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Festival Musique et Nature en Bauges (Savoie) : intégrale des six suites de Jean-Sébastien Bach pour violoncelle

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Le 15 juillet - La Compôte, Ecole-en-Bauges, Sainte-Reine

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L’intégrale des six suites de Jean-Sébastien Bach pour violoncelle dans la même journée. Cela tient du marathon musical. Et pourtant, c’est ce qu’a réalisé avec beaucoup de sensibilité le violoncelliste Henri Demarquette dans trois églises du massif des Bauges, en Savoie.

Tout d’abord,, à midi, dans la naïve église de La Compôte, toute coloriée de bleu et de jaune. Henri Demarquette, devant l’autel où est écrit « Hic est panis qui de coelo descendit » nous offre ce pain musical descendu du ciel lui aussi que, naguère, nous offrit Jean-Sébastien Bach. En commençant par, sans doute, la plus connue, la première, BWV 1007 en sol M. A peine le prélude en arpèges commence, on est déjà transporté. Henri Demarquette, qui joue ici sur un violoncelle de 1697 de Goffredo Cappa, avec un archet de 1820 de J.P.M. Persois, conquiert immédiatement le public. Clair, simple, évident, il joue ces suites pour violoncelle qui sont l’Everest obligé des violoncellistes du monde entier, comme naturellement. Entre chaque suite (prélude, allemande, courante, sarabande, danse –menuets, bourrées ou gavottes- et gigue), deux par concert, il introduit un prélude, histoire de souffler, d’un autre compositeur. Pour ce premier concert, ce sera le Ricercar n°7 de Domenico Gabrielli (1651-1690). Puis retour à Jean-Sébastien Bach. Triomphe largement mérité.

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Après avoir goûté les diots (prononcez djo) aux crozets délicieux pris au bistrot d’en face, vue magnifique sur le massif des Bauges, soleil éclatant, service chaleureux, et sieste bienvenue, nous nous rendons à l’église d’Ecole-en-Bauges pour le deuxième concert de 17h. Certains ont parcouru la distance en vélos électriques ou bien en calèches, voire en navettes de bus, tous obligeamment fournis par les organisateurs. L’église est pleine et déborde presque. Henri Demarquette intercale entre les deux suites de Bach un prélude du compositeur contemporain Eric Tanguy, histoire de montrer que la musique, quel que soit son âge, se mêle facilement à d’autres, pourvu qu’elle soit belle et de rappeler qu’il est également un interprète recherché pour la musique contemporaine de qualité. Le concert, là aussi, est d’une qualité extrême, Bach s’impose de lui-même, avec naturel, confondant d’intelligence et d’inventivité pour un instrument seul. Henri Demarquette est toujours aussi fluide, aussi modeste derrière le compositeur, dont il laisse s’épanouir la grandeur. Triomphe là aussi.

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A 21h, l’église Sainte-Reine du village éponyme nous attend pour le dernier concert. Eglise bondée comme les deux premières, avec un public très attentif. Le luthier-sculpteur Maxime Cadoux y expose une statue de bois représentant un violoncelle surréaliste (on pense aux montres molles de Dali). Le son y sera, comme dans les deux premières, excellent. L’intermède entre les suites de Bach est, cette fois-ci d’Olivier Greif, compositeur décédé en l’an 2000 et s’intègre, lui aussi très bien entre les deux suites de Bach, dont la sixième, en ré M, qui nécessite une virtuosité éblouissante et qui terminait en apothéose cette soirée du 15 juillet. Un premier rappel convainquit Henri Demarquette de jouer de nouveau le prélude de la BWV 1007. Et un tonnerre d ‘applaudissements d’interpréter, en hommage à Pablo Casals, le « Chant d’oiseaux », traditionnel catalan, qu’il jouait toujours lors de ses rappels et qu’on lui attribua par erreur.

Le festival des Bauges (www.musiqueetnature.fr), qui fonctionne du 10 juillet au 21 août dans le parc naturel régional du massif des Bauges, est remarquable à plus d’un titre : l’extrême qualité des concerts proposés dans un cadre, certes, idyllique (une montagne à taille humaine, des forêts, des alpages, de hauts sommets, des paysages agricoles) mais hors des grandes villes populeuses. Programmer les suites pour violoncelle de Bach dans de petits villages témoigne, de la part des programmateurs d’une audace phénoménale, mais récompensée, car le public est là et apprécie. Le choix des salles de concert, de jolies églises confiées par un clergé local ouvert à des bénévoles fatalement dérangeants. Le choix des œuvres : les Vêpres de Monteverdi, le Water Music de Haendel, les quatre Saisons de Vivaldi, mais aussi des concerts avec des œuvres moins connues, plus récentes ou plus rarement jouées. Le choix des artistes, Anne Queffelec, le trio Chausson, Nicolas Stavy, Alexei Lubimov, Hugo Reyne, Emmanuelle Guigues, Thierry Escaich. La compétence des bénévoles et l’organisation des avant-concerts, écologiques, patrimoniaux, historiques ou géologiques. Tout, dans ce festival, témoigne de ce qu’on peut, quand on le veut, offrir au public autre chose que le produit commercial estampillé « Vu à la télé ».



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