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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : « En Seumeillant » Chants du Moyen-Âge

cd En seumeillant

« En Seumeillant »: Rêves et visions au Moyen-Âge
Sollazzo Ensemble
1CD Éditions Ambronay :  AMY309 (Distribution : Harmonia Mundi)
Durée du CD : 62'34
Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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Ce CD original transporte l'auditeur au cœur de la musique tardo-médiévale. Les pièces enregistrées montrent une variété de styles et d'esthétiques s'étalant sur quelques deux siècles de musique, de l'Itatie du XIII ème siècle, ou de la Catalogne, à la France à l'orée du XV ème. Elles sont interprétées par un jeune ensemble qui assume totalement ces idiomes singuliers.

De la rêverie la plus innocente à la chanson à boire en passant par la vision mystique, le programme dresse un tableau varié d'une sorte de voyage imaginaire dans le répertoire musical du Moyen-Âge. Tirés de l'oubli par la musicologie dès le XIX ème siècle, ces chants étaient transmis, à l'époque, d'une génération à l'autre et circulaient à travers les régions, donnant ainsi naissance à une culture musicale européenne. Ils revêtent plusieurs formes. Ce peut être un chant de louange issu des rassemblements lors de processions et de réunions (« Magdalena degna da laudare ») lesquelles  pouvaient aussi connaitre des formes extrêmes d'auto-flagellation publique avec des états extatiques. Ainsi des sibylles, figures illuminées (« El Cant de la Sibilla », chant d'apocalypse). Cela peut prendre les contours d'une litanie mortuaire, comme dans la « Litania mortourum discordans », issue d'une tradition orale milanaise qui transforme le chant grégorien en une polyphonie par l'ajout de dissonances, ou dans le madrigal « Morte m'a sciolt' » tiré d'une Canzone de Pétrarque. Il peut s'agir aussi d'un rêve, comme il en est du madrigal italien «  La bella stella », qui par des images symboliques, situe le propos entre amour courtois et amour sacré. L'éloquence amoureuse, on la trouve encore dans « Or sus, vous dormez trop », utilisant la métaphore pour faire coexister le sublime et le grivois par d'étonnants sous entendus, témoin de la fantaisie amoureuse médiévale. Le pièce peut aussi bien revêtir l'aspect d'une ballade, comme « En seumeillant », morceau provenant de la cour d'Aragon à la fin du XIV ème siècle, qui conte un contexte prophétique (augure de la guerre de Cent ans).

Mais les pièces les plus saisissantes, de la fin du XIV ème et du début du XV ème, sont les chants dits ''des Fumeurs'', du nom de cette société secrète qui dans les compositions musicales qui nous sont parvenues, évoque ses us et coutumes. Deux morceaux illustrent ce qui ressortit à une libre hallucination chantée-déclamée à la frontière de la transe, on ne peut plus dissonante et se développant uniquement dans le registre mezza voce sur une basse à peine soulignée (« Fumeux fume » et « Puisque je sui fumeux »). Elles appartiennent au courant dit de l'« Ars subtilior »,  caractérisé par son extrême raffinement et sa complexité, proche de l'expérimentation et revendiquant des pratiques innovantes à la fois rythmiques et contrapuntiques.

Le Sollazzo Ensemble, fondé à Bâle en 2014, et dès la même année choisi pour participer au programme eeemerging du Centre culturel de rencontre d'Ambronay, défend ces pièces magistralement. Ces six musiciens, deux sopranos, Perrine Devillers, Yukie Sato, un ténor, Vivien Simon, un harpiste, Vincent Kibildis, et deux vièlistes à archet, Sophia et Anna Danilevskaia, cette dernière agissant aussi comme leader, font siens le style si particulier de l'Ars subtilior. Comme le fait de s'exprimer en vieux français. La pureté des voix n'a d'égale que l'adresse des instrumentistes.

L'enregistrement est clair et justement résonnant.

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Jean-Pierre Robert      

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