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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : « Melodies in mind » - Suites et sonates en trio de Haendel

cd melodies trio haendel

  • Georg Friedrich Haendel : Sonates en trio op. 2, en ré mineur, HWV. 386, & en fa majeur, HWV. 389. ''Première Suite imaginaire''. ''Deuxième Suite Imaginaire''. Deuxième suite pour clavecin en fa majeur (extraits)
  • Ensemble Amarillis : Héloïse Gaillard, flûte, Violaine Cochard, clavecin, Alice Piérot, violon, Annabelle Luis, violoncelle, Florent Marie Théorbe
  • 1CD Evidence classics : EVCD049 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 63'18
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge5/5

Ce CD se propose d'évoquer l'art de Haendel le mélodiste dans sa production instrumentale. Un projet né de l'idée pour les fondatrices de l'Ensemble Amarillis, Héloïse Gaillard et Violaine Cochard, de jouer deux instruments originaux du Musée de la Musique de Paris : la flûte à bec alto de Thomas Stanesby Junior dont a été réalisé un fac-similé par le facteur Bruno Reinhard en 2017, et le clavecin anglais à un clavier de Longman & Broderip. À côté de sonates en trio, sont présentées des sonates pour clavecin, elles-même recrées sous forme de « Suites imaginaires » instrumentées pour la présente formation. Un bien séduisant programme.

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Les deux sonates en trio de l'opus 2, choisies ici, la Sonate N° 1, HWV. 386, et la Sonate N°4, HWV. 389, bénéficient grandement de l'adaptation pour flûte, violon et basse continue. Comme dans beaucoup de pièces chambristes de Haendel, on remarque un lien évident avec sa musique vocale. La douce sonorité de la flûte à bec renforce encore cette parenté. Ces sonates sont composées de quatre mouvements, comme dans le genre de la sonate d'église, sur le schéma lent-vif-lent-vif. La Sonate HWV. 389 en comporte même cinq, avec un second épisode vif en conclusion, en forme de gigue. Le caractère mélodique, fort suggestif, vient du fait que Haendel reprend des thèmes de ses œuvres vocales : l'opéra Alessandro et l'oratorio Il Trionfo del tempo e del disinganno, dans la Sonate n° 1. Alors que la Sonate N° 4 s'ouvre par un larghetto proprement envoûtant, ses divers mouvements prennent ici encore une tonalité ''vocale'', les deux instruments de dessus, flûte et violon, dialoguant dans un cantabile irrésistible, tendrement expressif à l'adagio central.

« Plutôt que de faire entendre une suite de clavecin seul entre les pièces de musique de chambre, nous avons eu envie de créer deux Suites imaginaires dans l'esprit de la suite de danses », confie Héloïse Gaillard. Plaisante idée, alors que l'agencement de ces suites, s'il répond à un ordre totalement arbitraire, façon coup de cœur, reste un modèle de goût en termes de couleurs et de diversification des formes instrumentales. En effet, les transitions entre les divers morceaux sont pertinentes, tant du point de vue harmonique que pour ce qui est de la facture instrumentale choisie. Ainsi, dans le cas de la deuxième Suite, passe-t-on du clavecin seul à la formation de sonate en trio, ou au contraire de la sonate pour violon et basse continue au clavecin puis ensuite au duo flûte et violon. Les diverses séquences sont jouées séparées d'un court silence, évitant toute succession mécanique. Chacune des deux Suites alterne pièces rapides et lentes, et voient inscrire en leur sein les trois courts mouvements d'une sonate pour dessus et basse : la Sonate HWV. 358 pour flûte et basse continue, dans le cas de la Première Suite, la Sonate pour violon et basse HWV. 377, pour ce qui est de la seconde. Chacune des suites se termine par un morceau plus substantiel, une Chaconne (HWV. 435) ou un Air, (HWV. 449), lesquels ont été transcrits par le compositeur Erik Desimpelaere. Tout cela peut paraître sophistiqué, voire empreint de didactique, mais répond au désir de faire œuvre originale pour mettre à profit les possibilités d'une formation à géométrie variable, et bien sûr séduire l'auditeur. Les transcripteurs et présents interprètes y parviennent sans mal : l'inventivité de l'adaptation comme de l'assemblage des pièces, la délicatesse du jeu, de la flûtiste en particulier, le soin dans le phrasé, la vitalité avec laquelle les six musiciens s'emparent de ces musiques, sans parler d'une conviction de tous les instants, font de ce disque un vrai moment de bonheur. La prise de son, à la Cité de la musique à Paris, est d'une grande immédiateté tout en étant parfaitement aérée.

Texte de Jean-Pierre Robert

Disponible sur Amazon en CD, streaming et MP3

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