CD English Delight
Adrien La Marca (alto), Thomas Hoppe, (piano)
Rebecca Clarke, John Dowland, Benjamin Britten, Frank Bridge, Jonathan Harvey, Ralph Vaughan Williams, Henry Purcell
La Dolce Volta (Distribution : Harmonia Mundi)
Durée du CD :63’10’’
Notation : 
(5/5)
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Un CD qui ne craint pas l’originalité puisqu’il débute par la Sonate pour alto et piano d’une compositrice totalement inconnue en France. Il s’agit de Rebecca Clarke native d’Angleterre (1886-1979). Le premier mouvement de cette Sonate pour alto et piano, un Impetuoso vif et décidé déroule ses méandres sans rencontrer d’obstacles, proposant des paysages sonores inédits. Le second mouvement indiqué Vivace est plein de facétie et de légèreté. Quant au troisième mouvement, un Adagio-Allegro assez développé, il distille un climat rêveur, nous menant à terme vers de vastes horizons inconnus. Contemporaine du célèbre Concerto pour violoncelle et orchestre de Sir William Elgar (1919) cette Sonate pour alto et piano de Rebecca Clarke semble parfois faire songer à Maurice Ravel mais n’en conserve pas moins une originalité indéniable et nous inciterait à redécouvrir le Trio et les deux Quatuors qu’elle a également composés.
Les deux œuvres qui suivent sont des transcriptions pour alto et piano de deux Songs de John Dowland (1563-1626) réalisées avec une habilité consommée. Les Lacrymae op.48 de Benjamin Britten (1913-1976) constituent la pièce la plus importante de ce CD après la Sonate de Rebecca Clarke. Cette œuvre, datant de 1950, est presque contemporaine de la Spring Symphony op.44composée un an plus tôt en 1949. Benjamin Britten y sculpte de délicats motifs sonores oscillant constamment entre gravité et grâce sans jamais s’orienter vers une quelconque noirceur.
A présent c’est à Frank Bridge (1879-1941), le maître de Benjamin Britten, de figurer dans ce CD avec deux courtes pièces : Pensiero H.53 et Allegro appassionato H.82. La première de ces pièces : Pensiero H.53 remonte à 1904 et installe un climat passionné, s’effaçant pour laisser place à un Allegro appassionato H.82 aux arêtes vives dans lequel l’auteur adopte un ton plutôt optimiste. John Harvey (1939-2012) nous révèle un monde sonore neuf et multiple dans son Chant pour alto solo qui date de 1993.
Sir Ralph Vaughan Williams (1872-1958) auteur de neuf symphonies remarquables composées entre1910 et 1958 est également l’auteur de ces Six Studies in English Folk Song. La première de ces Etudes, un Adagio (Lovely on the Water) est d’une étrange suavité et sera suivie d’un Andante sostenuto (Spurn Point) aux contours mélodiques sinueux. La troisième Etude, un Larguetto (Van Dieman’s Land) est d’une belle intensité, suivie d’un Lento constituant la quatrième Etude (She Borrowed Some of her Mother’s Gold). L’Andante tranquillo (The Lady and the Dragon), qui est la cinquième Etude, rappelle de manière surprenante une tournure mélodique proche de certaines œuvres de Dvorak. Quant à la sixième Etude, un Allegro vivace (AsI Walked Over London Bridge) elle consiste en un air joyeux empruntant des rythmes endiablés. C’est à l’immortel auteur de Didon et Enée, Henry Purcell (1659-1695) de conclure ce CD avec Music for a While dans un arrangement réalisé par Michael Tippett (1905-1998).
L’interprétation de ce répertoire britannique par Adrien La Marca, alto, activement soutenu au piano par Thomas Hoppe, séduit immédiatement par son intériorisation passionnée dénuée de toute neutralité banalisante. On sent ici la volonté affichée de deux interprètes cherchant à approcher au plus près la sensibilité de chaque compositeur.
Michel Jakubowicz
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