Concert du 3 mars à l'Auditorium de Radio France avec Lukas Geniusas et Andrey Boreyko
LUKAS GENIUSAS, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
ANDREY BOREYKO, direction
Serge Prokofiev : Concerto pour piano et orchestre No3 en ut majeur op.26
Piotr Ilitch Tchaïkovski : La Belle au bois dormant, extraits
Valentin Silvestrov : Symphonie No 7 en si mineur
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C’est le chef d’orchestre allemand, naturalisé américain Frederick Stock directeur musical de l’Orchestre de Chicago qui créera le Concerto pour piano No3 de Prokofiev le 16 décembre 1921 avec le compositeur tenant la partie de piano. Ce Concerto No3 de Prokofiev s’oppose totalement au Concerto pour piano No2 d’une écriture nettement plus radicale composé en 1914.
Dans le dernier mouvement du Concerto pour piano No3 (Allegro ma non troppo) apparaissent des thèmes exécutés par le seul orchestre annonçant les futurs Ballets de Prokofiev (Cendrillon, Roméo et Juliette). En seconde partie du concert le chef d’orchestre Andrey Boreyko choisissait d’offrir au public de l’Auditorium sept extraits du Ballet La Belle au bois dormant de Tchaïkovski. Tout comme dans le Lac des Cygnes, Tchaïkovski nous mène dans un univers où le fantastique se substitue au quotidien, effaçant délibérément la réalité au profit de l’onirisme le plus débridé, où la magie déploie ses sortilèges à l’infini. Cet attrait du fantastique dans l’œuvre de Tchaïkovski est une constante qui s’exprime avec encore plus de force dans son opéra (La Dame de Pique) basé sur un livret de Pouchkine. En toute dernière partie du concert, Andrey Boreyko enchaînait après ces extraits de La Belle au bois dormant de Tchaïkovski, la Symphonie No7 de Valentin Silvestrov. L’œuvre qui se déroule en cinq parties (Mysterium, Postlude, Postludium, Postsinfonia et Métamusique) se revendique d’une certaine façon comme à la fois pianistique, chambriste, vocale et bien sûr orchestrale. Bien que sensible aux courants musicaux les plus avancés de l’Europe de l’Ouest, Valentin Silvestrov , très au fait des productions de Stockhausen , use d’un langage très personnel évitant toute agressivité sur le plan de l’orchestration malgré la mise en œuvre d’une panoplie orchestrale très opulente. Sur le plan des influences l’ombre de Gustav Mahler semble planer au début de la Symphonie, mais rapidement ces ombres vont peu à peu disparaître, laissant à Valentin Silvestrov le temps de s’exprimer sans jamais avoir recours à la brutalité et à la recherche de violents contrastes orchestraux. Par exemple lors d’un épisode instrumental crucial, Valentin Silvestrov fait appel au tuba mais laissant ce dernier s’exprimer dans la discrétion la plus subtile. La Symphonie No7 de Silvestrov s’achève dans une sorte de brouillard instrumental diffus, semblant nous mener insidieusement vers une autre dimension impalpable…C’était ce soir du vendredi 3 mars 2017au jeune pianiste russe Lukas Geniusas de défendre le Concerto pour piano No3 de Prokofiev. Détenteur de nombreux prix et médailles, Lukas Geniusas avec un authentique sens de la virtuosité doublé d’une intuition musicale admirable, exprima avec force les idées musicales surgies inlassablement d’un compositeur surdoué : Serge Prokofiev. Succès salué par un public enthousiaste qui à force d’applaudissements nourris obtint un bis consistant en une pièce de Chopin. Andrey Boreyko, le chef d’orchestre russe de ce concert s’avéra parfaitement à l’aise dans ce programme 100% russe. Incisif et pénétrant dans l’accompagnement du Concerto No3 de Prokofiev il savait révéler toute la magie du Ballet La Belle au bois dormant de Tchaïkovski. Quant à la Symphonie No7 de Silvestrov il en révélait la dimension quasi-ésotérique sollicitant chez l’auditeur une attention constante et enrichissante.
Michel Jakubowicz
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