CD : Biber, Froberger, Schmelzer, Walther - Concert à la cour des Habsbourg
par l’ Ensemble Stravaganza
Aparté ( Harmonia Mundi )
Durée : 62’ 15’’
Notation : 
(5/5)
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L’Allemagne du 17e siècle semble constituer un fantastique réservoir de compositeurs qui, malgré le contexte d’une période sinistre (la Guerre de Trente ans) produisent une musique extraordinairement variée et prenante, suivant des chemins propres au génie allemand et diamétralement opposée aux voies suivies par exemple par l’Angleterre et la France.
Les quatre musiciens représentés dans ce CD donnent un aperçu assez caractéristique de l’art instrumental de cette Allemagne mystérieuse et méconnue de ce XVIIe siècle agité et troublé. C’est bien sûr Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704) qui constitue la moitié de ce CD avec notamment la sonate n°5 de 1681, la sonate n°3 de 1681 et surtout la Crucifixion, provenant du recueil des sonates du Rosaire datant de 1678. Biber déploie dans ces sonates un sens inné du descriptif, construisant avec une hardiesse impétueuse des paysages sonores inédits souvent bouleversants. Le second compositeur de ce CD est Johann Heinrich Schmelzer (1623-1680), âgé de plus de vingt-ans que Biber et compositeur officiel de Léopold 1er. Il a sans nul doute contribué à la formation de Biber, mais a également durablement contribué à l’éclosion du talent de compositeur de Johann Jakob Walther (1650-1717). Sa Sonata Tertia gravée ici reflète parfaitement son style, fait de gravité expressive d’une très grande intensité émotionnelle. Un autre compositeur fait son apparition dans ce CD : il s’agit de Johann Jakob Froberger (1616-1667) connu exclusivement pour son œuvre pour le clavecin ainsi que pour ses pièces pour orgue. L’œuvre de Johann Jakob Froberger présentée ici se signale par sa singularité puisqu’il s’agit en fait d’un hommage rendu à la mémoire de l’Empereur Ferdinand III, un généreux donateur qui permit au compositeur d’effectuer de nombreux voyages en Europe. Cette œuvre dédiée à Ferdinand III s’intitule « Lamentation, faite sur la très douloureuse mort de sa majesté impériale, Ferdinand le Troisième, et se joue lentement avec discrétion, 1678 ». Une œuvre exécutée évidemment pour clavecin seul où Johann Jakob Froberger dépeint avec une grande sincérité son terrible chagrin face à la disparition de son protecteur. Enfin il faut aussi parler de la présence dans ce CD de Johann Jakob Walther. Il est présent ici avec sa suite n°8, datant de 1688 qui se compose de trois parties se terminant par une Variatio, Giga plutôt démonstrative sur le plan de l’invention mélodique. Un premier CD très réussi pour l’Ensemble Stravaganza, qui signe ici un très bel hommage à un continent presque inconnu de l’Europe du Nord : l’Allemagne du 17e siècle.
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