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  • Michel Bedin
  • Musique

CD : Tango de Bute - Juanjo Lopez Vidal

vidal-tango-de-buteDurée : 35’ 35’’
EUCD 2407 (www.arcmusic.co.uk)
Notation : (4/5)

Le chanteur Juanjo Lopez Vidal, accompagné par un simple trio (Carlos Guillermo Buono au bandonéon, Juan Alberto Pugliano au piano et Daniel Cucci à la contrebasse), a enregistré à Buenos Aires ce CD de tango, qu’il a appelé, en lunfardo, (l’argot portègne), « de bute », ce qui donnerait en français, « tango au poil », ou « tango nickel-chrome ».

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La voix est belle, l’accompagnement est excellent, le choix des chansons l’est aussi, à deux exceptions près : « Chiquilin de Bachin » et « Jacinto Chiclana », non à cause de leur musiques qui sont, effectivement, « de bute », ni même de leurs paroles, qui le sont aussi, mais à cause de la personnalité de leur auteur : Astor Piazzolla. En effet, Juanjo Vidal chante du Discépolo-Mores, puis des tangos d’Eladia Blazquez, très courageux (« Viens t’asseoir un moment, l’humanité s’écroule, on ne peut même plus chercher Dieu dans les coins, on l’a kidnappé et personne ne veut payer la rançon, viens maintenant qu’il a tant de gens sans pitié et tant d’autres sans cœur »). Ecrire et chanter cela en Argentine au temps des généraux était très courageux, beaucoup plus que d’aller dîner avec le général Videla, comme l’a fait Astor Piazzolla, ce dont s’offusquait même sa propre fille Diana (« je ne le lui ai jamais pardonné » a-t-elle dit) et que son fils Daniel résumait en disant : « L’égoïsme était sa seule religion ». Le tango « Jacinto Chiclana » double la mise, puisque ses paroles sont de Jorge Luis Borges qui, lui non plus, n’a pas attrapé des crampes à défendre la démocratie en Argentine. Nous savons que, comme dit le poète, Brassens en l’occurrence : « Il est toujours joli, le temps passé / Une fois qu’ils ont cassé leur pipe / On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés / Les morts sont tous de braves types », n’empêche, les faire passer pour des héros est peut-être un peu exagéré. Comme m’avait dit le pianiste Miguel-Angel Estrella : « Borges et Piazzolla, j’ai eu la même pensée envers eux, en les voyant marcher devant moi : ils sont admirables, mais comme j’aimerais leur botter le cul ! »  A part ces erreurs de casting (mais en sont-elles ?), il est vrai que ce CD est remarquable et les tangos de Carlos Gardel qui le terminent sont superbes (« Melodia de arrabal », « Por une cabeza », « Volver »). Au final, un très bon CD.

P-S : Une rectif’ de dernière minute pour le livret bilingue anglo-allemand : Staviski était français, monsieur ! On a les héros qu’on peut.

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