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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : "Rhapsodie roumaine" signée Enesco et Bartók

Rhapsodie Roumaine Enesco Bartok

  • Georges Enesco : Rhapsodie roumaine N° 1, op. 11 ;
  • Sonate pour violon et piano N° 3 op. 25, "dans le caractère populaire roumain" ;
  • Nocturne "Ville d'Avray" pour quatuor avec piano.

  • Béla Bartók : "Un soir au village" pour violon et piano ;
  • Duos pour deux violons (extraits - arrangement pour deux altos) ;
  • Danses populaires roumaines pour violon et piano.

    Gilles Apap, violon, Diana Ketler, piano. Ensemble Raro

    1 CD Solo musica : SM 277 (Distribution : Sony music)
    Durée du CD : 61 min 26 s
    Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

L'inspiration folklorique roumaine a rarement été si bien servie que par le roumain Enesco et le hongrois Bartók. Autant le premier, bercé dès l'enfance de ces airs populaires, que le second qui se fit un devoir de les collecter, ont porté la simplicité de cette musique à un haut degré de raffinement artistique. L'un comme l'autre ont su recréer, par une ingénieuse instrumentation, la subtile alchimie et surtout l'essentielle expressivité qu'elle renferme. Ce CD associe les deux compositeurs en croisant plusieurs pièces de chacun d'eux. 

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Aussi bien interprète renommé du violon que compositeur inspiré, Georges Enesco (1881-1955) écrit en 1901 sa Première Rhapsodie roumaine pour orchestre op. 11 - ici arrangée pour quatuor avec piano par le compositeur viennois Thomas Wally. L'élan folklorique roumain y est d'emblée perceptible grâce à une orchestration d'une prodigieuse inventivité, tour à tour galopante ou plus assagie, dans un luxe inouï de sonorités. Après l'énoncé du thème au premier violon puis au second, ce sont une suite de variations dans un ton d'abord retenu et bien dansant, presque schubertien, avant de s'enivrer de son propre rythme de plus en plus endiablé. Les dernières pages marquent une sorte de déconstruction digne de la fin de La Valse de Ravel. L'interprétation de l'Ensemble Raro, à qui est dédié cet arrangement, sonne on ne peut plus idiomatique, emportant l'auditeur dans un irrésistible tourbillon. La Sonate N° 3 pour violon et piano, "dans le caractère roumain", op. 25 (1926), est encore plus typique du style d'Enesco : tout un folklore réinventé, le violon en mode tzigane, le piano rappelant le cymbalum, si perceptible dès le ''Moderato malinconico'' initial et sa rythmique doucement déhanchée. La voix mystérieuse du violon s'exprime presque énigmatique à l' ''Andante sostenuto e misterioso'', sur des notes répétées et lancinantes du piano pour un dialogue singulier où l'un et l'autre semblent ne pas se rencontrer. Une longue montée en puissance précède une séquence intimiste pianissimo. Tout en contraste, le finale ''con brio'' se signale par son allant et cette propension à improviser avec changements de rythmes incessants et un traitement violonistique aiguisé. La sonate se termine das une sorte d'ivresse proche de la sauvagerie. Gilles Apap et Diana Ketler en donnent une lecture vibrante. Le Nocturne "Ville d'Avray", composé en ce lieu pour quatuor avec piano, et dédié à l'élève ami Yehudi Menuhin, confère au violon en particulier une mélodie envoûtante. Le ton est ici moins roumain que gallique, proche de Chausson. Son charme provient de sa spontanéité d'écriture et de l'art de dépeindre le mystère de la nature.

À partir des nombreux airs collectés en Transylvanie dès 1908, Béla Bartók compose en 1915 ses Danses populaires roumaines pour piano, qu'il arrangera pour petit orchestre. Le violoniste Zoltán Székely les transcrira à son tour pour violon et piano en 1926. Ces six pièces sont sans doute le meilleur exemple de l'inspiration ''roumaine'' du compositeur, et pas seulement la cinquième intitulée "Polka roumaine". Bartók se coule dans la rythmique et la mélodie des airs d'origine, les habillant d'une harmonie recherchée. La première danse, dite ''du bâton'', offre une des signatures les plus connues du musicien. Comme la vive "danse du centurion". La "danse sur place" se signale par ses pizzicatos au violon sur un accompagnement en bourdon du piano. Dans toutes ces pièces on sent percer la mélancolie, voire le tragique. Là encore le duo Apap-Ketler livre une exécution immaculée où joie et tristesse paraissent inséparables. Il en va de même de la courte pièce titrée "Un soir au village". Est encore proposé un bouquet de huit morceaux extraits des Quarante-quatre Duos pour deux violons, mais dans une transposition pour deux altos. Bartók utilise ici encore le prisme des danses folkloriques, en fait des airs paysans, notamment la "Colindă" ou chant de Noël. Le recours à l'alto donne aux pièces choisies un aspect plus sombre. 

L'enregistrement effectué dans les studios de la Bayerischer Rundfunk à Munich se distingue par sa belle définition, assortie d'une légère réverbération pour les pièces jouées par l'ensemble instrumental.

Texte de Jean-Pierre Robert

CD disponible sur Amazon

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