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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : The Händel Album, Arias d'opéras par Philippe Jaroussky

philippe jaroussky artaserse the haendel album

George Frideric Händel : Airs d'opéra extraits de Imeneo, Riccardo primo, re d'Inghilterra, Siroe, re di Persia, Serse, Radamisto, Flavio, re de'Longobardi, Amadigi di Gaula, Tolomeo, re d'Egitto, Giustino, Ezio.
Artaserse, Philippe Jaroussky, contre-ténor et direction.
1CD Erato : 0190295774455 (Distribution : Parlophone / Warner Classic)
Durée du CD : 71'58
Notre avis : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange(5/5)

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Philippe Jaroussky dédie son nouveau CD entièrement à des pages de Haendel. Un compositeur qu'il a déjà abordé à la scène avec succès dans des œuvres comme Giulio Cesare ou Alcina. L'idée étant de présenter un florilège d'arias empruntées à dix ouvrages non des plus connus, du moins par rapport aux canons d'aujourd'hui, qui ne sont pas nécessairement ceux de l'époque. On y découvre un Haendel plutôt tendre et intime, même si les grandes envolées ne sont pas délaissées.

C'est que le contre-ténor français, qui se coule dans le schéma habituel en pareille circonstance d'alternance de morceaux lyriques et virtuoses, privilégie l'intériorité, où chaque phrase fait sens. Ce qui n'est pas sans rappeler la manière de Cecilia Bartoli. Ainsi de la caractérisation du tragique désespoir dans l'aria tirée de Siroe ou dans la cavatine pastorale d'Amadigi di Gaula, ici avec deux flûtes obligées, évoluant essentiellement dans le registre piano en une cantilène souple et dense. La flexibilité de la ligne de chant, on l'apprécie encore dans le grand soliloque émotionnel de la scène de suicide de Tolomeo, traduisant un homme vacillant, alors que les cordes évoquent les faibles battements de cœur après que le personnage ait absorbé le poison mortel, et ce jusque dans l'expression des derniers soupirs pianissimo. Les arias de virtuosité ne sont pas moins enthousiasmantes où l'on admire la netteté de la colorature et l'aplomb d'aigus percutants à l'heure de la quinte finale, comme dans Giustino, au long d'un grand air brillant enhardi par la ritournelle énergique de l'orchestre.

Trois arias empruntées au rôle titre de Radamisto illustrent les diverses facettes de l'art haendélien comme le degré de maîtrise atteint par Jaroussky : depuis « Ombra cara », romance éplorée caressant l'oreille, accompagnée par la mélodie du basson, à « Vile, se mi dai vita», page belliqueuse sur une trame orchestrale très soutenue, enfin au largo pathétique de «  Qual nave smarrita » où le geste frôle le sublime. Il en va de même des deux arias tirées de Flavio, contrastant une ''aria di tempesta'' « Rompo i lacci » et une pièce plus lyrique « Bel contento ». Partout l'engagement, maturé par l'expérience de la scène, force l'évidence : chaque morceau traduit, même en dehors de son contexte, une totale appropriation du texte et de sa dramaturgie. S'y ajoute la luminosité du timbre sopraniste - ce ton cristallin si caractéristique - qui a acquis une consistance nouvelle dans le médium. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, sa direction se nourrit de nuances intimement adaptées à la ligne vocale. Les tempos sont habilement choisis, exempts de brutalité dans les passages rapides. Ce qui laisse à l'ensemble Artaserse tout loisir de déployer des couleurs mordorées et d'éloquents accents.

L'enregistrement, effectué à l'Église du Liban à Paris, présente la voix placée en avant dans une approche plutôt intimiste pour les morceaux de facture lyrique. Ailleurs, l'image sonore est plus ouverte.

Texte de Jean-Pierre Robert

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