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Festival d’Ambronay (2) : Il pianto della Madonna

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par Il Giardino Armonico
dirigé par Giovanni Antonini
à l’Abbatiale d’Ambronay
le 29 septembre 2011

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Retour à l’Abbatiale d’Ambronay et à son exceptionnelle acoustique. Cette soirée de la Saint-Michel était placée sous le signe de la douleur, avec notamment deux chefs d’œuvre sur le même sujet, les plaintes de la mère du Christ après la crucifixion : les Plaintes de la madone, de Monteverdi, et les Plaintes de Marie, de Giovanni Battista Ferrandini. Et, pour les encadrer, des œuvres dans le même climat tragique, de leurs contemporains. Un concert donné par le Giardino Armonico de Milan, sous la direction brillante de Giovanni Antonini, avec la mezzo-soprano Marina De Liso.

Le concert commence avec une symphonie d’Antonio Caldara. Quatre mouvements, deux lents et deux vifs, mais posant déjà la tonalité générale du concert, la souffrance. La passacaille de Biagio Marini, qui suit, ouvre sur les premières Plaintes, Il Pianto della Madonna, de Claudio Monteverdi. Transposition, version sacrée, du lamento d’Arianna dans la version profane. « Iam moriar, mi fili » (que je meure aussi, mon fils). La mezzo-soprano Marina De Liso, en grande tragédienne, campe une mater dolorosa exceptionnelle, avec une diction très claire, une expression saisissante et une voix merveilleuse. Le Giardino Armonico (six violons, deux altos, deux violoncelles, une contrebasse, un luth et un clavecin) est remarquable lui aussi, avec sa précision, sa justesse, sa perfection de jeu et son art des nuances. Un concerto pour cordes RV 129 et une sonate Al Santo Sepulcro RV 130 d’Antonio Vivaldi, très éloignés du Vivaldi habituel, mais profonds, douloureux, font suite, suivis par un air chanté, tiré du Martyre de St Laurent, de Francesco Conti. « Sento gia mancar la vita » (Je sens déjà la vie me fuir), un air très lent, où Marina De Liso fait merveille. Enchaînement sur une sonate magnifique de Johann Georg Pisendel. L’entracte surgit, laissant un public encore sous l’émotion, qui manifeste son enthousiasme par des salves d’applaudissements.

La seconde partie sera encore plus belle. D’abord, la luthiste Maria Evangelina Mascardi vient seule en scène pour jouer le très joli prélude en mi bémol M pour luth, de Silvius Leopold Weiss. Puis, le Giardino Armonico nous donne la symphonie Al Santo Sepulcro RV 169 de Vivaldi, triste à souhait, tout à fait dans le style du Vivaldi de la première partie. Enfin, voici la conclusion du concert, avec la cantate Il Planto di Maria, de Giovanni Battista Ferrandini. Dès les premiers mots, « Giunta l’ora fatal… », Marina De Liso et le Giardono Armonico emmènent l’auditoire avec eux, vers le calvaire du Christ et vers la douleur de la mère. L’interprétation de cette sonate très méconnue, et pourtant grandiose de Ferrandini, est parfaite. Cette mezzo-soprano, avec son jeu varié de tragédienne autant que de chanteuse, captive le public qui semble bouleversé d’une façon presque palpable et l’orchestre offre un splendide écrin à cette voix d’exception. Et l’admonestation finale (« si la terre tremble, alors, Homme, tremble encore, toi qui es fait d’argile »), qui devait terrifier le public du XVIIIème siècle, est ressenti par le public avec la même émotion.

Applaudissements triomphaux et Brockes Passion de Telemann en rappel.

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© Bertrand Pichène

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© Bertrand Pichène



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