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  • Michel Bedin
  • Musique

CDs : Anthologie des musiques de danse du monde

danse-du-monde

Avec l’Anthologie des musiques de danse du monde, le label Frémeaux amorce la deuxième partie d’une anthologie des musiques de danse en vingt volumes. Les dix premiers concernaient la France (voir chroniques dans ces mêmes colonnes).

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Texte de Michel Laroche

anthologie-danses-vol-1

Vol. 1 : Danses espagnoles 1955-1958 - Paso doble, flamenco, sardane

Durée : 1h 4’
FA 5331
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

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Ce premier disque de la seconde partie comprend onze pasodobles, quatre flamencos (plus exactement quatre bailes flamencos) et cinq sardanes. Attention, les pasodobles ne sont par joués par quelque accordéonneux de broussaille, mais huit d’entre eux le sont par Antonio Rovira et sa banda espagnole, deux par Pepe Luiz et un par José Granados, tous des spécialistes de la question. Pour les bailes flamencos, excusez du peu, c’est le fascinant guitariste Sabicas qui accompagne la danseuse-chanteuse Carmen Amaya sur trois d’entre eux. Difficile de faire mieux. Le quatrième est joué par Roman El Granaino (g) et Manolo Leiva (voc). A noter le garrotin, (Carmen Amaya) qui est un flamenco non andalou, mais catalan, et ancêtre de la rumba. Les cinq sardanes sont jouées, elles, toutes par la cobla Barcelona, avec comme joueur soliste de tenora, Jose Coll.

Le livret est impeccable d’intelligence et de précision. Les danseurs amateurs qui se livreront à leur passe-temps favori avec ce disque y apprendront bien des choses et, notamment, les parentés entre danses espagnoles et tauromachie.

anthologie-danses-vol-2

Vol. 2 : Tango 1944-1959

Durée : 58’ 29’’
FA 5332
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

C’est un bien beau CD de tangos que ce deuxième tome de la seconde partie de l’Anthologie des musiques de danse du Monde. Les Argentins de Paris et d’Argentine, de 1944 à 1959, les Manuel Pizarro, Osvaldo Fresedo, Armandino, Armando Pontier, Carlos Di Sarli, mais également les Anibal Troilo, Osvaldo Pugliese, Angel d’Agostina ou encore Astor Piazzolla s’y donnent rendez-vous pour presque une heure de tangos, plus lascifs et envoûtants les uns que les autres. « Jalousie », « Adios Muchachos », « la Cumparsita », « 9 de Julio » et autres « Adios Nonino » s’égrènent, à grands coups de violons et de bandonéons, et l’on devine les savants mouvements des deux partenaires évoluant sur ces danses. Trois morceaux sont chantés, deux par Julio Sosa, le troisième par Angel Vargas, dans la tradition immuable créée par Carlos Gardel. Le tango a été incontestablement un tournant, comme la valse l’avait été au XIXème siècle, des manières de danser du XXème. Plus grande proximité des corps, plus grande érotisation de la danse, le tango, s’il est une manière de vivre en Argentine, a considérablement fait évoluer les mœurs en Europe.

