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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert : le Quatuor Artemis à la Cité de la Musique

Quatuor Artemis Cite musique Bartok Mozart

Philharmonie de Paris, 8e biennale des Quatuors à cordes
du 11-21 janvier 2018

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Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor à cordes No23
Béla Bartok, Quatuor à cordes No 2
Wolfgang Amadeus Mozart, quatuor à cordes No19 «  Dissonances »

www.philharmoniedeparis.fr

Ce mardi 16 janvier 2018 à la Philharmonie de Paris, c’était au Quatuor Artemis d’officier dans la grande salle des concerts de la Cité de la Musique. Refusant la facilité, le Quatuor Artemis faisait le choix d’inscrire à son programme deux Quatuors se situant parmi les plus complexes composés par Mozart, le Quatuor No23 et le Quatuor No19 « Dissonances ».
Entre ces deux Quatuors emblématiques de Mozart, le Quatuor Artemis avait fait le choix audacieux d’insérer le Quatuor No2 de Bartok.

Très développé, l’Allegro moderato qui débute  le Quatuor No23 en fa majeur K.590 est d’une construction rigoureuse, faisant dialoguer avec une certaine âpreté les quatre cordes du Quatuor. L’Andante (Allegretto) qui suit permet à Mozart d’exprimer en filigrane l’expression d’une douleur volontairement contenue. Le Menuetto qui suit devrait théoriquement afficher une certaine bonne humeur, imitant en cela Joseph Haydn. Pourtant il n’en est rien, Mozart adoptant dans cette pièce un ton dénué de toute aménité et de toute joliesse. Enfin le finale, un Allegro, multiplie les surprises, semblant accumuler les contrastes, tout en n’excluant pas un penchant certain vers ce que l’on pourrait qualifier de retour soudain à la tristesse.

La deuxième œuvre de ce concert n’était autre que le Quatuor No2 de Bartok. L’aspect général de l’œuvre est un frappant exemple  de modernité et de présence du folklore hongrois. Il est aussi le reflet des préoccupations du compositeur face aux troubles politiques graves qui agitent l’Europe lancée dans un conflit meurtrier qui va se prolonger jusqu’à 1918. Si les deux premiers mouvements (Moderato et Allegro molto capriccioso) laissent apparaître de manière fragmentaire quelques éléments issus du folklore hongrois, le Lento concluant ce Quatuor No2 de Bartok est d’une tout autre nature. En effet, ce Lento semble décrire de sinistres paysages dévastés par la guerre qui fait rage sur tous les fronts en Europe.

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La dernière œuvre au programme du Quatuor Artemis était le Quatuor à cordes No19 en ut majeur K.465 « Dissonances » de Mozart. C’est en 1785, que Mozart en termine la composition. Le premier mouvement, un Allegro est précédé d’un surprenant Adagio d’une gravité sourde, prenante, cédant ensuite la place à l’Allegro qui va dérouler de manière implacable de multiples idées surprenantes, imprévues. L’Andante cantabile qui succède à cet impressionnant Adagio-Allegro surprend par son inventivité et sa grâce. Le Menuet qui suit cet Andante, tout en renouant peut-être avec les schémas propres à Joseph Haydn, bouscule tout de même quelque peu cette forme bien établie, célébrant avec entrain les rites de la danse. Mozart met fin à ce Quatuor No19 avec un Allegro, faussement inoffensif, destiné à réjouir un auditoire habitué à la légèreté et au pur divertissement que doit octroyer un finale. Dans ce mouvement Mozart va multiplier les contrastes, accumulant avec rage d’incroyables univers sonores soudainement sollicités.

Le Quatuor Artemis, qui interprétait ce répertoire contrasté opposant Mozart à Bartok, s’imposait par un style fait à la fois de souplesse et de rigueur, offrant de Mozart une image sonore dénuée de tout maniérisme et de toute mièvrerie. Il révélait dans sa lecture du Quatuor No2 de Bartok, sa proximité avec les ombres inquiétantes parcourant sans relâche cette œuvre essentielle du compositeur hongrois.

Michel Jakubowicz



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