CD : Tchaïkovski, Sérénade pour cordes en ut majeur, op.48 & Sibelius Quatuor à cordes en ré mineur op.56 « Voces Intimae »
Orchestre d’Auvergne ; direction, Roberto Forés Veses
Aparté (Distribution Harmonia Mundi)
Durée du CD : 60’
Notation : (4/5)
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Composée en 1880, la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski est contemporaine d’autres œuvres orchestrales importantes. Il y a d’abord la tapageuse Ouverture 1812 dont le final fracassant fait résonner dans sa conclusion grandiose cloches et canons, ainsi que la dramatique et enfiévrée Ouverture Fantaisie Roméo et Juliette.
Le premier mouvement de la Sérénade pour cordes s’ouvre par un Pezzo en forma di Sonatino d’une grande ampleur où Tchaïkovski exprime ses tourments et ses inquiétudes.La Valse qui constitue le deuxième mouvement représente une sorte d’accalmie toute relative. Le troisième mouvement, une Elégie, opère un retour vers la gravité, sentiment qui n’était seulement qu’esquissé dans le mouvement précédent. Le Finale (Tema Russo) rappelle un peu le Finale de sa Quatrième Symphonie où le compositeur s’abandonnait à un débordement délirant, explosif. C’est en 1909 que Sibelius compose son dernier Quatuor à cordes « Voces Intimae », mettant ainsi un point final à ce genre dans lequel il a déjà produit précédemment trois Quatuors. C’est le Cecil Quartett de Prague qui jouera pour la première fois à Berlin ce Quatuor de Sibelius, le 6 janvier 1910.Par son inspiration, par son intensité expressive, ce dernier Quatuor de Sibelius, qui comprend 5 mouvements se montre en tout point digne de succéder à la Symphonie No3 op.52 de 1907. Le premier mouvement, un Andante qui s’enchaînera à un Allegro molto moderato, nous plonge dans les vastes paysages figés d’une Finlande à la fois magique et hostile où rôderait à jamais la terrible présence du dieu des forêts finlandaises : Tapiola. Le Vivace suivant évoque certains passages de la très secrète Symphonie No6, alors que l’Adagio di molto qui suit évoque la très granitique et hautaine Quatrième Symphonie. Le quatrième mouvement, un Allegretto (ma pesante) diffuse un climat proche de l’anxiété et de la douleur, alors que l’Allegro-Piu qui sert de conclusion semble s’élancer vers de vastes espaces démunis de toute présence humaine. Ce Quatuor à cordes « Voces Intimae » de Sibelius est présenté ici dans une version pour orchestre à cordes dont la partie de contrebasse a été adaptée par Pekka Kuusisto. Le Quatuor op.56 nous rappelle que Sibelius avait déjà dans le passé effectué lui-même une transcription pour orchestre à cordes concernant le troisième mouvement de son Quatuor à cordes op.4.Neville Marriner et Eugene Ormandy avaient dans le passé signé d’inoubliables versions de la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski ce qui n’enlève rien à la brillante interprétation du chef Roberto Forés Veses mettant parfaitement en valeur les cordes somptueuses de l’Orchestre d’Auvergne. Quant à la version pour cordes du Quatuor « Voces Intimae » de Sibelius proposée ici, elle constitue une première et de ce fait elle n’est concurrencée par aucune autre version.
Michel Jakubowicz
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