CD : Rosarium Virginis Mariae de Mikolaj Zieleński
- Mikolaj Zieleński : « Le Rosaire de la Vierge Marie », histoire sacrée basée sur les Mystères du Rosaire
- Ensemble de musique ancienne La Tempesta, Varsovie, dir. Jakub Burzyński
- 1CD Divox Antiqua : CDX-71401-6 (Distribution : Naxos) ; www.divox.com
- Durée du CD : 57'05
- Note technique :
4/5
Voici une découverte majeure due au label suisse Divox Antiqua. Les Mystères du Rosaire, une des plus célèbres prières du culte marial catholique, a inspiré des compositions marquantes. On pense à Heinrich Biber en particulier et à ses Sonates du Rosaire. Le polonais Mikolaj Zieleński écrit sa version du Rosaire de la Vierge Marie en respectant les canons instaurés par le Pape Pie V en 1569, et sa forme tripartite, chacune constituée de cinq séquences : les « Mystères joyeux », les « Mystères douloureux », et les « Mystères Glorieux ». La présente interprétation de l'ensemble La Tempesta dirigé par Jakub Burzyński permet d'apprécier des pages magistrales et inspirées.
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Un des plus importants musiciens du baroque polonais, Mikolaj Zieleński (c. 1550-c. 1615) a essentiellement écrit pour la liturgie catholique, motets, chœurs, dont deux importantes compilations d'œuvres, ''Offertoires'' et ''Communions'', contenant plus de 120 pièces au total. Le Rosaire de la Vierge Marie est un parfait exemple de la diversité de son langage quant à la distribution vocale et instrumentale, confrontant voix et instruments d'inédite manière. L'instrumentarium est des plus diversifiés : cornets à bouquin, saqueboutes, dulciane en particulier, qui mêlés à l'orgue, génèrent des sonorités singulières. Chaque section de l'œuvre offre une expression différente. La première, les ''Mystères joyeux », qui culmine dans un vaste Magnificat à 12 voix pour traduire l'épisode de la Visitation, aura aussi présenté, pour celui de la Nativité, une Fantaisie à 3 pour violons, viole de gambe, luth et orgue. Les « Mystères douloureux » contiennent plusieurs pièces chambristes dont la section finale « Adoramus te, Christus », scène de la Crucifixion et de la mort de Jésus. Les « Mystères glorieux », qui débutent par un enflammé « Surrexit Dominus », pour célébrer la Résurrection, se conclut par un majestueux double chœur fêtant le Couronnement de Marie. On a ajouté un Hymne « O gloriosa Domina », en 5 parties, qui passe pour une des pièces les plus populaires de Zieleński, joliment agrémenté ici d'une Sinfonia introductive et de Ritornelli instrumentaux séparant les versets chantés.
L'interprétation de l'ensemble La Tempesta, fondé en 1998, est d'une lumineuse beauté. Son chef et fondateur Jakub Burzyński propose un travail musicologique très fouillé, à la recherche de la sonorité la plus fidèle de l'époque pour recréer le style monodique voulu par Zieleński. Il a recours ainsi uniquement à des voix d'hommes : des contre ténors et des falsettistes, en lieu et place des voix de garçons utilisées à l'origine. Parmi les solistes, on remarque la contribution du sopraniste Pawel Wojtasiewicz, conférant une coloration particulière, comme empreinte de fragilité. Le choix des instruments est pareillement pensé et les exécutants sont de grande classe, singulièrement les deux cornettistes, Doron David Sherwin et Marian Magiera, et le titulaire de la dulciane, Tomasz Gniatkowski.
L'enregistrement, dans une église de Varsovie, de modestes dimensions semble-t-il, offre un son qui se signale par une importante réverbération. Le spectre est large pour donner l'impression de vaste spatialité recherchée. Le chœur, placé en retrait, est parfois peu intelligible.
Texte de Jean-Pierre Robert
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