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anthologie-danses-vol-3

Vol. 3 : Bolero 1952-1959

Durée : 58’ 28’’
FA 5333
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Le troisième CD (part. II) de cette anthologie des musiques de danse (deux fois dix volumes) est consacré au boléro. Pathos et emphase pour des chansons d’amours malheureuses, de passion trahie, ce sont les caractéristiques de cette danse sensuelle lente apparentée à la rumba, au mambo, au son, caribéens comme elle, qui est née à Santiago de Cuba au début du siècle, à partir de la contredanza (contredanse) du XVIIIème siècle, elle-même descendante des country dances britanniques, selon Alejo Carpentier. Les modèles archiconnus, ce sont « Besame mucho », « Historia de un amor », « Quizas, quizas, quizas » ou « Frenesi ». Des succès qui ont fait plusieurs fois le tour de la planète et qui continuent à le faire. Ils sont interprétés ici, avec seize autres, par les chanteurs à voix de velours qui en ont fait le symbole même de l’Amérique latine du Nord (Mexique, Cuba, Porto-Rico + Miami), Boby Capo, Antonio Machin, Lucho Gatica, Bienvenido Granda, le trio Irakitan, Daniel Santos et les chanteuses ensorcelantes qu’étaient Toña la Negra, Adelina Garcia ou Olga Guillot qui, comme son nom ne l’indique pas, était cubaine. Bien sûr, certains trouveront ces airs populaires sucrés, pleurnichards, mais c’est justement l’excès de grandiloquence qui permet d’écouter les boléros au deuxième degré. Et de les trouver bien moins larmoyants que les blues, les torch songs, les fados, ou les chansons d’Edith Piaf ou de Berthe Sylva. Et puis, pour danser, difficile de faire mieux et plus simple.

anthologie-danses-vol-4

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Vol. 4 : Rumba et Guaracha 1930-1958

Durée : 1h 56’’
FA 5334
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Rumba et guaracha, c’est le titre du 4ème volume de la seconde partie de l’Anthologie des Musiques de danse. C’est dire combien il sera difficile (et déconseillé aux cardiaques) d’essayer de danser les vingt plages d’affilée. Car la rumba, ça remue. Le premier air de ce CD, « Cubanchero », qui fut une scie vers les années soixante, en donne toutes les clefs. Présence dominante des bongos et des congas, qui remplaçaient les antiques « cajones », caisses de bois pour la morue, calls and responses à l’africaine entre le chanteur et le reste de l’orchestre, frénésie incandescente des rythmes venus tout droit des cérémonies de la santéria, cette religion syncrétique encore si populaire, ainsi que son nom, « Cubanchero », qui indique clairement l’origine de la rumba, Cuba. Et plus précisément Santiago de Cuba. Oui, il ne faut pas être fainéant pour danser la rumba, ou la guaracha, son homologue sarcastique et comique, pour qui parle espagnol. Avec un peu les mêmes orchestres que sur le CD précédent, Bolero, c’est-à-dire Benvenido Granda, Bobby Capo, Toña la Negra, mais égalementMachito, l’immensément connu en France Xavier Cugat ou le fabuleux joueur de conga Chano Pozo. Deux titres forceront votre attention : La célébrissime Cucaracha qui n’a plus de marijuana à fumer, la pauvre (autre époque !) joué par un saxophoniste assez doué, Charlie Parker, ainsi que « El Manisero », autrement dit Peanut Vendor, du compositeur d’opérette Moises Simons, le créateur de Toi, c’est moi, l’opérette dans laquelle on trouve l’immortel texte surréaliste « Sous les palétuviers » (ah viens dans mes palé, prends-moi sous les létu, aimons-nous sous les viers).

anthologie-danses-vol-5

Vol. 5 : Mambo 1951-1958

Durée : 55’ 29’’
FA 5335
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Intermédiaire entre la rumba et le cha-cha-cha, le mambo apportait la toute- puissance des cuivres à des orchestres de danse qui faisaient florès dans les années cinquante. Deux noms surtout, ceux de Perez Prado et de Xavier Cugat, se détachent, le premier pour avoir, en quelque sorte, créé le mambo et pour ses coups de gueule dans les breaks (hou !) pour dynamiser l’orchestre («Mambo 5»), le second parce qu’il était au Waldorf Astoria en résidence, qu’il y animait la jet set et qu’on le voyait dans de nombreux films. Mais il y a aussi Joe Loco, pianiste-arrangeur très doué ; Noro Morales, pianiste-tromboniste et excellent compositeur, ainsi que, plus proche de nous, Benny Bennett et son orchestre de musique latine. Le jazz et la musique typique, comme on disait à l’époque, s’étaient rapprochés grâce au mambo et les futures salsas ou latin jazz en continueront la tradition. Les Machito, Mario Bauza, Chico O’Farrilll, Tito Puente, qui expérimentèrent le mambo dans ces années-là ont toujours couru sur la frontière entre les deux. Pour danser, c’est idéalement tonique et structuré, dynamique et sensuel. Mais réservé à de très bons danseurs.

