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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Le piano de Sibelius par Leif Ove Andsnes

Le piano de Sibelius par Leif Ove Andsnes

Jean Sibelius : Impromptus op. 5 nos 5 & 6. Trois pièces lyriques « Kyllikki » op. 41. Pièces pour piano op. 24, No 9 « Romance » & N° 10 « Barcarolle ». Le Berger op. 58/4. Valse triste op. 44/1. Sonatine op. 67 n°1. Pièces pour piano op. 75 : N° 4 « Le Bouleau » & N° 5 « L'Épicéa ». Rondino op. 68/2. Elegiaco op. 76/10. Six Bagatelles op. 97 : « Impromptu », « Marche humoristique », « Andantino ». Cinq Esquisses op. 114
Leif Ove Andsnes, piano
1 CD Sony : 88985408502 (Distribution : Sony music)
Durée du CD : 65'11
Note technique : (5/5)

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Voilà un CD bienvenu. Car la musique de piano de Jean Sibelius est largement sous-estimée. L'aimait-il ? Qui avec le sens critique aigu le caractérisant, estimait : « Le piano ne m'intéresse pas. Il ne chante pas ». Peu de pianistes s'y sont consacrés, à part Glenn Gould et Wilhelm Kempff. Le norvégien Leif Ove Andsnes relève le gant et présente un ensemble de pièces soigneusement choisies. Sa passion pour Sibelius nous fait découvrir des compositions toutes personnelles, très variées, nourries d'inspiration folklorique mais aussi souvent proches de l'expérimentation.

L'œuvre pour piano couvre l'entière carrière créatrice de Sibelius, s'étalant de 1893 à 1929. Ce sont souvent des pièces courtes réunies en un album. Ainsi des Impromptus op. 5, des années 1890, qui laissent apparaitre encore quelque manière chopinienne (N°6), ou évoquent quelque chant folklorique de Carélie (N° 5). Des Dix pièces op. 24, composées de 1893 à 10905, Andsnes joue la « Romance » (N° 9), aux cascades d'arpèges impressionnants, « presque du Tchaïkovski », selon lui, et la « Barcarolle » (N°10), tout autant grandiose dans le développement qui s'éloigne de l'introduction dansante. Le pianiste a lui-même brillamment arrangé pour le piano la fameuse Valse triste de 1904, toujours aussi mélancolique et troublante dans son dérèglement final, digne de la pièce de Ravel. Les Cinq Pièces pour piano op. 75 (1914) célèbrent la nature, au cœur de la poétique sibélienne. Ainsi « Le Bouleau » ou « L'Épicéa », l'arbre national finlandais. Les Six Bagatelles op. 97 (1920) font penser à l'univers d'autres compositeurs, Schumann (« Impromptu »), Prokofiev (« Marche humoristique ») ou encore Grieg (« Lied »). Sibelius a écrit aussi des morceaux en forme de miniatures comme le Rondino op. 68/2, très animé, ne ménageant pas les dissonances.

Les œuvres plus conséquentes sont tout aussi passionnantes. Les Trois pièces lyriques « Kyllikki » op. 41 (1904) participent de l'épopée nationale finlandaise du Kalevala. La sonorité est presque orchestrale dans le « Largamente » initial, d'un souffle emporté, ou l'« Andantino », dont l'ambiguïté motivique propose d'étonnants effets de surprise, alors que « Comodo » dément le mot de son auteur sur les possibilités expressives du piano. La Sonatine N°1, la première d'un set de trois (1912), compte sans doute parmi les inspirations pianistiques les plus audacieuses du compositeur qui fait fi de tout cadre harmonique. « Un monde secret... presque une œuvre confidentielle... quelque chose à jouer à un ami ou même seul », confie Andsnes. Il en va de même des Cinq Esquisses op. 114, la dernière composition de Sibelius confiée au piano (1929) et une de ses dernières œuvres, avant le grand et long silence de la fin de sa vie. Il y a là un aboutissement vers une manière conceptuelle et l'abstraction par le travail sur le timbre multipliant les innovations sonores. Et pourtant cette succession de brèves vignettes illustre parfaitement l'univers du maître, ses tournures si personnelles entre ombre et lumière (n° 2 : « Scène hivernale »). Elles n'ont rien de descriptif malgré leurs sous titres. Leif Ove Andsnes joue toutes ces pièces avec un bonheur certain, celui-là même du fidèle convaincu, la souveraine maitrise et l'élégance qui le caractérisent.

Le Steinway grand est saisi dans une perspective flatteuse de concert, ce qui convient au jeu brillant et très pédalé du pianiste.

Texte de Jean-Pierre Robert

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