Concert de Philippe Cassard à la Salle Gaveau du 11 février 2016
Philippe Cassard, piano
Mozart, 9 Variations sur un menuet de Duport, K573
Beethoven, 6 Variations en fa majeur, op.34
Mendelssohn, Variations en ré mineur, op.54
Liszt, Sonate pour piano en si mineur
Concert donné le jeudi 11 février 2016 à 20h30 à la Salle Gaveau
www.philippecassard.com
www.philippemaillardproductions.fr
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Philippe Cassard jouait un peu la carte de l’originalité ce soir-là Salle Gaveau. Bien sûr Mozart, Beethoven, Mendelssohn et Liszt étaient inscrits à son programme, mais surprise, Schubert, dont il est un interprète émérite, ne faisait pas partie du voyage. Cela alors même que Philippe Cassard est de plus l’auteur d’un remarquable petit ouvrage sur Schubert publié chez Actes-Sud. En fait, l’originalité de ce concert résultait du choix inhabituel de Philippe Cassard, car aucune de ces Variations (Mozart, Beethoven, Mendelssohn) n’apparait fréquemment dans les récitals pour piano.
C’était donc avec les 9 Variations sur un menuet de Duport K 573 de Mozart que s’ouvrait ce concert dédié à la Variation ainsi qu’à la Sonate en si mineur de Liszt. Ces Variations sur un menuet de Duport K 573 de Mozart sont en fait contemporaines du Quatuor No21 K575 qui représente l’ultime aboutissement de Mozart dans le domaine du Quatuor à cordes. En 9 Variations d’une fulgurante inventivité, Mozart s’empare du modeste menuet de Duport, multipliant les surprises et accumulant comme à plaisir d’incroyables séquences de pure virtuosité.
La seconde œuvre inscrite au programme de Philippe Cassard consistait en 6 Variations en fa majeur, op.34 de Beethoven. Datant de 1802, ces Variations op.34, bien que beaucoup moins célèbres que les fameuses Variations sur un thème de Diabelli, sont pourtant riches en rebondissements, réservant à l’auditoire d’étonnantes découvertes sonores dont est coutumier Beethoven.
C’était à présent au tour de l’auteur du Songe d’une Nuit d’été, Mendelssohn, d’apparaître dans ce récital de piano. Composées en 1841, ces Variations sérieuses en ré mineur, op.54 sont en fait contemporaines d’une œuvre qui assura à Mendelssohn une célébrité certaine en Grande-Bretagne : la Symphonie No3 « Ecossaise ». Débutant par un Tema, Andante Sostenuto, ces Variations sérieuses au nombre de dix-sept se terminent par un fulgurant Presto.
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C’est avec l’immense Sonate en si mineur de Liszt que prenait fin ce récital imaginé et interprété par Philippe Cassard. Une œuvre totalement visionnaire dans laquelle l’auteur de la Faust-Symphonie semble ouvrir au piano des horizons insoupçonnés. Car en effet, Liszt, magicien du piano met au point dans cette œuvre un procédé dit cyclique que Wagner, Franck, Chausson, mais aussi Schumann (Symphonie No4) mettront en pratique dans leurs œuvres musicales. Formé par Dominique Merlet, Leon Fleisher et Nikita Magaloff, Philippe Cassard a aussi assuré la direction de plusieurs festivals comme celui de Gerberoy ou d’Aix-Les-Bains.
Ce soir-là à la Salle Gaveau, Philippe Cassard donnait des 9 Variations sur un menuet de Duport de Mozart une vision à la fois très virtuose mais n’excluant nullement l’impression d’entendre crépiter quelque chose proche du jubilatoire. Dans les 6 Variations en fa majeur, op 34 de Beethoven, Philippe Cassard en révélait l’aspect à la fois volontaire et décidé, manifeste d’une prodigieuse inventivité, omniprésente dans cette œuvre. Avec Mendelssohn, Philippe Cassard savait révéler à travers ces Variations sérieuses op. 54, l’esprit aérien, léger et subtil de celui qui dès ses dix-sept ans savait nous transporter au pays des elfes dans son Ouverture du Songe d’une Nuit d’été…Quant à la Sonate en si mineur de Liszt, Philippe Cassard non content d’en surmonter avec sang-froid tous les pièges innombrables qu’elle recèle, savait aussi en faire apparaître l’aspect visionnaire, grâce à une technique pianistique admirable, réellement impressionnante.
Texte : Michel Jakubowicz
Images : Salle Gaveau et Bibliothèque Nationale de France