Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Symphonies de Haydn, vol. 6 «Lamentatione», par Giovanni Antonini

Haydn2032 Lamentatione Giovanni Antonini

  • Joseph Haydn : Symphonies N° 3, N° 26 « Lamentatione », N° 79 & N° 30 « Alleluia »
  • Kammerorchester Basel, dir. : Giovanni Antonini
  • 1 CD Alpha : Alpha 678 (Distribution : Outhere music)
  • Durée du CD : 67 min 05 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

Poursuite de l'intégrale des symphonies de Joseph Haydn, dans le cadre du projet «Haydn 2032», ce volume 6 se concentre sur des œuvres d'inspiration sacrée. Sous le motto «Lamentatione», emprunté au sous-titre de la symphonie N° 26, les quatre pièces réunies ici ont aussi en commun la vitalité de la direction de Giovanni Antonini, âme de ce projet ambitieux. Le moins qu'on puisse dire est qu'il renouvelle notre perception de ces œuvres.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Dans le catalogue de la centaine de ses symphonies, Haydn laisse libre cours à sa fantaisie. Les sous-titres de nombre d'entre elles, plus ou moins apocryphes, se situent peut-être au niveau de l'anecdote. Qu'importe, s'il en ressort un intérêt aussi bien pour le spécialiste que pour l'auditeur dilettante ! Deux de ces œuvres semblent avoir une origine sacrée à en juger par leur appellation. Ainsi de la Symphonie N° 26, composée dans les années 1765, dans laquelle Haydn cite deux mélodies de choral. En particulier un extrait des ''Lamentations du prophète Jérémie'', présent dans l'Allegro con spirito initial, très allant, voire dramatique, et surtout à l'Adagio médian. Ce plus développé des trois mouvements progresse de manière calme et recueillie dans un beau continuum des cordes qu'agrémente le chant suave des bois. Le Menuet final adopte une tonalité curieuse, âpre, dont les harmonies et le rythme ambigu génèrent un climat d'oppression. Le sous-titre, «Alleluia», de la Symphonie N° 30, provient de ce que le vif premier mouvement utilise, dans son second thème, l'Alleluia grégorien pour la nuit de Pâques, une mélodie d'église alors très populaire en Autriche. L'andante médian se signale par sa partie de bois, dont la flûte et le hautbois, joliment tricotée, créant un climat presque pastoral. Le finale «Tempo di Menuet» est dansant, en particulier dans le trio sur un rythme de Ländler.

Les deux autres partitions choisies s'éloignent de la thématique précédente. La Symphonie N° 3, en quatre mouvements, date de la fin des années 1750, peu avant que Haydn n'entre au service du Prince Esterházy. Elle frappe par sa modernité, comparée aux divertimentos, genre dans lequel le musicien s'était jusqu'alors illustré. Sa structure en quatre volets vif-lent-menuet-vif, le dialogue cordes-vents et le sens très libre avec lequel est utilisé le contrepoint caractérisent une pièce fort agréable. Le Menuet n'est pas sans trahir son origine française, de Rameau en particulier. Le bref finale ''alla breve'', s'avère vigoureux dans son style fugué. Quant à la Symphonie N° 79, elle est plus tardive puisque datant de l'année 1784. La première de ses quatre parties est un Allegro con spirito élégant et allant, d'une parfaite texture classique, développé avec l'inventivité qu'on connaît à l'auteur de La Création. Magnifiée ici par le brio de l'exécution. L'Adagio cantabile, doucement expressif, est assorti d'un court allegro, sorte de scherzo bien sonnant, avec un effet de surprise final. Le Menuet est aimable avec sa conversation des cordes en réponds, et le passage en trio, plus coulant, est doté de piquants traits de flûte. Le Vivace final distille sa jolie rengaine, d'abord piano, avant une sorte d'explosion en des tutti rageurs et des accents bien marqués à la basse.

Comme dans le précédent volume 5 de cette intégrale (voir Chronique du 5 décembre 2017), Giovanni Antonini dirige l'Orchestre de chambre de Bâle dont il est le principal chef invité. Jouant sur instruments anciens, cette formation tire ses qualités de son extrême raffinement d'exécution comme de la belle couleur de ses timbres. La direction du chef milanais ne cesse de captiver par sa battue vivante, évitant toute articulation excessive, et par le dosage judicieux de la dynamique entre forte et piano, sans parler du flair avec lequel il contraste thèmes et mouvements.

Dans une acoustique ouverte, l'enregistrement est très présent et idéalement équilibré entre pupitres des cordes et des vents.  

Texte de Jean-Pierre Robert

LA SUITE APRÈS LA PUB

Disponible sur Amazon en CD, MP3 et streaming

 



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