CD : Pièces de clavecin de Balbastre
Claude-Bénigne Balbastre : Pièces de clavecin, Premier Livre. Pièce de clavecin en sonate avec accompagnement de violon, sonate I ère.
Christophe Rousset, clavecin. Gilone Gaubert-Jacques, violon.
1CD Aparté : AP163 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 76'25
Note technique : (5/5)
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Le Protée Christophe Rousset ne délaisse pas son cher clavecin et nous entraîne dans une nouvelle aventure : la découverte de l'œuvre de Claude-Bénigne Balbastre, un des représentants de la troisième génération du clavecin français qui, remarque-t-il, « résolument séduite par les apports virtuoses de Haendel et de Domenico Scarlatti, cèdera à l'effet, à la prouesse technique et parfois à la bergerie un peu niaise de la deuxième moitié du XVIII ème siècle ». Une immersion aussi séduisante qu'excitante.
Balbastre (1724-1799) était organiste d'abord au Concert Spirituel, puis à Saint-Roch, à Notre-Dame de Paris et enfin à la Chapelle royale de Versailles. Il révèlera le tout nouveau forte-piano. Il sera adulé par la bonne société parisienne de l'époque qui s'entichait de nouveautés et raffolait du trait virtuose et de la tournure habile. Son Premier Livre de pièces de clavecin, de 1759, est constitué de 17 morceaux de caractères différents, qui, selon la coutume de l'époque, portent des noms évocateurs, en l'occurrence de personnalités en vue. On y croise divers styles comme la virtuosité italienne, héritée de Scarlatti (« La Monmartel »), une manière bien rythmée qui confine souvent à une sonorité quasi orchestrale (« La Lamarck », dont la vive allure très marquée fait penser au caquetage de « La Poule » de Rameau), le style gracieux (« La Castelmore », dénommée ''Air champêtre '') qui ravissait l'auditoire. Et bien sûr des inspirations empruntées à la danse : le menuet (« La Courteille »), la gavotte (« La Berville »), ou encore la gigue, comme dans « La Lugeac », qui tire le maximum de l'instrument par sa généreuse faconde. On savoure encore et encore l'art du cantabile (« La Morisseau ») tant prisé et bien dans le ton de la manière recherchée du siècle de Louis XV. Le disque se conclut par une autre rareté, la Pièce de clavecin en sonate avec accompagnement de violon (1749) qui se situe dans la lignée des œuvres de Mondonville ou des Pièces de clavecin en concert de Rameau. Le ton badin évite la virtuosité. Toutes ces pièces sonnent haut et clair sous les doigts de Rousset qui ajoute ici un autre laurier à sa couronne d'interprète attitré des clavecinistes français. Il joue un instrument de Jean-Claude Goujon des années 1740, conservé au Musée de la musique à Paris, qui se signale par ses harmoniques flatteuses et en particulier des graves somptueux, aptes à mettre en valeur des pièces qui elles-même exploitent ce registre de basse. Il fait équipe, dans la sonate pour clavecin et violon, avec Gilone Gaubert-Jacques, leader des Dessus de violons I de son ensemble des Talens Lyriques.
L'instrument, enregistré de près dans l'amphithéâtre de la Cité de la musique, livre tous ses sortilèges.
Texte de Jean-Pierre Robert
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