anthologie-danses-vol-6

Vol. 6 : Cha-cha-cha 1953-1958

Durée : 56’ 59’’
FA 5336
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-griseetoile-grise(3/5)

Le cha-cha-cha est tout bêtement une modification et une simplification du rythme du mambo. Les musiciens avaient constaté que la plupart des danseurs, qui, souvent, dansent comme des barriques, le faisaient à contretemps, comme les Français quand ils frappent dans leurs mains, hélas, aux concerts de jazz. Donc, ils pondirent cette danse en 4/4, avec premier pas sur le premier temps, second identique, troisième sur deux pas et quatrième identique au premier. Pas trop rapide, pas trop lent. Même un danseur de la danse des canards pouvait réussir. Paroles optimistes et joyeuses, c’est l’époque qui veut ça. Malgré ce code rudimentaire, les bons musiciens ont réussi à faire de la bonne musique de danse. Ce sont, bien sûr, les grands du typique, Joe Loco, Bobby Capo, Noro Morales, l’Orchestre Aragon, Tito Puente. Ils ont bien du mérite. Car, ben sûr, ça ne swingue pas du tout. Mais peu importe. Les danseurs voulaient cela, ils l’ont eu. Ce CD, évidemment, pour danser, c’est très bien, pour écouter, il faut l’avouer, c’est un peu lassant.

anthologie-danses-vol-7Vol. 7 : Samba 1944-1959

Durée : 1h 1’ 8’’
FA 5337
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Il est difficile de goûter pleinement ce CD de samba, septième volume de la seconde partie de l’Anthologie monumentale des musiques de danse du monde, sans avoir au préalable lu attentivement le livret écrit de main de maître, comme presque tous les autres, par Teca Galazans et Philippe Lesage. On y apprend tout ou presque sur le samba (eh oui, c’est masculin en brésilien) et sur son histoire depuis « Pelo Telefone », le premier samba, enregistré en 1917. Ici, on l’a dans une version de 1955 (ou 58, le livret donne les deux dates) avec Pixinguinha. On y apprend également bien des choses sur les gafieiras, les maisons de danse, puis sur les écoles de samba qui vont devenir, avec la création du carnaval, la caractéristique n°1 de Rio de Janeiro, et le moyen pour les quartiers de se souder communautairement. A retenir plus particulièrement sur ce CD l’accordéon de Sivuca, sur « Tico Tico », délicieux à entendre, le « Chega de saudade » de Carlos Jobim par Severino Araujo et son orchestre Tabajara. Et puis la « Morena boca de ouro », jouée deux fois, une fois par Araujo justement, et une autre par Joao Gilberto sur un arrangement de Carlos Jobim et on notera la nouveauté qu’apporte Joao Gilberto et son filet de voix frêle, par rapport aux voix « viriles » précédentes. Enfin « Aquarela do Brasil » d’Ary Barroso, devenu si célèbre sous les doigts de Django Reinhardt, sous le nom de « Brazil » que d’aucuns le lui attribuent sans vergogne. Bref, un CD très instructif et passionnant pour tout danseur...

anthologie-danses-vol-8

Vol. 8 : Les genres dansants brésiliens et la habanera 1948-1959 - Frevo, Choro, Baiao, Maxixe, Valsa…

