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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les sonates pour violon et clavecin de J.S. Bach par Isabelle Faust et Kristian Bezuidenhout

CD Bach sonates violon clavecin

Jean Sébastien Bach : Six sonates pour violon et clavecin obligé BWV 1014-1019
Isabelle Faust, violon, Kristian Bezuidenhout, clavecin
2CDs Harmonia Mundi : HMM 902256.57 (Distribution : PIAS)
Durée des CD : 1H43'
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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La musique de chambre de Bach demeure un objet de fascination. Fleuron de ce répertoire, les Six Sonates pour violon et clavecin obligé BWV 1014-1019 marquent l'intérêt du Cantor pour la forme de la sonate dite en trio où le violon et les deux mains du clavecin jouent un contrepoint à trois voix ou invention à trois voix. La présente intégrale se signale par sa hauteur de vue : la violoniste Isabelle Faust poursuit avec cet ensemble ses précédentes interprétations magistrales des Six Sonates et Partitas pour violon seul parues chez le même éditeur.

Les six sonates violon et clavecin, à l'exception de la dernière, adoptent la forme de la sonate d'église en quatre mouvements selon le schéma lent-vif-lent-vif. C'est là un terrain d'expérimentation pour Bach selon qui les voix « se mettent comme par magie à travailler de concert en s'entremêlant ». Initié durant la période dite de Cöthen, il le labourera en permanence, remaniant ces pièces à plusieurs reprises et semble-t-il jusque tard dans sa vie créatrice. L'instrument de clavier se libère de son rôle d'accompagnateur servile pour se voir conférer une fonction autonome et même double, la main droite s'unissant souvent au violon ou dialoguant avec lui tandis que la main gauche conserve son office de basse continue. La traditionnelle sonate en trio s'émancipe aussi par rapport à ses origines italiennes dans la conduite de la mélodie. C'est que le compositeur, lui-même excellent violoniste et maître incontesté du clavier, va parfaire ses compositions pour ce dernier au fil de l'arrivée de nouveaux instruments et de leur richesse renouvelée, lui permettant un jeu de plus en plus audacieux.

Si elles constituent un ensemble relativement homogène, chacune des sonates diffère par ses éléments intrinsèques et garde un climat particulier. Les mouvements lents sont habités par un lyrisme lumineux (largo de la sonate BWV 1015) ou une narration élégiaque (2ème adagio de la sonate BWV 1016) voire plaintive (ainsi du largo ouvrant la BWV 1017, qui fait penser à l'aria « Erbarme dich » de la Passion selon Saint Matthieu). La vaste première partie de la sonate BWV 1018 confie au violon une ample cantilène en forme de lamento sur le contrepoint élaboré du clavier. Les mouvements rapides sont pour la plupart d'écriture fuguée, étalant une virtuosité redoutable pour les interprètes, en particulier le claveciniste. Comme il en est de la vivacité de la ritournelle impétueuse de l'allegro de la sonate BWV 1018 à laquelle fait écho un vivace final de rythme syncopé. Ou du presto de la sonate BWV 1015, ou encore de l'allegro conclusif de la pièce suivante alignant des transitions audacieuses. La dernière sonate BWV 1019, qui diffère des autres par ses cinq mouvements, fait voler en éclats le modèle de la sonate en trio par l'introduction d'éléments concertants : à un vaste allegro endiablé fait suite un bref largo débouchant sur un interlude dédié au seul clavecin. Vient alors un adagio d'une rigoureuse écriture contrapuntique et un finale brillamment fugué.

Les présentes exécutions se distinguent par le merveilleux accord existant entre deux musiciens de talent et leurs magnifiques instruments, un clavecin d'après un instrument de Heinrich Gräbner le Vieux (Dresde, 1722) et un violon de Jacobus Stainer de 1658. Remarquable est l'intelligence du choix des tempos et des ornementations. Les passages fugués respirent une fluidité quelquefois légèrement bousculée, ce qui ôte au discours toute rigidité métronomique et apporte une fantaisie bienvenue. Les parties lentes se voient conférer une vraie densité. Le dialogue bénéficie de la sonorité solaire du violon de Faust et de la souple rigueur du clavecin de Bezuidenhout. Surtout, ces lectures adoptent un débit spontané qui leur évite toute monotonie et mettent en lumière la constante inventivité de Bach chambriste.

L'enregistrement offre une excellente balance violon-clavecin dans une acoustique ouverte, autorisant une bonne définition des deux instruments.

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Texte de Jean-Pierre Robert   

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