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14ème festival "Musique et Nature en Bauges" le 15 août à Bellecombe-en-Bauges (Savoie)

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Vingt et une heures, en Savoie. Au cœur du massif des Bauges, la petite et charmante église de Bellecombe est archipleine et l’ensemble vocal Vox Luminis (douze chanteurs solistes et un orgue positif ainsi qu’une viole de gambe) fait son apparition. Disposés en cercle autour du public du centre de l’église, ils commencent par le choral « Mit Fried und Freud ich fahr dahin » dont les paroles sont de Martin Luther lui-même. Vox Luminis est un très bel ensemble (voix parfaites, mise en place extrêmement bien travaillée) dirigé par Lionel Meunier. L’église de Bellecombe ayant une fort belle acoustique, le son y est plein, rond, savoureux et l’auditeur, placé à la croix du transept, comme nous-mêmes, est vraiment au cœur de la musique.

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Ils enchaînent, regroupés cette fois devant l’autel, sur un concert en forme de messe des morts, les Musikalische Exequien, écrit par Heinrich Schütz (1585-1672) pour les funérailles du prince Heinrich Posthumus von Reuss (SWV 279 à 281). Une œuvre étonnante par sa construction et l’extraordinaire palette de duos, de trios, de quatuors, de quintettes, de sextettes, etc. jusqu’aux tutti, tous différents, tous se répondant comme en écho, avec une verve et une multitude de combinaisons fort étrange à cette époque. Cette œuvre semble, à elle seule, une sorte de florilège, de bouquet, d’anthologie de ce qu’on peut faire vocalement. Et Heinrich Schütz, prédécesseur de Jean-Sébastien Bach, était un ouvreur de pistes extrêmement doué. A l’entracte, le public, sorti pour se rafraîchir, n’en finissait pas de s’extasier de la maîtrise déployée par le groupe Vox Luminis pour dévoiler toutes les richesses de cette excellente musique.

La seconde partie nous donne à entendre des membres de la famille Bach, sur des airs, des motets qui reprennent ceux de cette messe des morts d’Heinrich Schütz sur des musiques de leur cru.

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Ce sont tout d’abord quatre motets de Johann Michael Bach (1648-1694), un des oncles de Jean-Sébastien. A huit, à onze, à douze puis de nouveau à onze, l’ensemble Vox Luminis nous donne «Le Sang de Jésus Christ », « Seigneur, si je n’avais que toi », « Notre vie dure 70 ans » et « Je sais que mon sauveur vit », quatre passages, motets et autres, qu’on trouvait dans les SWV 279 à 281 de Schütz.

Puis, c’est un autre oncle de Bach, le frère ainé du précédent, Johann Christoph Bach (1642-1703) qui a écrit, lui, un autre Cantique de Siméon, qu’on vient d’entendre en première partie, sous le numéro SWV 281. Ils le chantent à huit, dont deux femmes. Du très beau travail, de la très belle musique. Décidément, avec des oncles comme ceux-là, il partait bien dans la vie, Jean-Sébastien !

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Puis c’est son cousin, Johann Ludwig Bach (1677-1731) qui nous offre un autre « Sang de Jésus Christ » écrit par lui et interprété par huit chanteurs (encore huit, mais pas les mêmes).

Le final, en apothéose, verra arriver du Jean-Sébastien Bach lui-même, le BWV 159a, « Ich lasse dich nicht » (Je ne te laisserai pas) tiré de la Genèse,  et donc bien dans la lignée des Musikalische Exequien de Schütz. en rappel, c’est d’ailleurs le « Notre vie dure soixante-dix ans » de Schütz que reprendra le Vox Luminis de Lionel Meunier.

On ne peut que saluer le choix de cet ensemble vocal, l’intelligence de cette programmation qui, en une soirée, nous montre l’immense complexité d’une musique qui est aux prémices de la nôtre, et la grande profondeur, foi et espérance mêlées, de ces musiques funéraires.

Enfin, et pour ne pas rester dans un esprit d’enterrement,  je sens bien qu’il me faut répondre à une question existentielle qui taraude l’esprit de certains de nos lecteurs. Comment s’appellent donc les habitantes de Bellecombe ? Inutile de le nier, messieurs, je le sais. Eh bien, non seulement elles s’appellent comme vous le pensez, mais elles l’assument et préfèrent même s’appeler comme ça, plutôt que « moches qu’on ignore ».

Texte d'Yvette Canal – Photos de Michel Bedin

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