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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Un magistral florilège de mélodies de Gounod

Charles Gounod Melodies

  • Charles Gounod : Mélodies
  • Tassis Christoyannis, baryton - Jeff Cohen, piano
  • 1 CD Aparté : AP181 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 80 min 35 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Pour ce sixième volume de la collection « Mélodie française », le label Aparté en partenariat avec le Palazzetto Bru Zane présente un florilège de pièces de Charles Gounod. Bien moins célébré que son œuvre opératique, le corpus relativement important de ses mélodies, qui dépasse les 150 numéros et s'échelonne tout au long de sa carrière créatrice, est pourtant le terrain privilégié du talent d'un musicien qui se plie volontiers à l'intimisme de ce répertoire. On retrouve dans ce disque une association qui a fait ses preuves dans les disques précédents de la série, le baryton Tassis Christoyannis et le pianiste Jeff Cohen. Un parcours choisi et passionnant.

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Les 24 mélodies ici réunies, dont la composition s'étend de 1839 à 1884, offrent en effet un panorama représentatif de cet ensemble. Que caractérisent l'abondance mélodique et un charme certain dans le contour de la phrase et la saveur des harmonies jusqu'à la volupté vocale, quoique contenue dans le murmure et la caresse des mots. C'est que Gounod choisit soigneusement ses poètes : Gautier, Hugo, Musset, Dumas fils, voire Ronsard ou de Baïf, pour ne citer que les plus célèbres. La musique simple et directe est d'abord au service du texte, respectant l'articulation et l'inflexion naturelle des vers. C'est le relief des mots et la magie de leur sonorité que saisit d'instinct le musicien dans cet univers intérieur propice à la confidence. Ainsi de ses mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier. Première pièce à être publiée, en 1839, « Où voulez-vous aller ? » délivre une douce ironie de la séduction avec son refrain entraînant. Le lamento de « La Chanson du pêcheur », qui s'ouvre sur les mots magiques « Ma Belle Amie est morte : je pleurerai toujours », s'épanche sur un rythme fervent. Gounod en écrira une seconde version en 1872, encore plus obsédante. « Primavera » (1868) est une chanson toute de fraîcheur dans son allure décidée. Toute la poétique hugolienne est saisie dans « Aubade » et ses fines broderies vocales, ou dans « Sérénade » (1850) empruntée à Marie Tudor, exprimant une langueur indolente sur un joli balancement pianistique. « Venise », sur un poème de Musset, est un curieux hymne à la Sérénissime par une succession d'images fugitives que renforce l'ambiguïté tonale de l'écriture pianistique. 

Plus d'un tiers de la production de Gounod mélodiste est en langue anglaise. Fruit d'un séjour de trois ans à Londres, au début de années 1870, et de ses amours malheureux avec la chanteuse Georgina Weldon. Il emprunte aussi bien à Byron pour « Maid of Athens », aux modulations langoureuses, ou à Shelley dans « Good Night » et son amusante ritournelle, ou encore à Wither pour « Sweet baby, sleep », une berceuse dont l'accompagnement se raréfie peu à peu tandis que la voix se fait de plus en plus discrète. Gounod a aussi produit des pièces en italien, comme « Quanti mai! » sur un texte de Metastasio, pastiche de canzonette italienne. Cette anthologie finement conçue montre aussi l'évolution qui se dessine chez lui au fil des années : depuis la façon légèrement orientalisante de « Medjé » (1864, sur un poème d'Émile Augier) ou la manière minimaliste de « Tombez, mes ailes ! » (1866), puis aux harmonies nouvelles de « Le souvenir » (1870), pour traduire une vibrante inquiétude. Enfin à une manière s'approchant des grands climats opératiques aussi bien dans le traitement vocal que dans la partie pianistique (« Le Banc de pierre », 1876) 

Toutes ces pièces requièrent une extrême flexibilité de la diction, un art de la prononciation comme un sens du rythme qui souvent côtoie le débit de la parole. Familier du répertoire français, Tassis Christoyannis est ici chez lui. Comme ses interprétations des mélodies de Lalo, de Félicien David ou de Fernand de La Tombelle l'ont montré, on admire la profonde musicalité, la justesse de l'expression, la manière sûre d'investir le texte. Outre la beauté du timbre de baryton clair aux moirures mordorées, l'élocution conserve toujours un parfait naturel. Il trouve en Jeff Cohen plus qu'un partenaire attentif, un complice de tous les instants qui fait sonner claire et concise une ligne pianistique enveloppante.

L'enregistrement effectué au Palazzetto Bru Zane à Venise est intime et très présent, délivrant une image bien centrée. On savoure la proximité aussi bien de la voix que du piano. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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Disponible sur Amazon en CD, streaming et MP3



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