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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD: Jean-Guihen Queyras joue les concertos pour violoncelle de CPE Bach

CPE Bach concertos cellos

  • Carl Philipp Emanuel Bach : Concertos pour violoncelle, cordes et basse continue en la mineur, H. 432 & en la majeur, H. 439
  • Symphonie pour cordes, H. 648
  • Jean-Guihen Queyras, violoncelle,
  • Ensemble Resonanz, dir. : Riccardo Minasi
  • 1 CD Harmonia Mundi : HMM 902331 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 53 min 09 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

Au sein de l'œuvre concertante de CPE Bach, le fils cadet du Cantor (1714-1788), les concertos de violoncelle ne passent pas pour les plus connus, en comparaison des nombreuses pièces pour clavier et orchestre. Pourtant, ils méritent plus que le détour, surtout joués avec le flair et la maestria que leur porte Jean-Guihen Queyras. Une symphonie pour cordes complète le programme fort attractif de ce disque.

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Les concertos pour violoncelle, cordes et basse continue appartiennent à la période dite ''berlinoise'' de CPE Bach, alors au service de Frédéric II, grand amateur des arts, de musique en particulier. Membre de l'orchestre de la cour, et se produisant à cet égard régulièrement au château de Sans-Souci, le musicien avait du temps pour se consacrer à des concerts privés et bien sûr pour composer. De cette relative aisance artistique devaient naître de nombreuses œuvres, notamment concertantes, dont ses contemporains louèrent vite le génie novateur. CPE Bach y développe un style nouveau, plus personnel, plus expressif, s'émancipant de la tradition stricte de Jean Sébastien. La composition des concertos de violoncelle se situe entre 1750 et 1753, et montrent la liberté d'écriture aussi bien pour le soliste que pour l'orchestre dans un dialogue d'égal à égal. Le Concerto en la mineur, H. 432, de 1750, en est déjà la patente démonstration. Le premier mouvement allegro assai s'ouvre par une introduction enlevée des cordes, d'une vélocité toute vivaldienne, presque enflammée. L'entrée du soliste marque un contraste inattendu de par le changement apparent de tempo qu'il semble imposer. En fait, la partie soliste se développe sans que le rythme général ne change. Elle tresse une mélodie intense, fort contrastée entre registres grave et aigu, d'un inventif renouvellement, dont le jeu en pizzicatos, et culmine dans une belle cadence. Bel exemple de la manière de l'Empfindsamkeit, ce mouvement qui en musique se traduit par ce qu'on peut appeler le ressenti des sentiments. L'andante développe la ligne expressive du cello avec quelque dramatisation, et est de nouveau bien scandé à l'accompagnement. Le finale renoue avec la vivacité du premier mouvement. Le dialogue soliste-orchestre s'avère riche de tensions : échanges interrogatifs, manière hautement virtuose. Cela virevolte, comme boulé, avec presque une pointe d'humour. Le Concerto en la majeur, H. 439, de 1753, est encore plus achevé. L'allegro initial offre un souverain équilibre entre soliste et cordes dans un discours plus affirmé dans ses audaces stylistiques, oppositions et brusques changements d'humeur. Le violoncelle mène les opérations, les cordes répondant cependant plus qu'en simples accompagnatrices. Le largo maestoso s'épanche douloureusement, d'abord à l'orchestre puis chez le soliste. Qui déploie une sombre plainte, teintée de nostalgie poignante que renforce le recours au registre aigu de l'instrument, en particulier dans la cadence. La tension accumulée se libère au finale à travers une brillante Gigue. Soliste et cordes se répondent là encore avec faconde à travers divers changements de tempos. La palette de Jean-Guihen Queyras est superbe. La générosité expressive et la maîtrise technique comme le souci des accents et des exigences causées par les fréquents écarts dynamiques apportent à ces exécutions une aura de grandeur, loin de toute virtuosité. Ce que parachève une trame orchestrale magistralement troussée, où excellent les cordes de l'Ensemble Resonanz.

Cette formation, forte de quelques 20 musiciens, basée à Hambourg, s'est acquis outre-Rhin une solide réputation. Et l'association avec l'italien Riccardo Minasi produit de remarquables fruits en termes d'articulation et de couleurs. Ils jouent ici sur des instruments montés ''modernes'', sur corde métal. Mais on est proche d'interprétations ''historiquement informées''. Une belle réussite. Qu'on mesure encore dans l'exécution de la Symphonie en sol majeur. Écrite en 1741, CPE s'y essaie au genre, alors nouveau, de la symphonie pour cordes. Avec bonheur car les trois brefs mouvements montrent une sûre habileté d'écriture : un pétillant allegro assai, magistralement articulé par Riccardo Minasi et ses forces, un très court adagio bien chantant avec le contrepoint en pizzicatos des violons II, enfin un allegretto charmant et plein de vie, empruntant la forme d'un menuet. 

La prise de son dans une acoustique légèrement réverbérante, offre une image cohérente, claire et immédiate. Et un équilibre soigné entre soliste et cordes dans les concertos. 

Texte de Jean-Pierre Robert

Disponible sur Amazon en CD ou MP3

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