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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert du 10 décembre à l'Opéra Comique : Schubert, Mozart, Sibelius sous la direction de Thomas Dausgaard

Thomas Dausgaard-credit-Ulla-Carin-Ekblom

Orchestre Philharmonique de Radio France, direction
Jonathan Biss, piano

LA SUITE APRÈS LA PUB

Sans le dévouement d’un ami de Schubert, un certain Anselm Hüttenbrenner, il est évident que nul n’aurait jamais entendu parler de cette Symphonie n°8 de Franz Schubert. Car le manuscrit de cette Symphonie  quasiment abandonnée lui avait été confié par Schubert et avait croupi tranquillement dans un tiroir jusqu’à ce que cet ami- nous sommes alors en 1865 !- décide soudainement de faire exécuter cette œuvre oubliée de Schubert alors que celui-ci dort depuis longtemps au cimetière de Vienne.

Bien que limitée à seulement deux mouvements(il n’existe qu’une vague ébauche d’un Scherzo)cette Huitième Symphonie dite « Inachevée » va assurer à jamais une gloire foudroyante à l’auteur du lied « La Truite »reléguant dans l’ombre les précédentes Symphonies y compris l’ultime et dernière Symphonie n°9 dite « La Grande ».Avec cette Huitième Symphonie, Schubert dit définitivement adieu non seulement à Mozart et Haydn mais également à un compositeur dont il est le cadet de cinq ans un certain Gioacchino Rossini dont les opéras triomphent partout en Europe. Construite dans la sombre tonalité de si mineur la Symphonie affiche dès le premier mouvement Allegro moderato un farouche désespoir, que ne vient guère tempérer le second mouvement qui affiche une  tenace mélancolie, teintée d’inquiétude. Le Concerto n°22 de Mozart surprend par la richesse de son orchestre qui réunit outre les cordes, les timbales, deux trompettes, deux cors, une flûte, deux bassons, deux clarinettes, mais ne comprend aucun hautbois !Le premier mouvement par son côté presque martial n’est pas sans évoquer le premier mouvement du Concerto n°21, alors que le deuxième mouvement affiche un ton presque tourmenté, chargé d’émotion. Contrastant avec cet Andante, le Troisième mouvement Allegro hésite entre gaieté et tristesse, réservant dans les mesures finales une surprise en forme de fausse fin (facétie que pratiquait non seulement Mozart mais fréquemment Haydn dans ses Symphonies).C’est du côté de la Scandinavie que se situait la dernière partie du concert avec une œuvre âpre, d’une noirceur extrême de Jean Sibelius : sa Symphonie n°6 que le compositeur dirigera lui-même pour sa  création le 19 février 1929 à Helsinki. L’œuvre s’ouvre par un Allegro molto moderato qui bien que débutant pianissimo va subir de multiples métamorphoses, accumulant orages d’une rare violence et séquences de temps suspendu, confinant au vertige. Le deuxième mouvement Allegretto moderato(Andantino) malgré une tendance à évoquer un sentiment pastoral procure à l’auditeur un sentiment oppressant d’étrangeté diffuse. Changement d’atmosphère total avec le troisième mouvement indiqué Poco vivace. Ici les bois prennent une importance considérable dans ce mouvement cristallin, transparent, qui sans cesse semble dans une course effrénée s’enrouler perpétuellement sur lui-même. L’Allegro molto qui met fin à cette Sixième Symphonie de Sibelius renouant avec certains épisodes tumultueux du premier mouvement finit par s’abîmer dans le silence,  dans l’énigmatique le plus absolu. Thomas Dausgaard chef d’orchestre danois n’en est pas à sa première apparition avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Pour débuter il nous donnait de la Symphonie n°8 de Schubert une version assez inhabituelle, plutôt décapante, mais sachant conserver à l’œuvre toute sa force dramatique. C’est  au jeune pianiste américain Jonathan Biss que revenait la délicate tâche d’interpréter le Concerto n°22 de Mozart. Il s’acquittait de cette périlleuse entreprise avec un sens profond de la couleur et du discours mozartien qu’il confirmait ultérieurement en interprétant en guise de bis le deuxième mouvement d’une Sonate pour piano de ce même Mozart. Thomas Dausgaard confronté à la Symphonie n°6 de Jean Sibelius nous en offrait une vision abrupte presque sauvage prenant une direction totalement opposée à la tradition en vigueur Outre-Manche concernant la façon d’interpréter Sibelius et représentée par des chefs tels que Sir Colin Davis ou Sir John Barbirolli. En guise d’adieu aux auditeurs plutôt enthousiastes de l’Opéra Comique, le chef danois Thomas Dausgaard  leur offrait une assez extraordinaire pièce de Jean Sibelius entièrement écrite pour les cordes mais qui au tout dernier moment fait intervenir les timbales : l’Andante Festivo.



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