CD : Art nouveau par Teodora Gheorghiu (soprano) et Jonathan Aner (piano)
Strauss, Zemlinsky, Ravel, Respighi
Aparté (Harmonia Mundi)
Durée: 59’18’’
Notation : 
(5/5)
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C’est délibérément sous le signe de l’Art nouveau que se construit le programme de la jeune soprano roumaine Teodora Georghiu. Une manière de célébrer Vienne puisque Richard Strauss et Alexander Zemlinsky occupent à eux seuls près de la moitié de ce CD.
Richard Strauss est présent avec deux recueils de lieder. Avec d’abord Mädchenblumen op.22 qui distille ses volutes somptueuses, qui est suivi d’un second recueil Drei Lieder der Ophelia op.67. 1-3 qui contient l’étourdissant et très virtuose Guten Morgen, ‘s ist Sankt Valentinstag. Alexander Zemlinsky, un compositeur qui d’une certaine façon représente le lien entre Strauss, Mahler et Schönberg, figure ici avec un ensemble de six lieder, intitulé Walzer-Gesänge nach toskanischen Volks-Ledern von Ferdinand Gregorovius op.6. Après ce voyage au sein d’une ville qui à elle seule dans ce début du XXe siècle concentre non seulement un formidable potentiel musical, lui assurant une position dominante sur l’Europe, mais également sur le plan pictural avec des peintres comme Gustav Klimt et Egon Schiele,Teodora Gheorghiu s’investit dans le domaine français.
Avec Maurice Ravel nous abordons des rivages bien différents marqués par une certaine recherche de l’exotisme et d’univers lointains et étrangers. Des univers que Maurice Ravel affectionne et que l’on retrouvera magiquement évoqués dans son catalogue musical. Ici, ce sont les Cinq mélodies populaires grecques, où le compositeur du Boléro nous révèle une Grèce rêvée qui se termine par une mélodie ahurissante de légèreté, quasiment bondissante intitulée justement Tout gai ! Une mélodie qui offre un contraste frappant avec la Ballade de la reine morte d’aimer, qui reprend le thème fascinant du Roi de Thulé. Enfin, c’est au compositeur italien Ottorino Respighi de conclure ce CD. Ottorino Respighi qui a subi l’influence évidente sur le plan de l’orchestration, de compositeurs tels que Rimski-Korsakov et surtout Richard Strauss, supporte pourtant avec dextérité l’exercice difficile du lied, en particulier dans ce recueil Deità silvane datant de 1917, qui évoque le monde de la mythologie et nous fait redécouvrir un univers peuplé de nymphes, naïades et autres faunes.
Teodora Georghiu qui interprète avec passion et une grande maîtrise vocale ces lieder et mélodies peut afficher déjà un beau palmarès, en intégrant à seulement vingt-cinq ans le Staatsoper de Vienne ! C’est précisément à Vienne qu’elle a pu chanter en compagnie de chanteurs tels que Neil Shicoff, Leo Nucci et Juan Diego Florez. Mais elle a pu surtout chanter sous la direction de chefs d’orchestre aussi illustres que Seiji Ozawa, Franz Welser-Möst et Adam Fischer. Mais elle a aussi abordé une autre forme de répertoire : le baroque avec Christophe Rousset. Jonathan Aner qui accompagne Teodora Georghiu au piano, peut lui aussi afficher déjà une belle carrière. Non seulement membre fondateur du Tel-Aviv Trio, il est l’invité de nombreux festivals internationaux et est actuellement professeur de piano pour la musique de chambre à la réputée Hochschule für Musik « Hanns Eisler » de Berlin. Il n’est pas inutile non plus de préciser que Jonathan Aner a bénéficié de l’importante et décisive influence musicale et artistique de deux grandes figures du piano : Murray Peraya et Andras Schiff.
Disponible en CD et téléchargement sur Amazon
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