CD : «Naissance de Vénus», musique chorale française par l'ensemble Arsys Bourgogne
C'est à un passionnant voyage à travers la musique chorale française que nous convie l'ensemble Arsys Bourgogne : un vaste panorama de la musique a cappella du XXème siècle, affectionnée par une pléiade de compositeurs qui de Debussy à Messiaen, de Ravel à Milhaud ont enluminé ce genre en s'inscrivant dans une grande tradition chorale remontant à la période de la Renaissance.
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Claude Debussy : Trois Chansons de Charles d'Orléans.
Maurice Ravel : Trois Chansons.
Florent Schmitt : À contre-voix op. 104.
Francis Poulenc : Un soir de neige.
Olivier Messiaen : Cinq Rechants.
Darius Milhaud : Naissance de Vénus.
Joseph Canteloube : Cinq chants paysans de Haute-Auvergne.
Arsys Bourgogne, direction Mihály Zeke
1 CD Paraty : 117155 (Distribution : Harmonia Mundi)
Durée du CD : 57'33
Note technique :
(5/5)
Claude Debussy s'est ainsi souvenu de Clément Janequin et de Roland de Lassus dans ses Trois Chansons de Charles d'Orléans, composées en 1898 et 1908, merveilleuses miniatures dont les tournures délicieusement archaïques habitent une écriture résolument moderne. Maurice Ravel, fin 1914 - début 1915, pour sa seule contribution à la musique a cappella, livre ses Trois Chansons qui eurent leur heure de gloire au sein du mouvement ''Jeune Musique''. Francis Poulenc a largement contribué au genre de la musique chorale. La cantate de chambre Un soir de neige (1944) pour un chœur mixte de six voix (ici douze chanteurs), sur des poèmes de Paul Eluard, «exprime un message comme tapi dans la douleur» (Renaud Machard, «Poulenc», Seuil). Les harmonies si typiques du compositeur sont au service de pièces d'une intense gravité comme dans «Bois meurtri». Darius Milhaud (1892-1974) contribue aussi au genre avec Naissance de Vénus. Ces quatre courtes pièces envoûtantes ont été composées en 1949 sur les poèmes d'«Oublieuse Mémoire» de Jules Supervielle. Joseph Canteloube (1879-1957) a été le chantre de la préservation du répertoire du folklore musical français. Il publie entre 1927 et 1948 ses Cinq chants paysans de Haute-Auvergne dont deux morceaux sont présentés ici : «À la campagne», décidé, dans un contrepoint simple. Qu'on retrouve aussi dans «Chaîne de bourrées», qui renferme de jolis effets d'émission à bouche fermée. Florent Schmitt (1899-1958) compose son recueil Á contre-voix en 1943, créé quatre ans plus tard par la chorale Élisabeth Brasseur. Le disque en propose deux extraits : «Pour vous de peine» d'après Ronsard, d'un charme nostalgique, et le truculent «Bonnet vole» du poète Paul Arosa.
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Olivier Messiaen a toujours éprouvé un penchant particulier pour la voix. Ses Cinq Rechants, de 1949, qui avec Harawi et la Turangalila Symphonie, appartiennent à la «Trilogie de Tristan et Yseult», révèlent un traitement singulier du chant choral. Il mêle diverses techniques (homorythmies, usage de rythmes non rétrogradables) et travaille sur une base textuelle originale faite de français inventé et d'emprunts aux chants hindous et péruviens pour de curieuses onomatopées. On y trouve encore une savante répartition des voix, du soliste (soprano) au tutti. Messiaen dit avoir voulu rendre hommage à Claude Le Jeune eu égard à la forme strophique utilisée assortissant couplets, les ''chants'', et refrains, les ''rechants''.
Fondé en 1999, Arsys Bourgogne compte actuellement parmi les meilleurs ensembles choraux français. Il se meut dans l'univers de ces diverses pièces avec aisance sous la direction de Mihály Zeke. Depuis qu'il en a pris la direction en 2015, ce chef propose de nouvelles expériences stimulantes et originales, tissant un lien entre musiques ancienne et contemporaine. Les interprétations s'en ressentent en termes de flexibilité et de souplesse. On admire les couleurs vocales subtiles, la douceur d'émission dans le registre piano, la sûre projection comme la précision des attaques.
Effectuée à la Ferme de Villefavard, la prise de son donne une image claire et justement pas trop résonnante, avec une spatialisation satisfaisante des quatre groupes vocaux.
Texte de Jean-Pierre Robert
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