Concert du 3 février à Radio France, avec Alina Pogostkina et Mikko Franck
ALINA POGOSTKINA, violon
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MIKKO FRANCK, Direction
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Vendredi 3 février 2017, 20H
Auditorium de la maison de la Radio (Paris)
maisondelaradio.fr
Deux compositeurs l’un finlandais, l’autre autrichien, figuraient au programme que dirigeait ce soir-là Mikko Franck avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Jean Sibelius qui incarnait la Finlande nous proposait pour débuter le Nocturne pour orchestre, op.51 No3 provenant du Festin de Balthasar.
Il s’agit en fait d’un court extrait d’une musique de scène composée pour la pièce de Hjalmar Fredrik Procopé. La pièce obtint un succès médiocre lors de sa création le 7 novembre 1906, mais la musique de Sibelius n’eut guère de mal à convaincre les critiques de sa supériorité sur la pièce, ce qui finalement incita le compositeur à en tirer une suite d’orchestre. Très légèrement orchestré, ce Nocturne du Festin de Balthazar hormis les cordes ne fait appel qu’à 1 flûte, 2 clarinettes, 2 cors. Bien que fort bref, ce Nocturne démontre la subtilité de l’orchestre sibelien en donnant par exemple à la flûte un rôle déterminant pour la caractérisation de certains personnages du drame. Composées en 1917, alors que gronde la Révolution russe, les Six Humoresques de Jean Sibelius, sans bien sûr prétendre détrôner son Concerto pour violon et orchestre sont orchestrées avec un sens aigu de la transparence qui est une des caractéristiques de l’orchestration du Maître finlandais. Une évidence qui peut particulièrement s’appliquer à l’Humoresque No2 à l’écriture orchestrale d’une rare fluidité. Les autres Humoresques restent quant à elles très proches de la musique folklorique finlandaise à laquelle Jean Sibelius rend ici hommage. Ces Six Humoresques réclament de la part du soliste une virtuosité à toute épreuve malgré leur relative brièveté. C’est par une pièce orchestrale d’envergure que Mikko Franck décidait de conclure son concert : Une vie de héros op.40 de Richard Strauss. L’œuvre fait appel à un orchestre gigantesque (bois par 4,8 cors, 5 trompettes, 3 trombones, 2 tubas etc…).Bref, un effectif que l’on ne retrouvera que dans la Symphonie Alpestre du même Richard Strauss ou la Symphonie No8 de Gustav Mahler. Comme à son habitude Richard Strauss se met en scène dans cette œuvre colossale, recourant fréquemment à des citations d’œuvres antérieures (Don Juan, Don Quichotte, Ainsi Parlait Zarathoustra, ainsi que le fameux Poème Symphonique : Till l’espiègle). Point culminant d’Une vie de héros : la bataille. Richard Strauss utilise cette partie de son œuvre musicale pour ironiquement terrasser la critique qui tente de le déstabiliser. D’où cette formidable empoignade orchestrale mettant en jeu non seulement une armada de cuivres mais également une imposante panoplie de percussions. L’œuvre après de multiples autres séquences moins spectaculaires va se conclure sur un gigantesque point d’orgue obtenu par un incroyable fortissimo réunissant la totalité de l’orchestre. C’était ce soir-là à la violoniste Alina Pogostkina de défendre ces Six Humoresques de Jean Sibelius rarement exécutées au concert, injustement négligées par rapport au trop célèbre Concerto pour violon du même auteur. Le jeu à la fois vif et engagé de la violoniste russe rendit hommage à ces Six Humoresques les tirant au moins provisoirement de leur relatif oubli. Quant à la prestation de Mikko Franck dans la vie de héros de Richard Strauss elle atteint par sa somptuosité, la réussite qu’il obtenait dans la Symphonie Alpestre du même compositeur. En conclusion, Sibelius et Strauss magnifiquement défendus par Mikko Franck dirigeant un Orchestre Philharmonique de Radio France des grands jours, particulièrement efficace face à de pareils défis orchestraux à relever.
Texte de Michel Jakubowicz
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