Concert : fin de saison en beauté pour l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck
- Dmitri Chostakovitch : Deux Pièces pour octuor à cordes op.11
- Sofia Gubaïdulina : Triple Concerto pour violon, violoncelle, bayan et orchestre (création française)
- Richard Strauss : Salomé, extrait : Danse des sept voiles - Le Chevalier à la rose, suite d’orchestre
- Orchestre Philharmonique de Radio France
- Mikko Franck, direction
- Baiba Skride, violon
- Harriet Krijgh, violoncelle
- Elsbeth Moser, accordéon
- Arno Madoni, Cyril Baleton
- Jean-Philippe Kuzma, Amandine Ley, violon
- Julien Dabonneville, Aurélia Souvignet-Kowalski, alto
- Nicolas Saint-Yves, Nadine Pierre, violoncelle
- Auditorium de Radio France, Vendredi 15 juin 2018
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Un concert réunissant le post-romantisme façon Richard Strauss et deux représentants russes de la modernité. D’abord celle de Dmitri Chostakovitch (1906-1975) et celle de Sofia Gubaïdulina (née en 1931), dont l’œuvre exécutée ce soir en création française date de 2017.
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Le concert débutait en fait par deux courtes pièces pour octuor à cordes d’un tout jeune compositeur, puisque ces œuvres sont écrites par Chostakovitch en 1924. Elles annoncent néanmoins ce qui sera ultérieurement développé dans les futurs Quinze Quatuors à cordes de Chostakovitch : son impertinence et son ironie alliées à des accès rageurs. La seconde œuvre donnée lors de ce concert était le Triple Concerto pour violon, violoncelle et accordéon (bayan) de la compositrice russe Sofia Gubaïdulina. On notera que l’orchestre auquel fait appel Sofia Gubaïdulina surprend par son ampleur, regroupant une importante section de cuivres (dont deux tubas, six cors). La compositrice n’en est pas à son coup d’essai dans la réunion des trois instruments de ce Triple Concerto puisque déjà en 1991, elle les réunissait dans Silenzio. Élevée dans la foi orthodoxe, Sofia Gubaïdulina semble avoir introduit au sein de cette dernière œuvre (ce Triple Concerto) des éléments issus peut-être du chant orthodoxe, ce qui peut expliquer le début de son Concerto, commençant dans l’extrême grave émis par l’accordéon (bayan) entamant avec les contrebasses jouant également dans l’extrême grave un dialogue étonnant. Le Triple Concerto de Sofia Gubaïdulina se termine sur un fortissimo évitant pourtant toute violence. En guise de conclusion, Mikko Franck, dirigeant les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, exécutait d’abord la sulfureuse et terrible Danse des sept voiles de Richard Strauss, tirée de Salomé, drame en un acte inspiré par l’œuvre d’Oscar Wilde. C’est également une partition célèbre de Richard Strauss qui mettait un point final à ce concert, le dernier de la saison. Il s’agissait de la suite d’orchestre du Chevalier à la rose, un opéra basé sur un livret de Hugo von Hofmannsthal. Cette œuvre est créée à Dresde le 26 janvier 1911, alors que la suite d’orchestre est créée à Vienne en 1946, sous la direction de Hans Swarowsky, un chef autrichien dont l’éducation musicale s’accomplit sous la direction de trois grands noms de la musique autrichienne puisqu’il s’agit de rien moins que Richard Strauss, Arnold Schoenberg et Anton Webern. Cette suite d’orchestre de Richard Strauss est virevoltante, exaltée et enivrante à l’image de cet opéra flamboyant (le Chevalier à la rose) où le compositeur rend un hommage appuyé à Mozart, en particulier aux Noces de Figaro.
Interprétation passionnée des trois solistes du Concerto de Gubaïdulina, vibrante exécution des deux pièces pour octuor à cordes de Chostakovitch par les huit musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Quant à Mikko Franck, efficace dans la partie d’orchestre du Triple Concerto de Sofia Gubaïdulina, il enflamme les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dans l’éclatante suite d’orchestre du Chevalier à la rose.
Texte de Michel Jakubowicz
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