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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : «Eternità d'amore», pages de musique de chambre vocale de Monteverdi et de ses héritiers

Eternita d amore

  • Arias de Claudio Monteverdi, Francesco Cavalli, Domenico Obizzi, Giovanni Legrenzi, Biagio Marini, Giovanni Rovetta, Giovanni Stefani
  • Zachary Wilder, ténor, Josep Maria Martí Duran, archiluth & guitare baroque
  • 1 CD La Musica : LMU013 (Distribution : Harmonia Mundi)
  • Durée du CD : 55 min 02 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise (4/5) 

La magie du chant monodique ou ''recitar cantando'' dans la Venise du XVIIème siècle a produit des pages d'exception pour traduire l'expression des sentiments ou ''affeti''. Le ténor Zachary Wilder et l'archiluthiste Josep Maria Martí Duran ont puisé dans l'immense production de Monteverdi et des ses héritiers un choix de morceaux se prêtant parfaitement à cette originale combinaison chambriste. Des moments souvent bouleversants. 

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Il en va bien sûr des pièces de Monteverdi, extraites des Scherzi Musicali de 1632, qui poursuivent le style de chant monodique instauré avec le Cinquième Livre des madrigaux, mais avec une expression nouvelle, la basse continue dialoguant désormais avec la voix. Ainsi de «Ecco di dolci raggi il sol armato» («Voici venir le soleil armé de doux rayons»), de style madrigalesque, bel exemple de poésie chevaleresque et narrative, préfigurant le futur dramma per musica, ou du confident «Eri già tutta mia» («Tu étais déjà tout à moi»), ou encore de «Quel sguardo sdegnosetto» («Ce regard un tantinet dédaigneux»), quasiment dansant dans ses diverses variations. Mais cet art vocal raffiné a aussi bien été cultivé par les contemporains de Monteverdi. D'abord dans des pièces d'envergure, de facture presque opératique comme le morceau «Lagrime d'Erminia» («Les larmes d'Herminie») de Giovanni Rovetta (1586-1668). Ce madrigal pour voix seule, chef-d'œuvre du genre, offre cette originalité de faire introduire comme par un récitant la lamentation de la jeune femme. La cantate «Au pied d'un beau cyprès», attribuée à Francesco Cavalli (1602-1676), alterne récitatif et aria, et offre avec ce dernier les prémisses de ce que sera l'aria da capo.

D'autres morceaux empruntent la forme d'airs ou de chansons issus de la musique populaire de l'époque. Ainsi des chansons strophiques de Biagio Marini (1594-1663), comme «Ricciutella Pargoletta» («Mignonnette toute frisette»), qui est une canzonetta à la cellule mélodique identique au long de ses divers couplets, créant une impression presque entêtante. Ou des «Cantate e canzonette» de Giovanni Legrenzi (1626-1690) pour voix seule, de ténor ou de basse, un recueil (1676) comprenant des ariettes séduisantes. Comme il en est de «V'ho intenso abbastanza» («Je vous ai bien comprise») au rythme chaloupé et véhément, de forme libre, mais reposant sur un schéma d'une grande rigueur, et nanti de belles vocalises. La pièce «Belle donne» est tout aussi plaisante dans sa simplicité, bâtie sur la forme da capo de l'aria d'opéra. Domenico Obizzi (v.1611-v.1631), élève de Monteverdi et chanteur à Saint Marc de Venise, publia deux recueils de madrigaux dont l'un pour voix seule, alternant des pièces élégiaques et plus animées. Ainsi de «Udite, udite o selve» («Écoutez, écoutez, ô forêts !»), plainte écrite paradoxalement sur une mélodie claire. Ou de « Dimmi Filli mio ben» («Dis-moi, Phylis, mon trésor») introduisant un intéressant décalage entre la voix et la guitare d'accompagnement.

Formé dans les institutions américaines dont le Boston Early Music Festival, et lauréat du Jardin des voix 2013 de William Christie, le ténor Zachary Wilder possède une voix bien timbrée et lumineuse. Le style est éprouvé dans les nuances qu'exigent ces pièces, dont de longues tenues de notes de fin de phrase. Il est accompagné avec tact par l'archiluthiste catalan Josep Maria Martí Duran, qui joue aussi avec maestria une pièce purement instrumentale de Monteverdi dont est assorti le programme. 

A été privilégié un enregistrement saisissant voix et instrument de très près, sur le modèle des techniques du jazz et de la variété. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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