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  • Michel Bedin
  • Musique

Jazz à Montauban 2011 (Part. 5) : soirée hommage à Louis Armstrong

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le 11 juillet

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C’est sous un soleil encore de plomb que commençait, à 21h15, la soirée consacrée à un hommage à Louis Armstrong.

En fait d’hommage à Armstrong, la première partie, dévolue au groupe Enhco and Co, c’est-à-dire aux frères Enhco, en avait la consistance du célèbre pâté d’alouette : une alouette, un cheval, car on entendit un titre d’Armstrong « Big Butter and Egg Man » et un seul. Peu importe, il est vrai. Les Ménines de Picasso doivent peu à celles de Velasquez, L’Automne à Pekin de Boris Vian s’appelle ainsi parce que ça ne se passe pas en automne, ni à Pékin, et on se souvient d’un Hommage à Ellington par Martial Solal qui laisse une empreinte encore douloureuse dans nos oreilles. Bref, l’Hommage à Armstrong n’était qu’un prétexte qui aurait pu s’appeler Hommage à nous-mêmes. En effet, un air composé par le pianiste Thomas Enhco, un autre par le trompettiste David Enhco, un autre par le tromboniste Bastien Ballaz, un Ellington et un Mingus revus et corrigés servaient surtout à montrer combien ces jeunes musiciens sont doués. Et ils le sont. Le jeune Nicolas Charlier à la batterie, le bassiste Simon Tailleu, comme les deux frères Enhco et Bastien Ballaz sont d’excellents musiciens, même s’ils ont tendance, parfois, à digresser dans des bavardages un peu lassants, montées et descentes vertigineuses de gammes ayant peu de rapport avec la mélodie, par exemple. Cela dit, c’est tonique, swinguant, ces cinq jeunes musiciens jouent du jazz, et du bon jazz. Le public, un peu surpris, a cependant beaucoup apprécié.

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L’entracte vit la remise du trophée Matmut, devenu cette année le Concours International d’Orchestres de jazz de Montauban (cinq musiciens maximum, chanteur compris, sans limitation d’âge ni de nationalité). Quatre-vingts groupes ont concouru en envoyant des enregistrements et trois finalistes ont été retenus. Le jury, parmi lequel le parrain lui-même du festival, le pianiste Monty Alexander, a désigné deux vainqueurs : le groupe Enhco et le trio de Philippe Duchemin qui seront donc à l’affiche l’an prochain.

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La seconde partie, elle aussi, devait rendre hommage à Louis Armstrong, mais Nicholas Payton, avec son SeXXXtet (un quintet, en fait) raconta sa propre vision de ce que fut la vie du légendaire trompettiste, sans jamais jouer du Louis Armstrong. Départ avec un thème sombre, lugubre, fredonné en langue africaine par la chanteuse Mavis Poole et Nicholas Payton (peu de voix mais de l’expressivité à outrance), puis joué par une trompette angoissée et très retenue, à la Miles. Petit à petit, au fur et à mesure des morceaux, la trompette devient de plus en plus éclatante, de plus en plus triomphante, à l’image de l’histoire du peuple afro-américain. Le jeune Lawrence Fields, aux claviers, Braylon Lacy à la guitare-basse et le batteur Terreon Gully développent un fond rythmique très original, fort diversifié, sur lequel le trompettiste peut, à loisir, jouer sa musique, un jazz aux racines néo-orléanaises évidentes très apparenté à celui de Wynton Marsalis, un jazz de notre temps. Nicholas Payton est un trompettiste comme il n’en existe pas vingt par siècle. Je l’avais rencontré en Louisiane il y a quelque dix ans et, déjà, il était capable d’exprimer, par sa trompette, d’innombrables sentiments. Le concert de ce soir ne swingue pas au sens classique du terme, mais son expressivité touche tout un chacun. Karl Valentin disait que toute pièce de théâtre doit raconter l’histoire entière du théâtre. Le concert de Nicholas Payton raconte, à sa manière, toute l’histoire du jazz, lui aussi. Après tout, Louis Armstrong, c’est en quelque sorte la même chose. Bref, une très belle soirée.

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