CD : Œuvres pour cordes et piano de Paul Paray
Paul Paray : Sonate pour violon et piano. Sonate pour violoncelle et piano. Sérénade pour violon et piano, op. 20. Humoresque, pour violon et piano. Nocturne, pour violon et piano. Romance pour violon, violoncelle et piano
Eliot Lawson, violon, Samuel Magill, violoncelle, Diane Andersen, piano
1CD Azur Classical : AZC 155 (Distribution : Socadisc-NewArts)
Durée du CD : 66'29
Note Technique : 
(4/5)
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Le célèbre chef d'orchestre Paul Paray (1886-1979) fut d'abord compositeur. Formé au Conservatoire de Paris, Grand Prix de Rome en 1911, il composera très tôt pour l'orgue, le piano et la voix, puis pour l'orchestre. Sa carrière de chef d'orchestre, qui prit son essor en 1920 et le mena, entre autres, à la direction de l'Orchestre Symphonique de Detroit, a occulté ses compositions. Parmi celles-ci, l'œuvre chambriste dédiée aux cordes mérite le détour. Car elle révèle un talent de musicien raffiné dans la tradition de l'école française.
Le CD rassemble les pièces que Paray dédia au violon et au violoncelle. La Sonate pour violon et piano, de 1908, offre à la fois élan et lyrisme mesuré, comme chez Fauré. Elle débute par un Allegro moderato de rythme ternaire, qui confie la mélodie au violon. On remarque un développement inventif avec de subtiles modulations, pour une fin pianissimo. L'Allegretto amabile s'ouvre par un thème badin et une rythmique déhanchée. Le dialogue est plein de verve et d'élégance, pour basculer dans une climat plus méditatif et mystérieux. La coda renchérit en séduction et là encore, le mouvement s'achève tout en douceur. Un Molto vivo conclut la sonate avec esprit : le lyrisme, d'abord mesuré, devient débordant. Des jeux rythmiques agitent les deux protagonistes en autant de trouvailles originales. Paray a écrit encore quelques courtes pièces pour violon et piano. Telle la Sérénade op 20, de la même année 1908, sur un rythme de valse. Ou l'Humoresque, composée en 1911 pour le virtuose espagnol Manuel Quiroga Losada, offrant une manière virevoltante traversée d'un épisode aux discrets parfums ibériques. Achevé en 1911, le Nocturne pour violon et piano déploie une vibrante mélodie notamment dans le grave du violon. Le violoniste belge Eliot Lawson propose des interprétations d'une grande rigueur. Tout comme sa collègue Diane Andersen, familière des musiques d'auteurs français méconnus comme Pierné, Delvincourt ou Goué.
Plus tardive (1920), la Sonate pour violoncelle et piano est d'une toute autre envergure. Paul Paray écrit pour un instrument qu'il connait bien pour l'avoir pratiqué. Conçue pendant ses années de captivité à Darmstadt, l'œuvre se ressent de la douleur qui fut alors la sienne. A l'exemple de l'Andante quasi allegretto, très ouvragé, exprimant un sentiment d'urgence et d'intense dramatisme, la composition progressant telle une course à l'abime à travers des rythmes heurtés, un piano déclamatoire et un cello affirmant quelque angoisse. Plus encore, l'Andante exhale une plainte profonde, énoncée d'abord par le seul violoncelle, puis s'étirant douloureuse et tragique, de plus en plus exacerbée, et se concluant par le cello a capella. A cette page bouleversante, fait suite un Allegro scherzando livrant par contraste une joie presque triomphante, affirmation d'un optimisme viscéral chez le musicien. Le dialogue se fait léger au fil de pages très élaborées convoquant, entre autres, le music hall et les Années folles. Samuel Magill l'interprète avec profondeur et délicatesse, épaulé par le beau pianisme de Diane Andersen. Le disque s'achève par une curiosité : l'arrangement pour violon, violoncelle et piano d'une Romance pour piano de 1909.
Pour ce qui est de la prise de son, l'acoustique un peu sèche ne favorise pas le violon. Elle est satisfaisante pour la sonate pour violoncelle.
Texte de Jean-Pierre Robert
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