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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Triple concerto de Beethoven

CD beethoven triple concerto

Ludwig van Beethoven : Triple concerto pour piano, violon et violoncelle, op. 56. Trio pour clarinette, violoncelle et piano, op. 11
Anne Gastinel, violoncelle, Gil Shaham, violon, Nicholas Angelich, piano, Andreas Ottensamer, clarinette. Frankfurt Radio Symphony, dir. Paavo Järvi
1 CD Naïve : V 5418 (Distribution Believe Group)
Durée du CD : 55'08
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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Les enregistrements du Triple concerto de Beethoven ne sont pas si nombreux. C'est que l'exécution de cette œuvre requiert trois solistes chevronnés qui soient animés d'un réel esprit d'équipe. On le trouve dans les interprétations données soit par un trio formé, tel le Trio Wanderer, soit par trois solistes ad hoc. On se souvient du ''coup'' imaginé par Herbert von Karajan de réunir Rostropovitch, Richter et Oistrack ! La présente affiche se range dans cette seconde catégorie. Et à la différence de leurs prestigieux collègues russes, nos trois mousquetaires sont animés par une vision chambriste.

Contemporain de la Troisième symphonie « Héroïque », le Triple concerto op. 56 apparait comme une œuvre à part dans la carrière de Beethoven, et même dans l'histoire de la musique. Car on n'en trouve pas d'autre exemple. A la croisée du concerto grosso de l'époque baroque et de la symphonie concertante de la période classique, l'œuvre fait appel à trois solistes dont le rôle est d'égale importance. L'écriture y est particulière, pas toujours aisée : le violoncelle, qui souvent donne le ton, a une partie riche et dense, voire périlleuse dans l'aigu, le violon qui se voit offrir sans doute la partie la plus délicate, parfois coincé entre les deux autres piliers, et le piano dont le rôle reste un peu inconfortable eu égard à la tonalité qui est la sienne par rapport à ses pairs. La présente équipe, composée à l'initiative de la celliste Anne Gastinel, sait respecter le terme de ''symphonie concertante avec solistes obligés'' retenu par son auteur. Tout en cherchant à privilégier une approche chambriste. Et fonctionne dans un échange équilibré avec un grand orchestre comme le manie Beethoven. Le premier mouvement allegro, qui couvre la moitié de la durée totale de l'œuvre, applique ces paramètres a priori contradictoires. Après l'introduction pianissimo débouchant sur un passage martial, et l'entrée du violoncelle qui lance les opérations, on sent le dialogue d'emblée établi avec le violon puis le piano dans le tempo allant insufflé par Paavo Järvi. Il faut pour les trois musiciens être « aussi ''connectés'' qu'en musique de chambre », souligne Gastinel. Les solistes sont soudés dans le va et vient incessant entre eux, et entre le trio et l'orchestre, au premier chef les deux cordes, bien sûr, dans leur apport avec le clavier qui doit unifier le tout. Le bref largo, de nouveau initié par la cantilène du violoncelle, semble se teinter de quelque accent tragique, mais le lyrisme l'emporte. Quant au finale, enchainé après une brève transition, sa rythmique enlevée emporte tout dans une vision on ne peut plus preste. Le développement est imaginatif dans le travail des trois solistes qui respirent à l'unisson d'un même dessein, et la coda furieusement troussée. Si le cello de Gastinel mène la danse, ses deux partenaires font jeu à part égale : le piano souverainement fluide d'Angelich et le beau violon de Shaham. L'accompagnement de Järvi et de ses Frankfurter est à la hauteur du challenge.

Le CD se conclut par le Trio op. 11 pour clarinette, violoncelle et piano. C'est là une variante du 4ème Trio pour piano et cordes « Gassenauer », de 1798 - encore que la pièce ait été initialement conçue pour la clarinette et on sait que Beethoven aimait écrire pour les formations de vents. La présence de la clarinette apporte un élément aérien. En particulier dans le dernier mouvement « Tema con variazioni » : un thème enjoué préludant à 10 variations dont la première est réservée au seul clavier. Le « con brio » par lequel s'ouvre l'œuvre est léger et plein d'esprit, le piano s'avérant leader, ce qu'Angelich réussit sans mal. L'adagio central voit sa mélodie introduite par le violoncelle, reprise par la clarinette, et le développement est très expansif dans le dialogue clarinette-cello. Anne Gastinel a fait appel au fameux clarinettiste Andreas Ottensamer, premier pupitre au Berliner Philharmoniker, dont la sonorité svelte et colorée se marie à la perfection avec celle de ses deux partenaires. Voilà un Beethoven fort mélodieux !

L'enregistrement live du concerto dans une acoustique ouverte est en adéquation avec les présupposés chambristes de l'interprétation. L'équilibre solistes/orchestre, si délicat à réaliser, est finement jugé, les trois solistes positionnés au premier plan sans trop monopoliser l'entière image sonore. La captation du trio de chambre est un sans faute.

Texte de Jean-Pierre Robert    

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