoire reinhardtien, virtuosité typique du genre, et enthousiasme mêlé de mélancolie. Ça commence bien. Le festival ne sera pas trahi par ceux-là. Ils sont suivis par les Turdus Philomélos, un quintet déclaveté, sax, accordéon, violon, contrebasse, batterie, une formation comme on en entend dans les films de Kusturica et qui marche à l’énergie. C’est plein pot qu’ils déboulent et qu’ils tiendront la scène. Ils la cèderont au trio de Wawau Adler qui comprend, outre le leader virtuose à la guitare, un formidable bassiste, Joël Locher, et le guitariste Holzmanno Winterstein (un de plus) pour la pompe.liberchies-12 Ils donnent un concert classique, jazz et élégant, de très grande classe, et fort diversifié, bien que recourant systématiquement à l’esprit Django, ce qui convient à merveille à ce festival voué au grand ancêtre. La fin du festival sera couronné par le concert des Pommes de ma Douche, le quintet bien connu des festivaliers, venu avec un nouveau disque dans ses bagages, consacré à la musique de Georges Brassens (cf chronique dans ces mêmes colonnes). C’est du lourd ! L’alliance Brassens-Django fonctionne superbement. On voit certains spectateurs qui, machinalement, prononcent les paroles, tout en balançant la jambe. Les airs joués sont connus du public, tout comme les airs de Django qui s’y mêlent (Les sabots d’Hélène, les Amoureux des bancs publics, Le Cocu, Maman papa, Quand on est con on est con) aussi n’en sont que plus prisés les variations, les sorties de route, les virages d’impro et tout le folklore habituel du jazz. C’est vraiment du bon swing manouche, du swing musette inusable. Puis, ayant épuisé Brassens, les Pommes de ma douche continuent avec les succès de leurs disques précédents, airs de jazz, de Charles Trénet, de Boris Vian. Le violoniste Alexandre Cavaliere venu en spectateur, et qui avait déjà tapé le bœuf avec Wawau Adler près de la pizzeria, s’invite sur scène et, hardi petit, entre en compétition amicale avec Laurent Zeller dans le groupe. Puis c’est Wawau Adler qui se joint aux Pommes de ma douche, toujours avec Cavaliere et ça continue. Le bassiste Joël Locher pique la contrebasse de Laurent Delaveau en plein morceau pour s’y lancer lui aussi et c’est sur cette improvisation collective que se termine le festival de Liberchies, neuvième du nom et magique comme toujours.

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Résumons : une organisation améliorable (doux euphémisme en ce qui concerne la nourriture (*), le système de paiement, le plan de circulation et l’orientation de la scène) mais de la musique superbe, un temps magnifique, une bière excellente et surtout une ambiance amicale, fraternelle, comme on n’en trouve qu’en pays wallon. « Vivent les Belgiens », comme disait Brel.

Michel Bedin

(*) En revanche, je vous conseille, à Pont à Celles les spécialités italiennes de l’Improviste (improviste@skynet.be), on s’en lèche les cinq doigts et le pouce et à Liberchies, le chili con carne de Thérèse, mais il faut être invité.

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