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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : « Pour en finir avec la guerre »

Pour en finir avec la guerre

  • Mélodies de Georges Antoine, Jacques Brillouin, John Alden Carpenter, Louis Durey, Gabriel Fauré, Henry Février, Paul Hindemith, Joseph Jongen, Bohuslav Martinu, André Messager, Darius Milhaud, Jacques Pillois, Déodat de Séverac, Rudi Stephan
  • Trois préludes extraits de « Five Preludes » pour piano d'Ivor Gurney
  • Françoise Masset, soprano, Anne Le Bozec, piano
  • 1 CD Hortus, Collec. « Les Musiciens et la Grande Guerre », vol XXIX : Hortus 729 (Distribution : Harmonia Mundi)
  • Durée du CD : 73 min 47 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5) 

Avant dernier volume de la considérable édition « Les Musiciens et La Grande Guerre », cet opus se concentre sur une sélection de pièces vocales, pour plusieurs inédites, hommages aux musiciens et à leurs poètes, dont certains tombés au front. Un mémorial aussi poignant qu'exhaustif.

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Plusieurs musiciens ont rendu hommage à des poètes disparus au combat. Ainsi en est-il de Darius Milhaud qui met en musique des poèmes de Léo Latil, tombé dans une tranchée en 1915. Du cycle des « Quatre Poèmes » évoquant la beauté réconfortante de la nature, écrits en 1914 et créés l'année suivante par Jane Bathori et le musicien au piano, on entend ici « La Tourterelle » et «  Le Rossignol ». Gabriel Fauré, dans L'Horizon chimérique op. 118, une de ses dernières compositions, chante avec « Vaisseaux, nous vous aurons aimés » le poète Jean de La Ville de Mirmont, tombé à Verneuil en novembre 1914. Le plus célèbre d'entre eux peut-être, Guillaume Apollinaire, qui décédera en 1918 des suites d'une blessure, a été une source d'inspiration féconde. Louis Durey met en musique « Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée » dont trois mélodies sont données ici (« Ibis », « La Colombe » et « Le Chat »). D'autres de ses textes seront aussi repris par Jacques Brillouin (« Il pleut ») ou Bohuslav Martinu (« Automne malade »).

Les musiciens eux-mêmes ont été les victimes de la guerre. Georges Antoine (1892-1918), avec sa mélodie « Vendanges », écrite en 1914 sur un texte de Paul Fort, offre une vision terrifiante de la guerre à travers le chant d'une femme angoissée dans l'attente du retour de l'aimé. Tout au contraire, l'allemand Rudi Stephan (1887-1915), dans le Lied « Das Hohelied der Nacht », évoque les beautés apaisantes de la nuit. L'attente de la femme est évoquée encore par Jacques Pillois (1877-1935) et ses « Trois chansons de Rosère », aux accents debussystes, presque sensuels aussi. L'américain John Alden Carpenter (1876-1951) évoque, dans « Berceuse de guerre », les sentiments attendris d'une mère qui pour calmer son enfant, lui chante une célèbre berceuse française, sur un rythme de plus en plus grinçant. Le belge Joseph Jongen (1873-1953) tresse dans son « Carnaval des tranchées » une sorte de danse macabre des soldats ayant la mort pour seul partenaire. L'anglais Ivor Gurney (1890-1937), qui sombrera dans la folie après avoir été gazé, laissera avec ses « Cinq Préludes » instrumentaux des vignettes d'un tragique qui rappelle Schumann. 

L'hommage peut prendre des accents plus patriotiques. Ainsi André Messager, avec « Pour la Patrie », transfère le vocabulaire du poème « Hymne » de Victor Hugo, écrit en hommage aux victimes des Journées de juillet 1830, au désastre de la Grande guerre. Henry Février (1875-1957) célèbre les valeureux combattants dans le tout aussi solennel « Aux morts pour la patrie !» de Charles Péguy, autre poète mort au front en 1914. Il est cependant un musicien qui, bien des années après, alors qu'un second conflit embrase le monde, lancera comme un appel en faveur de la paix : Paul Hindemith écrit en 1942, sur des poèmes de Rainer Maria Rilke, deux mélodies, dont l'une en français (« Lampe du soir »), d'une stupéfiante sérénité.  

Françoise Masset nous fait découvrir ces pièces combien bouleversantes, de son talent de diseuse, même si marqué par quelque dureté dans le registre forte, ce qui n'est pas aidé par l'acoustique sèche de l'enregistrement. Anne Le Bozec procure un accompagnement évocateur et défend avec un égal bonheur les Préludes instrumentaux de Gurney. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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