Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

Concert : Récital de Marianne Crebassa à l'Opéra Comique

marianne crebassa

Marianne Crebassa, mezzo-soprano
Orchestre de chambre de Paris, direction : Victorien Vanoosten
Airs extraits de Meyerbeer (Les Huguenots), Gluck (Orphée et Eurydice), Thomas (Psyché), Gounod (Roméo et Juliette, Faust), Massenet (Cendrillon), Offenbach (Les Contes d'Hoffmann, Fantasio), Chabrier (L'Etoile), Hahn (Mozart)
Pièces orchestrales de Massenet, Bizet, Gounod, Offenbach, Ravel, Chabrier, Debussy et Hahn
Opéra Comique, le 24 octobre 2017

LA SUITE APRÈS LA PUB

Le récital avec orchestre n'est pas chose facile car la succession d'airs, même entrecoupés de pages symphoniques, peut rapidement s'avérer convenue et confiner à l'étalage de virtuosité. Comment habiter chaque air, hors de son contexte ? Marianne Crebassa, pour son premier concert parisien de ce type, relève le défi avec assurance et détermination. Grâce à l'intelligence d'un programme qui, basé sur l'opéra et l'opérette français, est habile à mettre en valeur une personnalité et un timbre attachants.  

Elle l'ouvre en fanfare par un morceau peu connu et hyper virtuose, tiré des Huguenots de Meyerbeer : à peine chauffée, la voix est lancée à plein régime, bardée de généreuses colorature. Le contraste avec Orphée et Eurydice de Gluck, même revisité par Berlioz, est saisissant : nous voilà en terrain plus familier et la voix s'accommode tout autant de la rigueur et de la rythmique assurée attachées à ce morceau emblématique du style français. Très vite, le chant se fait effusion lyrique avec Roméo et Juliette et l'air de Stefano. Toute la première partie du récital oscillera entre ces deux pôles, la jeune mezzo-soprano s'avérant aussi à l'aise dans la grande forme démonstrative (air de Nicklausse des Contes d'Hoffmann) que dans le soliloque poétique du Prince Charmant de Cendrillon, qui culmine sur ces mots « Je suis triste et seule ». Où l'on décèle ce sens de la scène qui est déjà sa marque. Comme au long de la « Romance au sommeil », extraite de Psyché, opéra-comique d'Ambroise Thomas, créé Salle Favart en 1857, tombé dans l'oubli. On mesure l'aisance et la sûre projection de la voix qui n'a pas de mal à emplir la salle de l'Opéra Comique.

La seconde partie ouvre d'autres perspectives. La chanteuse semble se lâcher, alors que la tonalité des morceaux choisis verse pourtant dans un climat plus nocturne : la « Ballade à la lune » du Fantasio d'Offenbach, qui la vit il y a peu triompher sur la scène du Châtelet lors de la fameuse production de l'œuvre pour le compte de l'Opéra Comique, est pur régal, et la « Romance de l'Étoile », de ce petit bijou qu'est L'Étoile de Chabrier, sera le hit de la soirée : une émotion contenue, une vraie présence. Qui font souhaiter une prise de rôle, pourquoi pas sur cette même scène. Entre ces pièces, deux airs empruntés au Siébel du Faust de Gounod montrent une fine perception d'un rôle pas si niais qu'on le croit. Le second « Versez vos chagrins dans mon âme » prolonge cette veine mélancolique déjà abordée avec le Chabrier, et qui va connaître son épitomé dans « Alors, adieu donc, mon amour » du Mozart de Reynaldo Hahn, une ''comédie musicale'' sur un texte de Sacha Guitry (1926), où Crebassa convainc par la conjugaison de ses talents. On pense au mot de ce musicien : « Le son, si beau qu'il soit, n'est rien s'il n'exprime rien ». En bis, elle se tournera vers la mélodie et sa poétique évanescente, dont « La Flûte enchantée », deuxième volet de Shéhérazade de Ravel, suprême achèvement d'une diction immaculée et d'une ligne de chant magistralement conduite.

Ce florilège d'airs s'additionnent des pages symphoniques empruntées à Bizet (deux morceaux de Jeux d'enfants), Massenet (une ouverture de Phèdre, l'heure d'une dense joute lyrique et tragique, avec un superbe solo de clarinette), Offenbach (la Barcarolle des Contes d'Hoffmann), Messager ou Chabrier. Ou encore de Debussy et son magique « Clair de Lune », et enfin de Hahn : l'Ouverture de Mozart révèle une faconde mélodique apparemment sans limite, et un charme irrésistible, celui de la Belle Époque dont le musicien était le plus distingué représentant. Elles sont interprétées par le talentueux Victorien Vanoosten qui tire de l'Orchestre de chambre de Paris de bien beaux atours. Et confère aux airs une belle tenue.

Texte de Jean-Pierre Robert   

LA SUITE APRÈS LA PUB

Photo : Julien Mignot



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Opéra comique

PUBLICITÉ