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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Intégrale des Sonates pour piano et violon de Beethoven par Tedi Papavrami et François-Frédéric Guy

Beethoven sonates pour piano et violon

Tedi Papavrami, violon & François-Frédéric Guy, piano
3CDs Evidence classics  : EVCD037 (Distribution : PIAS)
Durée des CD : 73'22+69'09+78'23
Notre avis : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange(5/5)

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Dans un domaine bien fourni au disque et parmi de nombreuses interprétations célèbres (Perlman-Ashkenazy, Menuhin-Kempff ou Pires-Dumay), la présente version des sonates pour violon et piano de Beethoven due à Tedi Papavrami et François-Frédéric Guy se hisse au premier plan. Elle est partie d'un projet plus global, mené par le pianiste, d'interpréter au concert comme au disque l'ensemble de la musique pour piano du maître de Bonn. Les sonates pour violon et piano, écrites de 1788 à 1804, appartiennent à la première période créatrice de Beethoven, à l'exception de la dixième qui vit le jour en 1812.

Dès les premières œuvres, la série des trois sonates de l'Op. 12, Beethoven donne une importance nouvelle à la partie de violon : on n'est plus dans la traditionnelle sonate pour piano avec violon obligé. Les deux instruments sont traités de manière indépendante. En trois mouvements, sur le schéma vif-lent-vif, elles offrent une richesse thématique qui effraya les oreilles contemporaines hérissées par tant d'audace ! Tel sans doute l'allegro con brio énergique qui ouvre la première ou le vivace entamant la 2ème qui fait penser à la danse. Les mouvements lents ne sont pas en reste (un andante tema e variazioni pour la 1ère). Avec les sonates N°4 Op. 23 et N°5 Op. 24, dite « Le printemps » (appellation apocryphe), un pas est franchi : les thématiques sont plus travaillées encore (le fameux thème fleuri qui ouvre la 5ème, les mouvements extrêmes de la 4ème) et le dialogue se fait serré. Le lyrisme devient étincelant dans les mouvements lents : andante scherzando de l'Op. 23, molto espressivo de l'Op. 24, une page convoquant le sublime.

Seconde trilogie, les sonates de l'Op. 30, de 1802, marquent une nette progression vers un discours plus dramatique dans les mouvements rapides (thème d'appel du con brio ouvrant la deuxième, allegro assai de la troisième dont les traits fiévreux annoncent les œuvres dramatiques comme Leonore et Fidelio, finale musclé de la deuxième). La sonate Op. 47, « Kreuzer » (1804), la plus longue, que son auteur associait au style concertant, découvre une écriture extrêmement élaborée de la partie de violon, comme au premier mouvement dont les pages liminaires adagio virent rapidement au presto le plus incisif, mené ici avec fougue et à un train plus que preste. La même pression habite les deux protagonistes au presto final dans une course poursuite haletante. L'andante con variazioni est pris confortable, même si certaines des variations sont boulées.

La sonate Op. 96 se détache nettement des neuf autres, puisque composée plusieurs années après, en 1812. Pourquoi ce retour à une forme laissée de coté depuis plusieurs années ? On a avancé que Beethoven traversait une nouvelle période heureuse, dans le souvenir de la passion amoureuse vouée naguère à Joséphine de Brunswick. La pièce est en effet contemporaine de la fameuse lettre de l'été 1812 à « L'immortelle Bien-Aimée ». L'allegro moderato respire un bonheur sans mélange, celui-là même des premières sonates, et les modulations sont murmure peut-être amoureux. A l'adagio espressivo, la tendre mélodie qui épouse l'écriture ornementée passée mais avec une profondeur nouvelle, est effusion pudique. Si le scherzo rompt ce doux épanchement, le finale rondo qui retrouve le schéma de la variation, ici sur un thème populaire, déploie une vigoureuse expressivité.

L'interprétation de Guy et de Papavrami possède de sérieux atouts. On admire l'osmose entre les deux musiciens : une évidente complicité forgée au fil des concerts, une vision intimiste aux couleurs diaphanes, chacun sachant s'effacer devant l'autre quand il le faut. Le dialogue est tout en souplesse, le phrasé toujours élégant et les nuances très abouties. A la transparence du jeu de François-Frédéric Guy fait écho la netteté des accents que Tedi Papavrami tire de son Strad « Le Reynier ».

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L'enregistrement, effectué à l'Arsenal de Metz, montre une subtile aération dans les tuttis et une judicieuse définition de l'image sonore entre ces passages et ceux plus pianissimo. La balance entre les deux instruments est parfaite. Si la sonorité du violon peut parfois être un brin agressive dans le registre forte, on saluera la belle fidélité du timbre du piano (Steinway) justement pas résonant.

Texte de Jean-Pierre Robert  

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