CD : The Liszt Project par Pierre-Laurent Aimard
Bartok. Berg. Messiaen
Ravel. Scriabine. Stroppa. Wagner
Deutsche Grammophon ( Universal )
cd 1 : 73’16’’ . cd 2 : 72’ 52’’
Notre avis : 
(4/5)
Ambitieux programme que celui réuni en deux CDs par Pierre-Laurent Aimard. En effet ce pianiste, formé par Yvonne Loriod et Geneviève Joy et qui a également enregistré les cinq concertos pour piano de Beethoven sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, établit dans ce double CD un programme où règnent ce que l’on pourrait nommer, sans trop se tromper, une atmosphère d’étrangeté et de fantastique s’orientant quelquefois vers la noirceur et l’effroi.
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Car comment qualifier la première œuvre qui sert d’ouverture au premier CD sinon de funèbre et glaçante puisqu’il s’agit de La lugubre gondole de Franz Liszt qui de manière prémonitoire, anticipe le décès imminent de Richard Wagner à Venise. C’est précisément Richard Wagner qui apparaît dans la seconde œuvre interprétée par Pierre-Laurent Aimard avec sa Sonate intitulée « Eine Sonate in das Album von Frau Mathilde Wesendonck », nous révélant un compositeur qui tout en révolutionnant l’orchestre, maîtrise néanmoins parfaitement l’écriture pianistique. Avec Nuages Gris de Franz Liszt, Pierre-Laurent Aimard nous transporte dans le versant presque déjà expressionniste de l’inspiration du maître hongrois. Alors qu’avec la Sonate op. 1 d’Alban Berg nous sommes introduits sans plus attendre dans l’atonalité la plus totale, nous basculons à nouveau dans l’étrange et l’inexprimable avec Unstem ! Sinistre, disastro de Franz Liszt. Vient ensuite la rencontre avec un univers encore plus déconcertant, onirique : celui d’Alexandre Scriabine matérialisé ici par la Sonate « Messe Noire ».C’est avec l’extraordinaire Sonate de Franz Liszt que Pierre- Laurent Aimard termine ce premier CD, une sonate se présentant sous la forme d’un récit musical traversé d’éclairs foudroyants, de mystère et d’ombre. Bien que débutant avec une sorte de glas funèbre « Aux Cyprès de la Villa d’Este » s’oriente peu à peu vers la lumière et la sérénité, alors que la pièce pour piano, Négy siratoének nous révèle un Bartok encore sous l’influence très nette de Franz Liszt. Avec la Légende n°1 St. François d’Assise. La Prédication aux Oiseaux nous sommes en présence d’un Franz Liszt visionnaire et inspiré. Seul compositeur contemporain vivant figurant dans cette seconde partie Tangata manu de Marco Stroppa (né en 1959) nous rappelle l’attachement de Pierre-Laurent Aimard à la musique de son temps, concluant son périple pianistique avec Ravel et Messiaen, pour finalement nous introduire dans cette incroyable Vallée d’Obermann à nouveau signée par Franz Liszt. Un parcours initiatique mené de main de maître par Pierre- Laurent Aimard, guide inspiré de ces univers pianistiques multiples et complexes.
Album disponible en CD et MP3 (Amazon) et téléchargement haute qualité (Qobuz)
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