CD Europe 1920, Sonates pour violon et piano par Gabriel et Dania Tchalik
Ottorino Respighi, Sonate pour violon et piano en si mineur
Leos Janacek, Sonate pour violon et piano JW VII/7
Boris Lyatoshynsky, Sonate pour violon et piano op.19
Maurice Ravel, Sonate pour violon et piano
Evidence (Distribution Harmonia Mundi)
Durée du CD : 82’09’’
Notation : 
(5/5)
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Programme marqué par le sceau de l’originalité pour ce CD consacré aux Sonates pour violon et piano composées durant le premier quart du XXe siècle.
Si les Sonates de Janacek et de Ravel sont des œuvres qui ont depuis longtemps conquis un auditoire, celles de Respighi et de Lyatoshynsky restent encore relativement ignorées. Datant de 1917, la Sonate pour violon et piano d’Ottorino Respighi, composée à la même époque que son célèbre Poème symphonique « Les fontaines de Rome », débute par un Moderato d’une belle vivacité, laissant s’installer un climat apaisé parfois teinté de réminiscences straussiennes. L’Andante espressivo.qui suit ce Moderato, conserve lui aussi ce climat fait de sérénité et de passion contenue, exprimant un lyrisme chaleureux. La Passaglia qui termine cette Sonate, conserve l’aspect passionné et flamboyant des deux mouvements précédents, s’achevant curieusement sur un ton empreint d’une gravité légère.
Composée juste avant son premier Quatuor à cordes datant de 1923, la Sonate pour violon et piano de Leos Janacek débute par un premier mouvement indiqué : Con moto, plein d’énergie, évoluant dans une atmosphère lumineuse. Il sera suivi d’une Ballada : Con moto plein d’une irrépressible nostalgie. L’Allegretto suivant est chargé d’une vitalité expressive d’une grande intensité. Quant au Finale, débutant dans la retenue, il s’achève dans un climat nimbé de mystère. Contemporain de Serge Prokofiev, Boris Lyatoshynsky semble marqué par l’influence d’Alexandre Scriabine, qu’il rejettera assez rapidement. Sa Sonate pour violon et piano, datant de 1926, débute par un Allegro impetuoso écrit dans un style âpre et rude, parfois influencé par l’expressionnisme propre au répertoire allemand composé à la même période. L’Allegro molto risoluto qui termine cette Sonate est d’une nature plus lyrique et permet à l’œuvre de s’achever dans un optimisme relatif.
La Sonate de Maurice Ravel qui conclut ce CD date d’une époque très féconde pour le compositeur puisque seront composés durant cette période non seulement Tzigane mais surtout L’Enfant et les sortilèges dédié au monde de l’enfance et des mystères insondables auxquels est confronté l’enfant lorsque par mégarde il s’aventure dans un univers magique, empli de créatures fantastiques. Le premier mouvement de cette Sonate de Maurice Ravel, un Allegretto, est plutôt rêveur, cherchant à nous entraîner dans des contrées proches du merveilleux, du conte de fées. Intitulé Blues, le second mouvement marqué tout comme le Concerto pour piano en Sol par le jazz, affirme une certaine nonchalance malgré ses rythmes syncopés. Perpetuum mobile qui constitue le dernier mouvement possède une fébrilité nerveuse, génératrice d’un dynamisme contagieux qui achève l’œuvre d’une manière imprévue. Gabriel et Dania Tchalik qui sont les interprètes de ce CD sont tout simplement admirables de cohérence et de musicalité, communiquant à ce répertoire souvent ignoré (Lyatoshynsky et Respighi) toute leur énergie et toute leur conviction.
Michel Jakubowicz
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