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  • Michel Bedin
  • Musique

Festival Django Reinhardt de Samois-sur-Seine

festival-django-reinhardt-samois-sur-seine 

du 27 juin au 1er juillet

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La 33ème édition du festival de Samois s’est déroulée, coup de chance, sans une goutte de pluie. Coup de chance, car la veille encore et les jours précédents, il n’avait pas cessé de « dracher », comme on dit dans le Hainaut natal de Django Reinhardt. Les amateurs de swing manouche connaissent bien les trois festivals qui forment le pèlerinage en mémoire du guitariste qui a révolutionné l’art de la guitare : Liberchies, en Belgique (où il est né), Salbris en Sologne (où il s’est remarié) et Samois-sur-Seine où il est mort à 43 ans et où il est enterré, comme son fils Babik.

Ce dernier lieu est sans conteste le plus important. Il dure cinq jours, programme de très grands noms du swing manouche, mais lance également des carrières, cette année celle de Sonny Amati Schmitt, de Fiona Monbet, confirme celles de Richard Manetti, de Sébastien Giniaux, d’Adrien Moignard, et programme également des artistes extérieurs au swing manouche. Cette année ce furent le trompettiste Ibrahim Maalouf, le Kora Jazz Band, l’immense Dr John, Sharon Jones, Youn Sun Nah, Mike Stern, Richard Bona, ou le vertigineux pianiste Roberto Fonseca.

Nous en avons choisi deux journées, celles du 28 et du 29 juin.

FDR12Ferré-Boulou

Cela commence avec le trio Boulou et Elios Ferré et Pierre Boussaguet. Autant dire trois géants. Sur des rythmes d’une très grande inventivité, le contrebassiste Pierre Boussaguet brode une architecture solide sur laquelle les deux frères Ferré vont tisser la dentelle de leurs mélodies. D’abord, à tout seigneur, tout honneur, ils nous interprètent une nouvelle manière de lire « Artillerie lourde » et « Place de Brouckère » de Django Reinhardt, car on peut les écouter vingt fois, ce sont vingt manières différentes qu’ils ont de jouer les mêmes morceaux. Ils se passent le relais, chacun tour à tour soliste ou assurant la pompe. Puis, c’est un autre grand, Jean-Sébastien Bach, que Boulou et Elios ont adapté au swing manouche. Puis les voici en train de tricoter sur du Haendel, « Lascia ch’io pianga mia cruda sorte ». La musique baroque se prête à merveille à cet exercice et les trois musiciens se régalent. Ils sont, aujourd’hui, contents et complices, satisfaits d’être « chez eux », à Samois, comme le dit Elios, avec un public en or. Car ce public de Samois n’est pas n’importe lequel. C’est un public de connaisseurs. Beaucoup ont avec eux une guitare, ils viennent de Hollande, d’Allemagne, d’Angleterre ou d’Irlande, ou de plus loin encore. Ils se retrouveront la nuit, au camping, pour des bœufs mémorables. Car c’est ça aussi, le festival de Samois, les luthiers chez qui on essaie de faire sonner les nouvelles guitares, les cuisines, exotiques ou pas, les amis qu’on retrouve, les artistes qui ne sont pas programmés, mais qui viennent quand même. Cette année, j’ai croisé Daniel Givone et Angelo Debarre, venus en spectateurs, en amis.

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FDR12Ferré-Elios

A 21h, la scène est occupée par un immense guitariste, mais pas de swing manouche, Al Di Meola, venu en duo avec Kevin Seddiki. C’est un jazz très virtuose, où les deux guitaristes nous présentent les morceaux de leur dernier CD, « Poursuit of Radical Rhapsody », qui regorge de trouvailles techniques et mélodiques.

FDR12Meola-Al-Di3

Enfin, à 22h30, le sextet d’Ibrahim Maalouf et de sa trompette à quart de ton, créée par son père, nous offre des musiques lancinantes, minimales et hypnotiques qui envoûtent et donnent envie de danser. Des couples et des jeunes, d’ailleurs, ne s’en privent pas. Une bonne ambiance, d’autant qu’Ibrahim Maalouf fait participer le foule en tentant de lui apprendre à chanter avec des quarts de ton, ce qui n’est pas d’une évidence absolue pour nos gorges occidentales.

CJF-Luc-Sylvain

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Le lendemain, pas de swing manouche au menu, mais des musiques avoisinantes qui ont toutes un lien avec lui. D’abord, la soirée débute avec un trio de jazz où le guitariste Sylvain Luc force le respect pour sa virtuosité hors du commun, son sens de la mélodie, son inventivité et son apparente décontraction. Comme il est avec deux autres « monstres », le pianiste Thierry Elliez et le batteur André Ceccarelli, qu’on ne présente plus, ni l’un, ni l’autre tant ils ont crevé l’écran sur toutes les scènes du monde, le spectacle et le concert se révèlent être des bijoux. Ils nous offrent des morceaux de leur dernier CD, « Organic », « Comme un envol », « de 4 à 5 », etc. Applaudissements nourris.

A 21h, Yom et Wonder Rabbis viennent nous jouer, tous les quatre, de la musique klezmer déjantée, paraît-il. Comme nous aimons cela, nous y courons. Las ! Ils sont venus aussi avec leurs décibels et l’on se dit que de tels concerts devraient être obligatoirement sponsorisés par M. Sonotone qui doit s’y fabriquer de nombreux clients. Nous quittons donc cette musique de danse pour ours sourds et malentendants au profit du village tsigane, derrière, où une excellente paella nous remet les tympans en place. Ici, ça joue, ça boit, ça rigole.

FDR12Band-Of-Gypsies

Retour à 22h30 pour le Band of Gypsies. D’abord, vient le Taraf de Haidouks (flûte, cymbalum, deux accordéons, clarinette, contrebasse, deux violons, guitare, j’en oublie sans doute) qui nous joue un morceau gai, dansant, puis ils sont rejoints par le Kocani Orkestar, une fanfare macédonienne avec force cuivres et force tambours. Ça déménage, mais ces vingt-six musiciens sont moins bruyants que les quatre précédents. Impossible de rester assis, tout le monde s’est levé et danse. Une musique entraînante, joyeuse, jubilatoire, pour la liesse et l’exultation. Une musique qu’on écouterait jusqu’à l’aube, en ripaillant avec des amis. Une musique de fête.

Une musique à l’image de ce festival, gai, heureux, ensoleillé.
A l’an prochain, pour le 34ème. « On reviendra », comme disait McArthur.

www.festivaldjangoreinhardt.com

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L'ambiance au festival de Samois-sur-seine



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