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  • Michel Bedin
  • Musique

Festival Jazz à Montauban - le 9 juillet

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Ne parlons plus de météo, le soleil est revenu à Montauban, d’où il n’aurait jamais dû partir. Ce 9 juillet, c’était une soirée jazz qui s’annonçait et le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne fut pas tout à fait habituelle.

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A la Bodega, cela commença par l’absence de Christophe Telliez qui venait d’être victime d’un accident cardiaque (il est désormais, paraît-il, tiré d’affaire). The show must go on… n’est-ce pas, et c’est le clarinettiste Renaud Përrais du Kirby Memory (www.kirbymemory.fr) qui l’a remplacé au pied levé, mais sans sa clarinette qui était restée dans le coffre de la voiture de Christophe. Avec un bugle et un sax baryton, et surtout son sens de l’amitié, Renaud Perrais fit l’affaire et le résultat était d’ailleurs fort intéressant. Une pensée amicale pour Christophe Telliez et qu’il revienne vite.

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En première partie, ce fut le quartet des frères Enhco, vainqueurs l’an dernier du trophée Matmut. Des compositions personnelles du pianiste, Thomas, et du trompettiste, David, qui montraient à l’évidence que l’école de Didier Lockwood, dont ils sont issus, fonctionne comme il faut. Cela commence par « Novembre », une composition de David, avec une trompette à la Miles Davis, un peu assourdie et intimiste. Puis une compo de Thomas, « Wadi Rum », écrite à la suite d’un voyage en Jordanie et dans laquelle la trompette se fait plus éclatante. Puis « La Horde », de David cette fois, avec un joli final. Du jazz comme on l’enseigne dans les conservatoires, bien conçu, un peu froid, propre sur lui. L’émotion arriva ensuite dans « You’re Just a Ghost », un hommage très touchant à leur ami disparu, Sébastien. Ils finissent avec « The Outlaw », une composition de Thomas, avec Simon Talleu à la contrebasse à l’archet. Au total, une musique agréable à écouter, mais dont les mélodies sont parfois dévalorisées par des digressions un peu gratuites du batteur Nicolas Charlier et du pianiste Thomas Enhco qui veut trop en faire.

Viennent ensuite les résultats du trophée Matmut 2012, pour lequel avaient concouru cent cinquante candidats venus de quinze pays différents. Après une sévère sélection qui avait réduit à vingt les candidatures, le jury en a choisi trois, que le président François Lacharme devait annoncer. Mais c’est là qu’il a, comme on dit, pété un câble : au lieu d’annoncer simplement : « troisième More Drums, deuxième Just Friends, et premier prix Rémi Toulon », voilà le président du jury qui part dans une prophétie selon laquelle le jazz classique était promis à l’extinction et qui tente de rallumer, sous les yeux étonnés des spectateurs, une nouvelle Querelle des Bouffons (1752-1754). Comme le citoyen lambda pas futé qui profite de l’émission de téloche pour saluer son frère, sa mère, son cousin, ses collègues et la fille de la voisine, il profite du monopole du micro et de l’absence de contradicteurs éventuels pour faire état de ses préférences stylistiques, et ce, sans respect pour les musiciens d’autres styles justement présents et sous les fenêtres de monsieur Panassié, pape du classicisme. Le procédé manque d’élégance, on en conviendra, mais comme disait Audiard, « ils osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Retenons plutôt les noms des lauréats, More Drums, Just Friends, ainsi que Rémi Toulon dont nous avions déjà parlé dans ces mêmes colonnes (voir articles Tulle 2009 et Take 3).

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La seconde partie voit arriver les dix-sept musiciens du Red Star Orchestra et leur chanteuse Olivia Ruiz. Un concert et un spectacle qui ont dû défriser le président ci-dessus cité, mais qui a enchanté le public et tous ceux qui ont des oreilles. Olivia Ruiz qui s’excuse de n’être point une chanteuse de jazz mais qui l’est sans doute bien davantage que d’autres, arrive sur scène remontée comme un réveil et nous chante, les deux doigts dans la prise (et c’est du triphasé) un « Sing Sing Sing” et un “The More I See You” qui décoiffent. ¨Puis, c’est « Girl Talk”, plus connu en France sous le titre de Nougaro, (Dansez sur moi ») qu’elle joue autant qu’elle chante, puis « September in the Rain ». C’est une véritable meneuse de revue (« Bewitched ») où elle joue, avec dérision les Marilyn Monroe. Place à son titre-fétiche « La Femme Chocolat » qu’elle a transformé en jazz. Les premiers rangs sont debout et dansent. Un moment de gravité avec le « Strange Fruit » de Billie Holiday sur fond de décor écarlate et avec un beau solo de clarinette basse, mais, hélas, sans présentation, ce que je déplore un peu, car le jazz, c’est aussi ça, une musique qui signifie quelque chose de tragique. Elle enchaîne, toujours à fond les manettes, sur « Sway » de Michael Buble, opère en ombre chinoise un strip-tease du plus bel effet et revient pour conclure sur « Just One of Those Things” et son succès “J’ Traîne mes pieds”. Le public est en délire. Au total, cette jolie femme élégante et simple s’est révélée un monstre de scène, une bombe qui ne pouvait que plaire à quiconque sait ce que swing veut dire. Et ils sont nombreux, quoi qu’en disent les vaticinateurs et les astrologues.



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