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  • Michel Bedin
  • Musique

CD : Elvis Presley & the American Music Heritage - 1954-1958

presley-american-music-heritageDurée : 2h 50’ 1’’
FA 5361 (www.fremeaux.com)
Notre avis : etoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-orangeetoile-grise(4/5)

C’est une idée originale et fort judicieuse qui a conduit à composer cet album de trois CDs. Prendre les enregistrements d’Elvis Presley de 1954 à 1958 (les meilleurs, soit dit entre nous, ceux qui précèdent les années-vedettes victimes des « gros sous ») et faire précéder chaque titre de la chanson originelle que le King a remaniée à sa sauce.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Elvis Presley, en fait, est un passeur. Il a fait connaître à l’immense majorité des Blancs, en cette période de ségrégation encore intense, la musique des Noirs riche et puissante, énergique et sensuelle parce que c’était celle que lui, Blanc des quartiers pauvres, connaissait et appréciait. Celle des bluesmen Arthur Crudup, Kokomo Arnold, Big Joe Turner, Big Mama Thornton, des shouters comme Wynonie Harris, des jazzmen comme Hal Singer, Billy Ekstine, Ray Charles, mais également de chanteurs de variétés, voire de country music arrangés à la sauce noire. Elvis Presley est l’inventeur, non pas du rock, mais du rockabilly. Le rock, cela faisait des lustres que les Afro-Américains en faisaient, et du bon (écoutez « Good Rockin’ Tonight » par Wynonie Harris (1947), « Rock Around the Clock » par Hal Singer (1950), « Hound Dog » par Big Mama Thornton (1952) pour vous en convaincre). Mais l’adaptation à l’usage des jeunes Américains blancs de ces airs et leur succès par ce provocateur qu’était Presley a été un coup de pouce non négligeable dans la compréhension par les Blancs qu’ils ne vivaient pas avec des hommes invisibles. Si Obama est président, c’est sans doute un peu grâce à Presley, mine de rien. La guitare un peu country de Scotty Moore faisait le lien avec le public sans trop le dépayser et la basse énergique de Bill Black en remettait une couche. La voix d’Elvis faisait le reste. Le producteur de l’époque, Sam Phillips, qui s’est fait croquer par la suite par les crocodiles artistophages, était un producteur sensible et intelligent. C’est « comme les patrons de gauche, dirait Audiard, il y en a, mais ils ne sont pas représentatifs de l’espèce». Saluons-le comme nous saluons ces CDs éminemment utiles et pédagogiques. Le livret, dû à la plume alerte de Bruno Blum, est brillant.



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