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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Coffret 3 CD : David Grimal, Les Dissonances (livre- disque)

David Grimal violon disonnances CD

Bartok, Bernstein, Chostakovitch, Schnittke, Schoenberg
Dissonances Records (Distribution : Harmonia Mundi)
CD I : 49’49’’ CD II : 42’02’’ CD III : 74’16’’
Notation : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

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Créé sous l’impulsion de David Grimal en 2004, l’ensemble à géométrie variable Les Dissonances peut nous faire voyager musicalement du XVIIIe s. jusqu’à nos jours. Ces trois CD proposent un ensemble d’œuvres significatives du XXe siècle dues à Bartok, Bernstein, Chostakovitch, Schnittke et Schoenberg.

C’est avec une transcription pour orchestre à cordes du Quatuor N°10 de Chostakovitch que débute ce premier CD. Rudolf Barshaï, ami et grand interprète  de Chostakovitch, en a réalisé la transcription, transformant l’œuvre originelle de Chostakovitch (Quatuor à cordes N°8) en Symphonie de Chambre op.110 a pour orchestre à cordes. Le Divertimento pour cordes Sz.113 de Béla Bartok constitue le second volet de ce CD. Bien que composé en Suisse dans un calme relatif, ce Divertimento qui comporte trois mouvements exprime l’angoisse de Bartok qui, au mois d’août 1939, pressent un avenir sinistre pour l’Europe et n’est que trop conscient de la montée imminente des périls. Le Molto adagio qui tient lieu de second mouvement reflète l’angoisse, la terreur du compositeur qui vit en Hongrie, pays déjà asservi par une dictature.
Le CD No2 est entièrement consacré à deux œuvres d’Arnold Schoenberg : ses deux Symphonies de chambre. La Symphonie de Chambre N°1 op.9 qui débute le disque semble dans un premier temps évoquer irrésistiblement Richard Strauss plutôt que Johannes Brahms auquel Schoenberg reste très attaché puisqu’il va aller jusqu’à orchestrer son Quatuor avec piano op.25. Bien que rattachée à la période des Gurre Lieder, de La Nuit transfigurée et de Pelléas et Mélisande, cette Symphonie de Chambre op.9 semble vouloir suivre « harmoniquement parlant » d’autres chemins. La seconde Symphonie de Chambre op.38 en deux mouvements débute par un Adagio d’une douceur presque suspecte, introduite par la flûte. Bientôt ce climat faussement serein va laisser les cordes installer un climat morbide et tourmenté. Le deuxième mouvement de cette Symphonie de Chambre op.38 pourrait un bref instant évoquer le climat des deux Sérénades de Brahms mais bientôt l’obscurité semble envahir l’espace et de sombres accords proférés par de sinistres cuivres et le cor anglais mettent fin  à toute clarté et à tout espoir.

David Grimal Dissonnances CD

Le troisième CD  de cet album présenté comme un livre-disque débute par une œuvre assez singulière de Leonard Bernstein. Il s’agit de la Sérénade pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussion d’après Plato’s Symposium. L’œuvre trace d’abord le portrait de Phaedrus Pausanias (Lento ; Allegro) à l’aide des cordes soutenues activement par différentes percussions. Aristophanes (Allegretto), qui constitue la deuxième pièce de cette Sérénade, est très vive, mais la pièce suivante, Erixymathus (Presto) est nettement plus martiale, marquée par de fracassantes interventions de la caisse claire. Agaton (Adagio), la quatrième pièce, bien que débutant dans le calme, voit soudainement le ciel s’assombrir et de violents orages éclater. Socrates ; Alcibiades (Molto tenuto ; Allegro vivace), la pièce la plus développée de cette Sérénade, installe un climat tendu, presque oppressant, caractérisé par une sorte d’affrontement opposant les timbales aux cordes. Leonard Bernstein usant d’une écriture néo-classique donne à cette Sérénade une force et une cohésion certaines. C’est avec une œuvre d’Alfred Schnittke (1934-1998) son Concerto Grosso No1, faisant appel à deux violons solos que prend fin ce CD. On connaît la faculté particulière de ce compositeur pratiquant l’art du « collage » avec dextérité à l’égal de Luciano Berio. Alfred Schnittke débute son  Concerto Grosso No1 par un inquiétant et grinçant Preludio. La Toccata qui suit est d’une grande âpreté. Elle est suivie d’un Recitativo d’une gravité surprenante faisant presque exclusivement appel aux cordes  de l’orchestre. La Cadenza suivante laisse librement s’exprimer les deux violons solos qui font, tous deux, assaut de virtuosité. Le Rondo est visiblement un hommage rendu dans son début à l’ère du violon baroque nécessitant la présence du clavecin. Le Postlude qui met fin à ce Concerto Grosso nous pétrifie d’angoisse et semble se refermer sur d’indicibles ténèbres. Mozart à la Haydn, pour deux violons, deux petits orchestres à cordes, contrebasse et chef d’orchestre également signé par Alfred Schnittke est un ahurissant collage d’œuvres de Mozart et Haydn permettant malgré la brièveté des séquences  d’identifier par exemple le début de la Symphonie No40 en sol mineur de Mozart. Au total un parcours étonnant effectué au XXe siècle par Les Dissonances auquel manque peut-être la présence d’œuvres d’Igor Stravinski.

Texte de Michel Jakubowicz

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