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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Catharsis - Dans les services de santé

CD catharsis

« Catharsis ». Philippe Gaubert : Première sonate pur flûte et piano. Médailles Antiques pour flûte, violon et piano. Jacques Ibert : « Noël en Picardie ». Déodat de Séverac : « Sous les Lauriers Roses »
Amaury Breyne, piano, Pierre Pouillaude, flûte, Yasmine Hammani, violon
1CD Hortus Collection Les Musiciens et la Grande Guerre, vol XXVII : Hortus 727 (Distribution : Harmonia Mundi)
Durée du CD : 58'15
Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise(4/5)

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Autre volume de l'exemplaire collection « Les musiciens et la Grande Guerre », celui-ci s'attache à mettre en parallèle trois compositeurs français Philippe Gaubert, Jacques Ibert et Déodat de Séverac qui mobilisés et affectés dans les services de santé de l'armée, ont poursuivi leur activité d'écriture. S'ils montraient ainsi leur volonté de ne pas baisser les bras, l'urgente nécessité de devoir panser les plaies passait aussi, pour eux, par celle de chercher à apaiser les âmes : qui mieux que la musique le permettait.

Ces compositeurs, malgré leurs particularités de langage comme leurs origines sociales et géographiques différentes, se situent dans le sillage de Fauré. Il est remarquable de les voir réunis, car ils n'ont pas si souvent les honneurs du disque, et encore moins du concert. De Philippe Gaubert, dont on appréciait il y a peu la Sonate pour violon (vol. XXVI de cette collection), est présentée sa Première sonate pour flûte et piano de 1904, révisée en 1917. Ce flûtiste de talent, élève de Paul Taffanel, est ici dans son élément. L'écriture en est très ouvragée pour l'instrument, bardée de vastes gammes, comme pour ce qui est de la partie de piano et ses amples arpèges. Les trois mouvements privilégient des tempos mesurés, à l'exemple du premier, ''Modéré, sans lenteur'', tout de transparence. Suit un andante réfléchi, marqué ''Lent'', qui fait évoluer la flûte dans le registre grave. L'allegro moderato final qui débute sur un ton narratif, connait des arabesques virtuoses, et revient au thème initial pour finir pianissimo dans un souffle. Médailles Antiques est une pièce composée en 1916 pour le trio formé de la flûte, bien sûr, du violon et du piano. La pièce est sous-titrée «  Nymphes à la fontaine – Danses ». La fluidité toute française, qui fait penser à Debussy, se manifeste dans un adroit déhanchement rythmique associé à une belle exubérance, le violon apportant le liant dans le dialogue flûte-piano. Quoique en un seul mouvement, on y discerne plusieurs sections : un début vif, un passage médian plus apaisé, mais toujours dansant, et autre très allant, décalage syncopé renfermant quelques tournures espagnolisantes. Le charme gallique à son meilleur, que la sonorité de la flûte teinte d'une couleur solaire.

Deux pièces pour piano voisinent avec ces œuvres chambristes. « Noël en Picardie » de Jacques Ibert (1890-1962), écrit en 1914, évoque les douze coups de minuit à travers un appel de cloches lancinant, d'abord dans le registre aigu du clavier, qui va en s'amplifiant et en un élargissement dynamique et rythmique. Le morceau offre d'ailleurs d'extrêmes écarts sonores, comme il mise sur des effets de proximité et de lointain. Le tempo est lent, mesuré, presque mystique, mais tout s'anime vers la fin avec l'indication ''claironnant''. Toute autre atmosphère avec « Sous les lauriers roses » de Déodat de Séverac (1872-1924), évocation d'un « soir de carnaval sur la Côte catalane », qui se veut hommage à la fois à Chabrier, Albeniz et Ravel. D'un seul tenant, le morceau d'allure rhapsodique progresse au fil de multiples indications telles que ''Tempo di Sardana'' ou ''Alla barcarola''. C'est un curieux patchwork aux tournures inattendues, dans une apparente insouciance. Une vision optimiste de la reconstruction après les ravages de la guerre ?      

Ces œuvres peu connues, mais qui méritent de l'être, sont ici interprétées par trois musiciens inspirés, originaires des Hauts de France : Pierre Pouillaude, flûtiste, formé auprès de Philippe Pierlot, et professeur au conservatoire de Tourcoing, à la sonorité aérienne, Yasmina Hammani, violoniste, et Amaury Breyne, pianiste passionné de musique de chambre, qui joue un Steinway grand de 1906 au son cristallin.

La prise de son à l'auditorium du conservatoire régional de Tourcoing offre une image agréable, quoique plaçant la flûte en peu trop à droite du spectre sonore.

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Jean-Pierre Robert

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Philippe Gaubert

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