Durée : 56’ 59’’
FA 5338
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Sur ce huitième tome de la seconde partie de l’Anthologie gigantesque des musiques de danse, on trouve, mêlées à des danses brésiliennes, des habaneras qui, elles, proviennent de Cuba, à cause de la parenté manifeste qu’elles ont entre elles. Et pour cause. Tout ayant démarré à Cuba, plus exactement à Santiago de Cuba. Ainsi « Flor de Yumuri » et, bien sûr « La Paloma », jouée ici par Xavier Cugat. Les danses brésiliennes sont des baiãos (danses paysannes du Nordeste), des frevos (danses urbaines de Pernambouc), des maxixes, un coco, une marcha de rancho (une marche pour fatigués ou amoureux, voire même amoureux fatigués), des choros, des polcas, un chote, des valses brésiliennes qui ont peu à voir avec celles de Vienne et un tango, brésilien lui aussi, qui se démarque de son cousin argentin. Les interprètes ont déjà été rencontrés dans des CDs précédents : Severino Auraujo et son orchestre Tabajara, Jacob do Bandolim, Radamès Gnatalli. Mais il en est également de nouveaux : l’accordéoniste Mario Gennari Filho, Abel Ferreira, Dante Santoro ou le duo Los Compadres aux guitares mandolinesques. On remarquera particulièrement le toucher de guitare du grand concurrent de Django Reinhardt qu’était Oscar Aleman sur « Delicado » et sur « Pé de Manaca ». Deux diamants.

anthologie-danses-vol-9

Vol. 9 : Calypso 1944-1958

Durée : 55’ 28’’
FA 5339
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Le neuvième volume, consacré au calypso, commence, et c’est justice, parce que c’est lui qui lui fit faire le tour du monde, par Harry Belafonte (« Day-O » et « Man Smart »). Il est suivi par la plage historique des Andrews Sisters (« Rum and Coca Cola ») qui ne s’avouait pas calypso, mais en était bien un. En effet, la caractéristique des calypsos était d’être des chansons caribéennes en anglais, avec paroles à double sens, coquines souvent (« A Conch ain’t got no bones » - Y’a pas d’os dans une conque), traitant de la vie sur la plage à l’ombre des palmiers, avec nanas en pagne (ou sans) et boissons alcoolisées. Ou avec beaux gigolos musclés dans la version féminine (« Big Bamboo »). Inconscience de l’époque, ces chansons ne voyaient aucun mal à ce que les Antilles soient le bordel des Américains puritains, mais faux-jetons. Le livret, intelligent, et pas faux-derche pour un sou, raconte cela clairement et montre combien, paradoxalement, le calypso s’inscrivait dans la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis (Black is Beautiful). Non sans mal. Ainsi, la belle Josephine Premice, qui avait épousé, horreur, un Blanc et qui dut s’exiler six ans à Rome. Elle chante ici « Sweetie Joe » et « Chicken Gumbo ». Bonne idée que d’avoir mis deux airs de calypso joliment chantés par Robert Mitchum, ainsi que le « Je peux pas travailler » du cher Boris Vian, par Henri Salvador, tout à fait dans le ton général du CD.

anthologie-danses-vol-10

Vol. 10 : Biguine, valse et mazurka des Antilles françaises 1940-1966

Durée : 59’ 18’’
FA 5340
www.fremeaux.com
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

Cette Anthologie pharaonique des musiques de danse du monde se clôt par un volume sur la biguine, la valse et la mazurka des Antilles françaises. Les familiers du jazz à l’antillaise reconnaîtront les grands noms qui, juste après guerre, apportèrent des sonorités sentant bon les îles. Aux saxes, Robert Mavounzy qui joua avec Django Reinhardt et Gus Viseur, Al Lirvat au trombone, Honoré et Barel Coppet, le premier au sax, le second à la clarinette, Ernest Léardée aux percussions jouaient du jazz, mais également de la biguine, qui pourrait être une créolisation du quadrille par la syncope africaine. Les compilateurs de cette anthologie, qui aiment manifestement le jazz, ne les ont pas oubliés. Les quatorze biguines, les trois valses créoles et les trois mazurkas du même métal vous entrainent bien évidemment dans la danse, mais ce sont en outre de très beaux morceaux de jazz créole à écouter, par les orchestres Félix Valvert, Maurice Jallier, Abel Beauregard et les noms cités précédemment. Bref, du beau linge et une ambiance je ne vous dis que cela.



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