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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD de musique de chambre : Quintette pour piano et cordes de Chostakovitch, Quatuor Balcea et Piotr Anderszewski

Chostakovitch quintette pour piano

Ce CD marque la première incursion du Quatuor Balcea dans l'univers de Chostakovitch avec un couplage intéressant, comme naguère l'imaginèrent les Borodine et Sviatoslav Richter : le Quintette pour piano, où ils font équipe - également pour la première fois - avec Piotr Anderszewski, et le Troisième Quatuor à cordes. Une belle réussite. 

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Dimitri Chostakovitch : Quintette pour piano et cordes op. 57. Quatuor à cordes N° 3 op. 73.
Piotr Anderszewski, piano, Balcea Quartet
1 CD Alpha : Alpha 360 (Distribution : Outhere Music)
Durée du CD : 67 min 47 s

Note technique :  etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Le Quintette pour piano et cordes op. 57 est achevé en 1940, peu après le premier quatuor à cordes. Il est écrit à la demande du Quatuor Beethoven et Chostakovitch se réservera la création de la partie de piano. On y remarque une grande unité stylistique. Chostakovitch réintroduit la polyphonie de Bach et se déjoue de la difficulté qu'il y a à intégrer le piano parmi le quatuor à cordes. Sa coupe en cinq mouvements oppose les deux premiers, en forme de prélude et fugue, et les deux derniers qui s'enchaînent sans interruption. Ces deux parties sont séparées par un court scherzo énergique. L'œuvre s'ouvre par un «Prélude», lui-même entamé par une introduction du seul piano. La manière est néo-classique. La «Fugue» qui suit, marquée adagio, est construite en arche, du début intime jusqu'à un fort climax, pour terminer dans un pianissimo contemplatif.

Il émane un sentiment de plénitude de la présente interprétation car Piotr Anderszewski se fond avec doigté parmi ses partenaires. Brusque changement d'atmosphère avec le scherzo, dans le ton parodique presque tapageur, la section en trio en rajoutant de son martèlement sardonique, comme le musicien colorera souvent ses compositions ultérieures. L'effet de danse grotesque est pimenté par les pirouettes du piano. La dernière partie s'ouvre par un «Intermezzo», d'abord confié à l'intense mélodie du premier violon, peu à peu rejoint par les autres cordes en pizzicato, puis le piano qui scande âprement le discours. Le «Finale, Allegretto» apporte gaité et vivacité de son rythme de fausse marche. Et tout s'achève dans un climat quasi hypnotique. 

Le Troisième Quatuor op. 73 est achevé en 1946. Il se distingue par sa richesse thématique au fil de ses cinq mouvements. Un allegretto dans la veine néo-classique, entraînant et joyeusement décalé, mais où appert quelque tumulte sous-jacent. Au Moderato, sur une scansion rigoureuse de l'alto, le premier violon déploie un soliloque en arabesques. Il fait face ensuite aux trois autres voix en des pianissimos magiques. C'est une explosion de violence que livre la rythmique sauvage de l'Allegro, et cette rugosité désormais coutumière chez Chostakovitch, notamment à l'alto qui a décidément la primauté dans cette œuvre. À l'Adagio, l'unisson des trois voix autres que le Ier violon semble vouloir lui donner la réplique. Un sentiment de tristesse envahit l'auditeur. La profondeur de cette séquence n'a d'égale que l'incandescence des sonorités, en particulier encore une fois de l'alto. Le finale Moderato qui s'enchaîne dissipe-t-il cette réflexion pessimiste ? Rien n'est moins sûr : le balancement du discours n'est qu'inquiétude, même si celui-ci s'anime. Mais ce n'est là que déchirement dans une étonnante superposition des voix, où les Balcea s'investissent remarquablement. La coda vient comme sur la pointe des pieds et pianissimo. Le seul Ier violon conclut dans un fil et un souffle sur une pédale en sourdine des trois autres voix. Les Balcea émaillent leur exécution d'innombrables nuances, dont des pianissimos impalpables.

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Les deux œuvres bénéficient d'une prise de son d'une clarté exemplaire et la balance piano-cordes dans le quintette est excellente.

Texte de Jean-Pierre Robert  



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