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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Gershwin par Anima Eterna Brugge et Jos van Immerseel

musique gershwin

Catfish Row. « Summertime », « My man's gone now », extraits de Porgy and Bess. An American in Paris. Rhapsody in Blue. « By Strauss », « The man I love », « I got rythm ».
Claron Macfadden, soprano, Bart van Caenegem piano. Anima Eterna Brugge, dir. Jos van Immerseel
1 CD Alpha : Alpha 289 (Distribution : Outhere Music)
Duré du CD : 86'12
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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Ce généreux CD nous plonge dans l'univers fascinant de George Gershwin (1898-1937) et interroge un aspect essentiel : l'auteur de la Rhapsody in Blue est-il un compositeur classique ? Il se revendiquait comme tel et voulait être pris au sérieux ; entendez : au-delà de l'étiquette de faiseur de songs. Les présentes interprétations de plusieurs de ses œuvres fétiches, à partir d'une nouvelle édition, fruit des récentes recherches menées aux États-Unis sur les sources, remettent les pendules à l'heure. Amateurs de tunes endiablés, passez votre chemin ! Les autres, retenez votre souffle, car cette anthologie est surprenante.

Le CD s'ouvre sur Catfish Row, suite symphonique tirée de l'opéra Porgy and Bess (1935/1936), un flot de mélodies et de rythmes envoûtants. Comme dans le premier morceau éponyme qui installe d'emblée un climat grouillant de vie, mêlant rythmes de jazz et style afro-américain, le soul et le gospel. « Porgy soul » contraste par un poétique moment de répit, tandis que « Fugue » met en avant une rythmique serrée, et « Hurricane » une scène formidablement amenée (l'attente interrogative) et ménagée (l'arrivée de la tempête, le chamboulement alentour telle une spirale, jusqu'au déferlement final). Enfin avec «  Good mornin' Sistuh! », la vie reprend son cours, baignée de ce sens de la danse qui est seconde nature pour la communuaté noire. Commande de Walter Damrosch, chef du New York Philharmonic, Un Amréricain à Paris (1928) opère la fusion des idiomes US et français dans un « poème symphonique » merveilleusement évocateur des bruits et des odeurs de Paris, goûtés par un de ses fans d'Outre-Atlantique. « Le portrait émotionnel d'un Yankee qui déambule dans la Ville lumière », selon van Immerseel. A partir des récentes recherches, le chef néerlandais s'attache à restituer ce que ce récit programmatique, plein de clins d'œil amusés (les klaxons) et enthousiastes (ces rythmes jazzy qui faisaient alors fureur dans la capitale française), possède d'innovation, au niveau des interventions solistes en particulier.

La Rhapsody in Blue est donnée dans l'arrangement original pour jazzband de Ferde Grofé, de 1924 ; une lecture fort différente de la version pour grand orchestre de 1942. Ce ''jazz concerto'', en fait ni jazz ni classique, est une succession de mélodies mémorables formidablement évocatrices. Il retrouve ici toute sa saveur, notamment dans les passages solistes des vents, d'une extrême clarté, et bien sûr du piano. L'interprète Bart van Caenegem utilise un Steinway de 1906 à la sonorité non brillante. Le résultat est plein de vitalité et de contrastes, loin de la façon faussement tapageuse qu'on a souvent l'occasion d'entendre. Le paradoxe est que Jos van Immerseel et ses musiciens se lâchent ici dans une exécution en apparence plus fidèle à son éthique jazzy que proprement « classique ». Quelques songs (sur les lyrics de Ira Gershwin) complètent le disque, chantés par Claron Macfadden, soprano agréable qui se refuse à la gouaille habituelle. Au premier chef le fameux « Summertime », berceuse à la mélodie ensorcelante, soulignée ici par un tempo très lent. Puis l'air de Serena, également de Porgy and Bess, « My man's gone now », sorte d'adieu incantatoire. Dans « By Strauss », Gershwin se revendique proche du roi de la valse Johann Strauss. Enfin « I got rythm » et ses percussions en furie illustrent s'il en était besoin son immense savoir-faire.

La prise de son, en salle de concert à Bruges, offre une image bien présente sans réverbération inutile, et une claire définition des solistes.

Texte de Jean-Pierre Robert  

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